Ces dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes pour les françaises et les français. L’atmosphère est morose. Nous devons collectivement nous adapter aux conséquences économiques et sociales du durcissement des mesures sanitaires, dans un contexte anxiogène ravivé par les récents attentats terroristes commis sur notre sol. Difficile de dire combien de temps cette situation va perdurer.
Ce qui est certain, c’est que la gestion de la crise sanitaire par le Gouvernement est toujours aussi calamiteuse. Le manque de clarté, les contradictions et les discriminations entre les catégories de population ou les entreprises, je pense notamment à la fermeture des commerces de proximité, génèrent de la confusion et de grandes tensions. La rentrée scolaire en est une illustration emblématique. Ordres et contre-ordres se sont succédés à une telle allure que les équipes de direction et les personnels scolaires n’ont pas eu les moyens de préparer convenablement l’accueil des élèves ni la mise en place du nouveau protocole sanitaire, par ailleurs inapplicable pour de nombreux établissements.
Le Ministre Jean-Michel Blanquer agit sans concertation avec les acteurs de terrain. Il expose nos enfants et les personnels d’encadrement. Il n’y a pas assez de moyens matériels et humains pour équiper convenablement la population scolaire avec les protections adéquates, ni pour mettre en œuvre les protocoles sanitaires définis. Il faut impérativement fournir des masques de qualité professionnelle en quantité suffisante et garantir le nettoyage et la désinfection de tous les locaux de l’Education Nationale plusieurs fois par jour. Le plan de continuité pédagogique doit être activé, et des locaux réquisitionnés afin de permettre le dédoublement des classes. Les personnels vulnérables ou vivant avec des personnes à risque doivent immédiatement être placés en télétravail. Il faut recruter en urgence les candidats se trouvant sur les listes complémentaires afin de permettre un encadrement suffisant des élèves. Enfin il est impératif de faire preuve de la plus grande transparence concernant les cas de contamination avérés et ne pas hésiter à fermer temporairement des classes en cas d’enseignant·es ou d’élèves signalé·es positif·ves.
La crise sanitaire que nous traversons se couple à une poussée des obscurantismes de toute sorte, qui se sont exprimés de la manière la plus vile lors des récentes attaques terroristes à Paris, Conflens-Sainte-Honorine, Eragny et Nice. Il me semble important de rappeler que nos forces de l’ordre, que je tiens à saluer, déploient tous les moyens qui sont à leur disposition pour répondre à ces menaces et qu’elles sont parvenues à déjouer plusieurs attaques qui étaient en préparation depuis le début de l’année.
Pour faire face à ces nouveaux attentats, l’unité nationale était de mise. Mais l’unité nationale n’a pas valeur d’union politique. L’opposition conserve son droit de critique, c’est son rôle en démocratie. Cette dernière a rapidement été rompue par le Gouvernement qui a stigmatisé ses opposants. Elle a été torpillée par celles et ceux qui ont fait des procès gratuits en “islamo-gauchisme” à la France insoumise et aux universités, sur France inter et d’autres médias, pour avoir participé à une manifestation en 2019, en réaction à un attentat contre une mosquée à Bayonne. Comme si nous étions la seule organisation politique à avoir exprimé notre soutien à la communauté musulmane ce jour-là. Nous avons manifesté aux côtés d’élus et de responsables de mouvements politiques tels que EELV, PCF, Génération.s, etc. Les élus de la France insoumise et tout particulièrement Jean-Luc Mélenchon ont été attaqués de toute part après l’assassinat de Samuel Paty. Les membres du gouvernement, personnalités publiques et médiacrates qui ont orchestré ce nouveau lynchage public se sont comportés de façon totalement irresponsable, en nous désignant à la vindicte populaire. Tous les soi-disants progressistes de la “Gôche bien-pensante” et finalement Macron-compatible se sont cachés sous la table. Une seule femme, Elsa Faucillon, députée PCF, nous a apporté son soutien dès les premiers instants. Puis plus tard Ségolène Royale lui a emboîté le pas. Courage est un mot féminin.
