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L’eau et son assainissement, notre défi commun !

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Cette résolution, rédigée par Jean-Luc Mélenchon, a été mise à disposition des insoumis·es et adoptée dans le cadre de l’ Assemblée représentative 2020. Son contenu a donné lieu à plusieurs travaux. Un retour sur ces réflexions est prévu lors des AMFiS 2020.

L’accès à l’eau et à son assainissement est le défi de notre siècle. Avec l’air, il n’existe pas d’élément naturel plus nécessaire à toute vie. Après deux ou trois jours sans boire d’eau douce, tout être humain meurt. Nous utilisons l’eau pour nous nourrir, pour notre hygiène et notre salubrité publique ainsi que pour toutes nos productions. Sans eau, il n’y a pas d’économie, pas de développement, pas de société, pas d’êtres humains, pas d’écosystème. Et pourtant, l’eau est asservie aujourd’hui par une gestion destructrice. C’est le bilan de la mise en œuvre de politiques fondées sur les principes de la marchandisation, de la globalisation financière, du productivisme et du consumérisme. En Australie, aux Etats-Unis et parmi les décideurs européens, les libéraux s’attellent à monétiser les services gratuits que l’eau rend à la Terre. Ils veulent même imposer un marché financier de l’eau, où les litres d’eau s’échangent en bourse, générant rareté, spéculation et pauvreté.

L’eau, ce trésor au centre de toutes nos existences, s’épuise. L’accès à l’eau et à son assainissement, défini par les conditions sociales et écologiques de cet usage, est devenu le problème numéro un de l’Humanité.

Dans le monde, 2,2 milliards de personnes ne disposent pas de services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité, 4,2 milliards sont privés de services d’assainissement hygiéniques et 3 milliards ne possèdent même pas d’installations de base pour se laver les mains. En France, 300 000 personnes n’ont pas l’eau courante tandis que 2 millions sont dans de grandes difficultés pour payer leurs factures et maintenir l’accès à l’eau salubre et propre. Nos compatriotes des départements et régions d’outre-mer souffrent de politiques qui les maintiennent dans la pénurie, au mépris des principes républicains. À Mayotte ou en Guyane, un.e français.e sur cinq ne dispose pas de l’eau à domicile ou d’un point d’eau potable à proximité. En Martinique et en Guadeloupe, les installations sont si vétustes que plus de 50% de l’eau part dans les fuites et qu’en bien des endroits l‘eau est polluée.

L’eau et son assainissement est un droit inaliénable. Personne ne doit en être privé. Parce que personne ne peut s’en passer. La France insoumise défend l’inscription du droit à l’eau et à l’assainissement dans la Constitution. En conséquence, chaque foyer doit disposer de l’eau au robinet et d’infrastructures d’assainissement sûres, écartant tout risque sanitaire et toute pollution de l’environnement. La présence, en quantité suffisante, de points et fontaines gratuits d’eau potable dans l’espace public, pour boire et se laver dans les villes et villages, doit être rendue obligatoire. Il est nécessaire d’instaurer la gratuité des compteurs et des mètres cubes d’eau vitaux, indispensables à la boisson et à l’hygiène. En conséquence, les entreprises privées ou opérateurs publics qui ne respectent pas ou contournent l’interdiction de couper l’eau doivent être pourchassés et sévèrement punis.

Le changement climatique bouleverse les équilibres aquatiques. Dans un avenir très proche, les situations de pénuries d’eau s’accentueront. Les Nations Unies nous disent que 4 milliards de personnes vivront dans des régions en manque d’eau en 2030. En Europe, 30% de la population vivra dans des régions où l’eau sera rare toute l’année et 45% l’été. En France, nous constatons déjà une augmentation de la fréquence et de l’intensité des sécheresses et la baisse des réserves en eau. En 2019, le déficit de pluies à atteint 20%. 142 arrêtés de restrictions ont été prononcés dans 73 départements. D’un autre côté, l’intensification des fortes précipitations, dues au changement climatique, accentuera les inondations extrêmes, renforcées par l’imperméabilisation des sols toujours plus poussée et les nombreuses constructions le long des cours d’eau. Malgré ces alertes, nous traitons toujours l’eau comme une marchandise banale. Au contraire, nous devons la penser de manière unifiée, depuis l’eau des glaciers jusqu’à l’évaporation en mer en passant par l’évaporation des végétaux qui nous entourent, en prenant en compte l’ensemble des activités humaines qui interagissent et bouleversent son cycle.

