M. Michel Larive attire l’attention de Mme la ministre de la culture sur la menace qui pèse sur l’avenir du patrimoine français.
La crise sanitaire qu’a traversée le pays a accéléré le délaissement et le dépérissement des édifices remarquables et autres monuments qui constituent le maillage culturel et mémoriel des territoires. Dans le même temps, le spectre de la récession inquiète les professionnels et les acteurs du secteur. Une profession comme celle des guide-conférenciers pâtit encore aujourd’hui des conséquences économiques de l’arrêt de leur activité et de la réaction tardive du ministère de la culture.
Face à une forme de darwinisme économique qui ne dit pas son nom, menaçant des sites historiques et archéologiques faisant partie intégrante du patrimoine de l’Humanité, il y a urgence à agir. La restauration du patrimoine pourrait être un formidable levier stratégique pour œuvrer à la construction d’une économie du temps long. Le patrimoine est vecteur de sens, de lien social et de développement économique bien compris, c’est-à-dire pleinement associé avec l’impératif écologique. Cela représente autant d’emplois non délocalisables et immédiatement favorables à l’économie locale. À ce titre, la restauration du patrimoine réconcilie les exigences culturelle, esthétique, économique et écologique.
Mais le gouvernement semble en avoir décidé autrement, puisqu’il priorise, dans son plan de relance, les dépenses de fonctionnement sur les dépenses d’investissement. Si les 600 millions d’euros alloués au patrimoine permettront d’opérer un relatif rattrapage en matière d’entretien de monuments ayant souffert ces derniers mois, les sommes évoquées se révèlent bien insuffisantes pour ambitionner un plan de restauration du patrimoine digne de ce nom. En outre, ces fonds risquent d’être captés par les grands opérateurs du ministère de la culture et par les attractions touristiques de masse, qui accaparent l’essentiel des budgets. Le patrimoine reste donc prisonnier d’une logique comptable et financière.
M. le député rappelle que, depuis 2009, le budget qui est consacré au patrimoine architectural et aux monuments historiques a été amputé de 25 %, passant de 440 à 332 millions d’euros. Il est grand temps de prendre en charge le patrimoine commun, tisseur de liens entre individus et générations et générateur d’Histoire. Parce que la restauration du patrimoine local est une mission essentielle qui concourt au bien commun, il lui demande quand l’État va enfin mettre fin à son propre désengagement.