Le procès en “islamo-gauchisme” qui nous est fait est totalement infondé et injuste. Nous sommes parmi les pionniers et les plus fervents défenseurs du principe même de laïcité tel qu’il est énoncé par la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat. Celui-ci repose sur 3 piliers : la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du respect de l’ordre public, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses, et l’égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions. C’est pourquoi nous refusons la stigmatisation d’une communauté entière au motif qu’une extrême minorité de ses membres enfreignent les lois de la République, mais nous n’avons aucune complaisance pour l’islam politique et nous condamnons toutes les violences d’où qu’elles viennent.
Ceux-là même qui nous accusent de faire le terreau de l’islam radical feraient bien de s’interroger sur leurs responsabilité dans la diffusion et l’ancrage de cette idéologie fasciste dans certains territoires désertés par la République. Faut-il rappeler que ce sont les socialistes et l’UMP qui ont cru bon à un moment de s’appuyer sur des organisations wahhabites et salafistes pour lutter contre le djihadisme, plutôt que sur des figures reconnues de l’islam progressiste ? Ce sont ceux qui sont aux manettes depuis des décennies qui se sont régulièrement illustrés par leur attitude complaisante à l’égard des principaux promoteurs de l’islam radical, faisant preuve d’un clientèlisme sans bornes dont nous subirons encore longtemps les conséquences… Nous n’avons jamais pris part à cela, à aucun moment.
Contrairement à ce que suggèrent les calomnies dont nous faisons l’objet, je crois sincèrement que la France Insoumise représente la dernière vigie citoyenne et républicaine face à la montée en puissance des idéologies les plus nauséabondes, face à la rupture du pacte républicain et au risque de glissement vers la guerre civile, ou encore face au rouleau compresseur du dogme néo-libéral qui écrase et asservi les peuples pour le bénéfice immérité d’une poignée de nantis.
Nous avons le devoir de tenir aussi, face aux dérives autoritaires de ce gouvernement qui nous a déjà fait basculer dans l’ère post-démocratique. C’est la seconde fois en moins d’un an que d’importantes atteintes aux libertés fondamentales sont mises en place, au motif de vouloir juguler l’épidémie de la COVID19. Des mesures d’exception dont certaines pourraient, comme cela est déjà arrivé, entrer dans le droit commun, sans contrôle du Parlement.
Actuellement toutes les décisions relatives à la gestion de la crise sanitaire sont prises dans le cadre du conseil de défense, qui se compose du Président de la République, des chefs d’armée et du renseignement et de quelques ministres choisis par le Président. Le contenu des échanges qui se déroulent au sein de ce conseil de défense sont tenus secrets. Même le conseil des ministres est tenu à l’écart de ce qui se joue dans cette instance. Nous assistons à la mise en place d’un régime autoritaire d’un nouveau genre. Le Président gouverne désormais seul, assisté par quelques personnalités choisies, sans aucun contrôle démocratique.
Le Parlement, dont la fonction était déjà presque réduite à celle d’une simple chambre d’enregistrement pour les décisions du Président, n’a plus aucun pouvoir. En témoigne ce qu’il s’est produit le mardi 3 novembre. Dans le cadre de l’étude du projet de loi autorisant la prorogation de l’état d’urgence sanitaire et portant diverses mesures de gestion de la crise sanitaire, deux amendements ont été votés, contre l’avis du Gouvernement. Le premier visait à mettre fin à l’état d’urgence sanitaire le 14 décembre, l’autre prévoyait que le confinement décrété par l’exécutif à partir du 30 octobre ne puisse être renouvelé au-delà du 30 novembre qu’après accord du Parlement. Qu’importe, les députés de la majorité ont rétabli la date de fin de l’état d’urgence sanitaire au 16 février dès le lendemain, méprisant le vote de la veille.
Le projet de loi sécurité globale qui arrive au Parlement suscite lui aussi de vives inquiétudes parmi les défenseurs des libertés publiques et de la lutte contre les abus de pouvoir. Il prévoit notamment d’interdire la diffusion d’images et de vidéos des forces de l’ordre. Les contrevenants pourront être punis de peines allant jusqu’à un an de prison et 45.000 euros d’amende. Sous prétexte de protéger nos forces de l’ordre de toute atteinte à leur intégrité physique ou psychique, ce qui est naturellement souhaitable, le texte soumis au Parlement par le Gouvernement pourrait avoir pour effet de couvrir les abus commis ponctuellement par certains dépositaires de l’autorité publique, par exemple lors de manifestations pour la défense de l’environnement ou les droits sociaux.
