Ce fut une rentrée politique particulièrement chargée à l’Assemblée Nationale, réunie en session extraordinaire à la demande du gouvernement. La ministre Frédérique Vidal a organisé un passage en force de sa « loi de programmation pluriannuelle de la recherche » qui consacre la privatisation de la recherche publique, pendant que l’attention des enseignants et des chercheurs est retenue par les sujets sanitaires. Alors, avec mes collègues du groupe parlementaire La France insoumise, nous avons mené une bataille politique et législative dans l’hémicycle, pour nous opposer à ce projet destructeur pour la recherche.
Rappelons d’abord que l’examen du projet de loi avait été reporté du fait de la crise sanitaire et de la contestation du monde de la recherche. Mais aujourd’hui, la loi est sensiblement la même qu’en décembre dernier. Aucune leçon n’a donc été tirée de la part du gouvernement. La crise sanitaire avait pourtant démontré la nécessité d’investir massivement dans la recherche, afin qu’elle soit réellement libérée des impératifs de rentabilité et qu’elle puisse servir, entre autres, la nécessaire transition écologique de nos sociétés.
Or, le texte que nous avons examiné s’attèle à précariser encore d’avantage les chercheur·ses, notamment à travers le développement du recrutement contractuel. C’est aussi le choix politique de favoriser les recherches de court terme, censées être rentables, plutôt que la recherche fondamentale. Loin des promesses en trompe l’œil de la ministre Frédérique Vidal, il n’y a, en outre, toujours pas de financement pérenne de la recherche. Le budget pour la recherche publique augmentera d’à peine 400 millions d’euros en 2021, une hausse qui n’a rien d’exceptionnelle quand on la compare à l’augmentation de 300 millions d’euros en 2019 du « crédit impôt recherche » (CIR) destiné aux grandes entreprises. L’objectif minimal de consacrer 1% du PIB à la recherche publique ne sera même pas atteint avec de telles projections. Parmi les grands acteurs mondiaux de la recherche, la France restera donc le seul pays dont l’effort de recherche n’a pas progressé depuis 20 ans.
Les discussions sur ce texte sont toutefois l’occasion de proposer des alternatives concrètes aux politiques libérales à l’œuvre dans la recherche publique et dans l’enseignement supérieur. Il y a urgence à élaborer un tout autre mode de financement de la recherche, afin d’endiguer le décrochage de la recherche scientifique française. Nous demandons notamment un doublement du budget de la recherche sur les 5 années à venir, ainsi qu’un plan de titularisation des personnels les plus précaires.
A l’actualité de cette rentrée parlementaire s’ajoute celle de la rentrée scolaire et universitaire, qui s’est déroulée sous haute tension sur l’ensemble du territoire national. De l’Île-de-France à Villefranche-de-Lauragais, des élèves se sont retrouvés sans affectation, en raison de classes surchargées. En Ariège, une école primaire comme celle de Betchat se retrouve avec une classe unique à 34 enfants, alors que nos territoires ont plus que jamais besoin de postes et de moyens en plus pour aider les décrocheurs du confinement. En dépit des difficultés évidentes qui s’annonçaient pour cette rentrée si particulière, l’improvisation a donc tenu lieu de stratégie gouvernementale pour cette deuxième rentrée sous Covid. Une situation qui entraîne son lot de conséquences désastreuses : faute de moyens humains supplémentaires, le protocole sanitaire est rendu inapplicable, les conditions d’étude incertaines et des établissements ferment. Cette impréparation confirme la justesse de notre diagnostic politique. Le gouvernement est bien incapable de faire face à l’urgence sanitaire et manque au devoir de protection des populations.
Enfin, je terminerai cet édito en vous invitant à vous associer à la démarche citoyenne que j’entreprends aujourd’hui. Lorsque j’ai présenté ma candidature aux élections législatives en 2017, je vous avais annoncé que si j’étais élu, je lancerais, au cours de mon mandat des états généraux de l’Ariège. C’est désormais chose faite : le 29 septembre à Mirepoix a eu lieu une première réunion publique participative sur le thème “Cohésion sociale, culture et solidarités”, organisée à mon initiative. Des citoyennes et des citoyens de tout horizon ont apporté des contributions très intéressantes lors des discussions et des différentes tables rondes organisées dans la journée. Ainsi, je vous invite dès maintenant à venir contribuer et participer aux prochaines réunions publiques, et notamment à celle qui aura lieu à Prat-Bonrepaux le samedi 24 octobre, sur le thème économie et emploi !