Un article du groupe thématique Pauvreté de La France insoumise
« Le 17 octobre 1987, des défenseurs des droits de l’homme et du citoyen de tous pays se sont rassemblés sur ce parvis. Ils ont rendu hommage aux victimes de la faim, de l’ignorance et de la violence. Ils ont affirmé leur conviction que la misère n’est pas fatale. Ils ont proclamé leur solidarité avec ceux qui luttent à travers le monde pour la détruire. Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré ». Ces phrases de Joseph Wresinski gravées sur la dalle du Trocadéro à Paris en 1987 sont le socle de la célébration de la journée mondiale du refus de la misère le 17 octobre. Dès 1992, l’ONU l’a reconnue et relayée au niveau international.
En France, en dépit des déclarations invocatoires des dirigeants pour mettre fin à la pauvreté, l’État ne met pas tout en place pour l’abolition de la misère. Alors que les prévisions du sacro-saint PIB sont mises à jour plusieurs fois par an, il faut attendre deux ans pour avoir les chiffres de la pauvreté ! La France comptait ainsi 9,3 millions de pauvres en 2018 selon la statistique nationale (Insee), soit 400 000 de plus qu’en 2017, ce qui représente 14,8 % de la population française. Et encore, la statistique nationale ne comptabilise que les ménages qui déclarent leurs revenus en France métropolitaine. 1 million de personnes supplémentaires viendraient accroître ces données selon le Centre d’observation de la société : étudiant·es, personnes âgées, immigré·es, gens du voyage, habitant·es des Outre-mer ou tout simplement sans domicile.
Macron ne fait rien, la situation s’aggrave
Les gouvernements Macron successifs ne mettent rien en œuvre pour enrayer le développement la misère grandissante qu’ils génèrent par leurs politiques en faveur des plus riches de ce pays. En déclarant la guerre au supposé assistanat dans lequel les pauvres de ce pays se complairaient, ils les rendent responsables et coupables de leur propre situation. Baisse des APL, limitation voire suppression des droits des personnes privées d’emploi… les publics les plus frappés par la misère sont ceux auxquels Macron ne laisse aucune chance. Un tiers des familles monoparentales, des étudiant·es et des personnes privées d’emploi sont déjà pauvres en France.
La crise actuelle du Covid-19 et les mesures prises par le gouvernement aggravent encore la situation des plus pauvres et des plus précaires : pas question de taxer les 10 % plus riches qui ont pu épargner plus de la moitié des 46 milliards d’euros d’épargne du confinement, quand les 20 % les plus pauvres ont à l’opposé dû puiser dans leurs épargnes. Au contraire, la crise est l’occasion pour le gouvernement d’accélérer sa politique en faveur des entreprises et de la libéralisation de l’économie en diminuant la fiscalité de la production et les taxes du capital au détriment du patrimoine des gens qui n’en ont pas : la Sécurité sociale qui connaît des déficits jamais atteints.
Devant l’aberration et la déconnexion du gouvernement, ce sont heureusement les solidarités humaines qui se mettent en œuvre comme l’a démontré la mobilisation citoyenne, dans nos quartiers, pour organiser et maintenir une aide alimentaire d’urgence pour les plus fragiles et modestes. Pour preuve de la terrible grande pauvreté dans notre pays, les agent·es de la ville de Paris ont comptabilisé plus de 3 500 personnes vivant dans la rue dès janvier 2020 et non une cinquantaine comme l’affirmait Julien Denormandie, secrétaire d’État auprès du ministre de la cohésion des territoires en 2018, promu ministre chargé de la ville et du logement la même année ! Ce n’est pas avec ce personnage, désormais ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, que les problèmes de la malnutrition et de la pauvreté dans les campagnes seront pris à bras le corps.
Pour une France plus juste et égalitaire
C’est pourquoi il serait inutile d’interpeller le gouvernement sur des sujets qu’il ne maîtrise pas ou ne veut pas voir. Nous nous en remettons donc à vous, citoyennes et citoyens de ce pays pour changer durablement les choses. Éradiquer la pauvreté et la misère est possible. Dans l’esprit de la Journée mondiale du refus de la misère, La France insoumise parle avant tout avec et pour toutes les personnes exclues des parcours de décisions qui pourtant les concernent au premier plan. Loin de refuser de voir nos pauvres, ce sont elles et eux qui nous donnent le courage de continuer nos actions pour une France plus juste, plus égalitaire. Dans cette France que l’on appelle de nos vœux et de nos luttes, personne ne vivrait avec moins de 1 000 € par mois, jeunes de moins de 25 ans compris car la pauvreté n’a pas d’âge. Nous souhaitons la gratuité des premiers m³ d’eau indispensables à la vie, à un logement digne accessible pour l’ensemble de la population, et la fourniture de gaz et d’électricité indispensables à une vie décente. D’une instruction réellement gratuite pour toutes et tous de la maternelle à l’université, repas y compris. Nous voulons la mise en place d’une garantie d’emploi afin que tout un chacun·e puisse se sentir digne et trouver sa place dans notre patrie républicaine.
Ces décisions peuvent être prises par un gouvernement responsable de chacun·e de ses concitoyen·nes. La France n’a jamais été aussi riche, et une meilleure répartition de ses richesses permettrait à chacun·e de vivre dignement, d’accéder au bonheur. La pauvreté est un fardeau économique mais surtout une catastrophe humanitaire qui coûte à la société chaque année en frais médicaux, en exclusion de main-d’œuvre, en déficit d’instruction, en luttes sociales… en morts sur nos trottoirs. Cela suffit ! Voyons enfin la lutte contre la pauvreté comme elle est : une chance de pouvoir utiliser tous les atouts de nos concitoyens et concitoyennes pour une société apaisée, et construire ensemble les jours heureux auxquels chacun·e doit pouvoir prétendre !
Pour aller plus loin :
- Je consulte le livret « Éradiquer la pauvreté »