L’assouplissement des gardes-fou et des diverses mesures de contrôle prévues par la loi pour limiter les dérives semble être l’une des constantes de ce Gouvernement. La loi d’accélération et de simplification de l’action publique, dite loi ASAP, votée récemment, prévoit entre autres choses la possibilité pour des porteurs de projets d’exécuter certains travaux avant la délivrance de l’autorisation environnementale. Elle rend aussi la consultation du conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques facultative pour la réalisation de certains actes administratifs requis pour les installations classées pour la protection de l’environnement relevant du régime de l’enregistrement ou de la déclaration. Elle réduit également le champ d’application des enquêtes publiques. Cette cascade de mesures libérales vise à faire toujours plus vite et moins cher, au dépend de la justice sociale et environnementale. Elle s’accompagne de nouvelles mesures de casse du service public, comme la privatisation des recrutements à l’Office National des Forêts ou encore l’incitation à l’intéressement.
Pour terminer, je souhaiterais évoquer l’actualité internationale et en particulier les élections américaines. Nos voisins d’outre-atlantique nous offrent tous les quatre ans un feuilleton digne des séries célèbres qui occupent encore aujourd’hui une partie de la population les dimanches après-midi… Sur le ring cette année, le président sortant : l’indomptable Donald Trump, sketch ambulant et permanent, xénophobe impulsif et insolent, qui après avoir fait son nid dans les rancoeurs et le désespoir d’une partie des classes populaires américaines, était devenu le chef suprême de la plus grande puissance mondiale. Face à lui, le dauphin de la prétendue “gauche” américaine, Joe Biden, digne représentant de l’establishment démocrate américain. Le peuple américain avait à choisir entre deux personnalités que tout oppose à priori, mais qui ont tout de même en commun le fait d’être toutes deux à des années lumières des préoccupations quotidiennes de la majeure partie de leur population. Décidément c’est une bien triste période pour la démocratie, mais nous avons toutefois évité le pire : la réélection de Donald Trump.
Pour la France en tant que nation et pour l’Union Européenne, la victoire de M. Biden apportera un apaisement des relations diplomatiques, et des perspectives de collaboration nettement plus réjouissantes, notamment en ce qui concerne les politiques de lutte contre le réchauffement climatique ou la résolution du conflit avec l’Iran. Mais pour l’humaniste progressiste que je suis, il est clair que sa victoire n’amènera aucune rupture majeure susceptible de bouleverser l’ordo-libéralisme actuel. M. Biden, ce n’est pas Bernie Sanders, loin s’en faut. Nos amis américains devront encore patienter au moins 4 ans avant d’espérer pouvoir savourer l’aube d’une rupture sociale, écologique et démocratique.
Quant à nous ici, nous aurons la possibilité de choisir cette rupture grâce à la très bonne nouvelle de la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour la Présidentielle 2022, qui ravive l’espoir. Mais il a posé une condition : que 150.000 citoyennes et citoyens avalisent cette candidature. Vous pouvez le faire au travers du site https://noussommespour.fr/. Beaucoup de travail nous attend encore, pour parvenir à infléchir la courbe dangereuse sur laquelle nous engage l’actuel Gouvernement, dans la continuité des précédents. Les prochaines échéances électorales locales pourraient constituer un marchepied vers cette présidentielle de 2022, et la stratégie de la fédération populaire que nous avons lancée préfigurer la révolution citoyenne que nous appelons de nos vœux. Mais pour y parvenir, chaque femme, chaque homme, animé par le désir humaniste de contribuer à l’avènement d’une société plus juste et solidaire, qui s’épanouit en harmonie avec la nature et le vivant, doit poser sa pierre à l’édifice et s’engager au sein de cette fédération populaire. Je continuerai à faire ma part jusqu’à la victoire finale, au service des ariégeois·es et du peuple de France, en y investissant toute mon énergie et ma conviction.