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Bac Blanquer : bac local, pagaille et injustice nationales

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Un article du groupe thématique Éducation de La France insoumise

L’année est particulièrement éprouvante pour les élèves de Terminale et leurs professeur·es, qui doivent faire face à une réforme du baccalauréat et une gestion de la pandémie qui installent la pagaille et l’injustice.

Le baccalauréat 2021 ne sera plus un diplôme national mais un bac local puisque les évaluations locales, cette année obtenues en contrôle continu, représenteront 40% de la note finale. La valeur du diplôme dépendra donc de la valeur présumée du lycée d’origine. Un bac obtenu à Saint-Denis n’aura pas la même valeur qu’à Neuilly et, dans un contexte où la sélection est devenue la règle, n’ouvrira pas les mêmes perspectives de poursuites d’études dans le supérieur. À cela s’ajoute une gestion irresponsable de la pandémie, qui installe encore davantage l’arbitraire local.

Une gestion catastrophique de la rentrée scolaire

Lors du confinement du printemps dernier, les inégalités scolaires se sont très fortement accrues et la rentrée 2020 aurait dû faire l’objet d’une préparation toute particulière, à la fois pour rattraper le retard pris et pour anticiper l’éventualité de la seconde vague épidémique que nous vivons actuellement.

Dans d’autres pays, les moyens humains et matériels ont été fortement abondés. Dans le nôtre, rien n’a été prévu, ce qui met aujourd’hui les enseignant·es et les élèves dans une situation intenable.

Lors de la rentrée du mois de septembre, les enseignant·es ont retrouvé le chemin de leurs établissements sans qu’aucune mesure conséquente ne soit mise en œuvre pour faire face à la situation sanitaire. La politique du ministère pouvait alors se résumer ainsi : faire exactement comme avant, avec le port du masque en plus ! Celui-ci a été fourni aux enseignant·es, mais laissé à la charge des élèves et de leur famille. Pour le reste, aucun recrutement -2000 postes ont même été supprimés dans l’enseignement secondaire- n’a été prévu afin de pouvoir diminuer le nombre d’élèves par classe. Aucun bâtiment n’a été mis à disposition afin de limiter la promiscuité dans les salles de cours et les réfectoires. Aucun moyen non plus sur le plan pédagogique pour compenser les importants retards accumulés lors du cours du premier confinement.

Une seconde vague et toujours plus d’inégalités

Au cours du mois d’octobre, la seconde vague épidémique, que le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer refusait de voir arriver malgré les nombreuses alertes lancées par les syndicats depuis la rentrée, est devenue une réalité indiscutable. Mais tout occupé qu’il était à nier la réalité des contaminations dans les établissements scolaires, le ministère n’avait mis en place aucun protocole sanitaire digne de ce nom. Au début du mois de novembre, alors que le conseil scientifique considérait qu’il y avait autour de 100 000 nouvelles contaminations au Covid-19 chaque jour en France, avec un fort taux d’incidence pour les 15-18 ans, les lycéens continuaient à s’entasser à 35 dans des salles de cours sans aucune mesure de distanciation sociale, à être les uns sur les autres dans les couloirs de leurs lycées, ainsi qu’au sein des cantines scolaires.

Il aura fallu un mouvement de grève dans les lycées lors de la rentrée du mois de novembre pour que le ministre décide de mettre en place de mesures permettant de rendre compatible la scolarisation en présentiel des élèves et la sécurité sanitaire. Mais alors qu’il aurait fallu des consignes claires et applicables à l’ensemble des lycées, le ministre a décidé de privilégier l’autonomie locale des établissements au détriment de l’égalité entre élèves. Ainsi, les lycées doivent proposer au minimum 50 % d’enseignements en présentiel. Une telle disposition permet à certains lycées de continuer à fonctionner comme d’habitude et de ne pas diminuer le temps de présence des élèves alors que dans d’autres, notamment ceux des quartiers populaires, les élèves ont jusqu’à deux fois moins d’heures de cours, avec parfois des différences selon les disciplines… On assiste donc à l’institutionnalisation d’une inégalité radicale dans les conditions d’études des lycéen·nes, puisque le volume des cours assurés en présentiel varient fortement d’un établissement à l’autre, voire d’un élève à l’autre au sein d’un même établissement ! Nul ne serait capable aujourd’hui de faire un panorama clair de la façon dont les enseignements sont organisés dans les lycées.

À cela s’ajoute des inégalités dans l’équipement informatique des élèves, laissé à la discrétion des régions, alors que le ministère multiplie les expérimentations pédagogiques à distance nécessitant du matériel informatique…

Si un dispositif comme celui des demi-groupes permet souvent de travailler dans des meilleures conditions sanitaires et pédagogiques, et de mieux accompagner les élèves, il ralentit leur rythme de progression et rend plus difficile la réalisation de l’intégralité des programmes. Or, pour l’heure, le ministre se refuse à décaler les dates de son nouveau bac, alors que les épreuves sont censées débuter dès le mois de mars prochain. Il refuse aussi des allégements de programmes nécessaires pour permettre à tous les élèves d’être préparés à leurs examens dans de bonnes conditions. C’est dans ce contexte qu’associations disciplinaires, syndicats d’enseignant·es et de lycéen·nes ont lancé une pétition, qui demande, entre autres, un décalage de toutes les épreuves au mois de juin et une réduction des contenus attendus.

À nouveau, en faisant le choix du local, comme pour son bac, Blanquer augmente les inégalités scolaires et, se soustrayant à ses propres responsabilités, laisse les enseignant·es bien seul·es face aux échéances intenables qui leur sont imposées.

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