L’eau et son assainissement est un bien commun. Elle est vitale et trop précieuse. Trop précieuse pour être confiée à des multinationales plus soucieuses du niveau de leurs dividendes que des équilibres écologiques. La France insoumise défend, comme des associations, des syndicats représentatifs des agents et des ONG, le principe d’une co-gestion publique et citoyenne de l’eau à l’échelle locale, gérée par les élu.es, les technicien.nes et les usager​.es. La gestion publique est déjà dominante : elle compte environ 21 100 régies publiques d’eau potable et d’assainissement des eaux usées contre 7200 contrats délégués au privé. Nous devons favoriser et accompagner le mouvement de retour en gestion publique et mettre fin aux contrats privés en respectant les acquis des salarié.es. Il faut également cesser d’autoriser des entreprises privées à pomper et polluer des nappes phréatiques aux dépens des riverains. Ainsi les captages destinés à fabriquer de l’eau en bouteilles et autres sodas devront être restreints. Le retour dans le giron public de l’eau doit permettre d’engager un plan sérieux de rénovation du réseau de distribution. Aujourd’hui un litre sur cinq est perdu en chemin. Cela doit conduire à établir une tarification basée sur l’intérêt général. Cela implique un renchérissement pour les mésusages, comme l’arrosage intensif et le remplissage des piscines. Des tarifs différents doivent exister pour l’eau utilisée en cuisine et à la salle de bain et pour l’eau utilisée pour l’agriculture ou l’industrie. La différence des tarifs, due en raison de conditions géographiques variées, doit conduire à un système de péréquation nationale.

La qualité de l’eau est essentielle. Il faut la protéger. Ou la rétablir. La moitié de nos cours d’eau est polluée à cause des pesticides ou des rejets chimiques. La législation européenne, en cours de modification, s’accommode d’une hausse des taux de perturbateurs endocriniens dans l’eau potable. C’est une grave menace que nous devons prendre au sérieux. Conserver dans l’avenir un accès à une eau salubre dépend de notre capacité à instaurer une relation d’harmonie avec la biosphère. La règle verte s’applique avant tout pour l’eau. Ne jamais prélever davantage d’eau que nous ne sommes capables d’en restituer en bon état bactériologique et chimique à la nature. Nous devons accomplir la transition agricole pour sortir de l’agriculture chimique et productiviste. L’usage de pesticides doit être proscrit autour de tous les cours d’eau, points d’eau, nappes phréatiques et zones de captages. L’agro-écologie, respectueuse de la ressource en eau, doit devenir la base de nos pratiques agricoles.

L’eau n’appartient à personne, elle est l’affaire de tou·tes. Les insoumis​.es défendent la création d’un service public de l’eau unifié par une fonction publique commune (eau potable, assainissement, milieux aquatiques, navigation…). Ce service sera planificateur, il assurera une coordination technique et une péréquation financière nationale, tout en garantissant une gestion publique et citoyenne démocratique et décentralisée à chaque niveau (bassins et communes). Sa première mission sera de veiller au respect des équilibres du cycle de l’eau et à sa protection des pollutions. De plus en plus, la défense de l’eau, en tant que bien commun, fait l’objet de mobilisations populaires à travers le monde. Depuis l’adoption en juillet 2010 par l’ONU d’une résolution proposée par la Bolivie en faveur du droit à l’eau et à l’assainissement de qualité, d’amples luttes ont participé des révolutions citoyennes qui ont éclaté au Chili ou en Irak en 2019. Cette question a aussi fait l’objet de grands mouvements en Europe : en Italie en 2011 ou en Irlande en 2014. Le peuple a une place centrale dans la bataille pour l’eau. Il sera le cœur battant du service public de l’eau.

L’eau est le grand défi commun de l’Humanité. Pour les insoumis​.es, elle est à la fois le symbole et le cœur de son combat pour la République écologique et sociale. L’Assemblée Représentative du mouvement insoumis fait de la lutte pour l’eau l’emblème de son engagement pour la sauvegarde de la biosphère indispensable à toute forme de vie.

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