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Traitement de faveur pour les racistes de Génération Identitaire ? j’interpelle Nicole Belloubet

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Le 13 juin, alors que le comité Adama appelait à un rassemblement place de la République à Paris contre les violences policières et le racisme, des membres du groupuscule d’extrême-droite Génération Identitaire déployaient une banderole haineuse sur le toit d’un immeuble attenant à la place. La police a arrêté douze d’entre eux, avant de les relâcher sans garde à vue ni poursuite judiciaire. Une telle clémence à l’égard de membres d’un groupe raciste bien connu interroge. Si on la compare avec la répression impitoyable qui a frappé le mouvement des Gilets Jaunes, elle ressemble à un traitement de faveur. J’interpelle la ministre de la justice Nicole Belloubet.

Monsieur le député Bastien interroge Madame la Garde des Sceaux, Ministre de la justice, sur les circonstances de l’interpellation et de la remise en liberté sans suites judiciaires des militants du mouvement d’extrême-droite « Génération Identitaire », appréhendés Place de la République à Paris, ce samedi 13 juin 2020.

Le groupe « Génération identitaire » est depuis longtemps connu des chercheurs et des autorités pour ses positions qui l’apparentent à la frange la plus radicale de l’extrême-droite, professant une idéologie ouvertement xénophobe, raciste et homophobe. Les actions du groupe représentent une menace pour l’ordre public d’une gravité suffisante pour que le gouvernement ait annoncé, en avril 2019, son intention d’étudier les moyens de prononcer sa dissolution – finalement abandonnée. Il s’est fait connaître du grand public pour ses actions coup de poing souvent violentes et fortement médiatisées, à l’image de l’occupation du toit du bâtiment de la caisse d’allocations familiales (CAF) de la Seine-Saint-Denis en avril 2019, du blocage du col de l’échelle (Alpes) en avril 2018, qui a valu à trois responsables du groupe une condamnation à six mois de prison ferme, ou de l’invasion des locaux de l’association SOS méditerranée en octobre 2018, qui s’est soldée par la mise en examen de 22 personnes pour violences en réunion, séquestration, participation à un groupement en vue de commettre des violences et enregistrement et diffusion d’images de violence.

Le samedi 13 juin 2020 dans l’après-midi, une douzaine de membres de « Génération Identitaire » a saisi l’occasion de la manifestation antiraciste qui s’est déroulée Place de la République à Paris pour déployer sur le toit d’un immeuble surplombant la place une banderole où figurait l’inscription : « Justice pour les victimes du racisme anti-blanc. White lives matter ». Après être restés sur le toit en question pendant plusieurs dizaines de minutes, les personnes impliquées – neuf membres du groupe au moins, à en juger des photographies que ces individus ont eux-mêmes publiées sur les réseaux sociaux ; douze selon la préfecture de police de Paris –  ont été appréhendées par les forces de police.

Des questions entourent cependant les circonstances de cette interpellation et de son absence de suite. Le caractère tardif de l’intervention des forces de police interroge : les individus en question ont pu pénétrer sur la Place de la République, s’introduire dans un immeuble et déployer une banderole sans être identifiés ou empêchés par les forces de police, qui ne sont intervenues que tardivement, après que des personnes privées aient elles-mêmes démantelé la banderole. Surtout, les suites de l’interpellation – ou plutôt son absence de suites – suscitent des interrogations légitimes : en effet, le parquet de Paris a indiqué que les membres de « Génération identitaire » n’avaient pas été placés en garde à vue et qu’aucune suite judiciaire n’avait été donné.

Ces faits posent la question du dispositif de sécurité et de la capacité – ou de la volonté – des forces de police à intervenir. Ils posent surtout la question de la réponse judiciaire à une action illicite menée par un groupuscule d’extrême-droite connu pour son implication dans la propagation de la parole raciste. Les actes commis par les membres de « Génération Identitaire » semblent relever de plusieurs qualifications pour des poursuites : « trouble à l’ordre public », « incitation à la haine raciale », voire « apologie de crime contre l’humanité » si l’on en juge des images montrant au moins l’une des personnes impliquées qui effectuerait un salut nazi. L’on ne peut que s’étonner que ces faits aussi graves, commis par un groupe d’extrême-droite dont le gouvernement lui-même envisageait il y a un an la dissolution, ne donnent lieu à aucune poursuite.

L’absence de garde à vue et de suites judiciaires contre les membres du groupe d’extrême-droite interroge d’autant plus au regard de la fermeté dont les autorités ont fait la preuve à l’égard de manifestation d’une autre nature : un bilan provisoire établi en novembre 2019 établissait que plus de 10 000 gardes à vue avaient été prononcées contre des personnes impliquées dans les manifestations liées au mouvement dit des « Gilets jaunes », plus de 5000 ayant donné lieu à des poursuites judiciaires. Des personnes chez qui des fouilles préalables avaient attesté la présence d’un simple gilet jaune ou de lunettes de plongée visant à la protection du visage et des yeux ont parfois été placées en garde à vue à titre préventif et poursuivies au motif de la participation à un groupement, en vue de la préparation de violences volontaires, sans qu’aucun fait avéré n’ait corroboré l’intention supposée. Une telle différence de traitement ne peut que susciter des interrogations légitimes, et risque d’éveiller chez nos concitoyens l’impression fâcheuse d’un double standard, tendant à discréditer les forces de police et l’institution judiciaire.

C’est pourquoi M. Bastien Lachaud souhaite apprendre de Madame la Ministre les circonstances exactes qui ont entouré l’interpellation des membres de « Génération Identitaire » et les motifs qui ont conduit à leur remise en liberté sans garde à vue ni suite judiciaire.

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