L’intervention du chef de l’Etat à l’issue de sa réunion avec des personnalités du secteur culturel était très attendue. Son discours relevait de l’improvisation totale, mais sans le talent artistique. L’amateurisme dont il a fait preuve et sa méconnaissance du sujet ne sont pas de nature à rassurer les professionnels du monde de la culture.
Les artistes-auteurs•rices, notamment, sont artificiellement exclu•es du dispositif transversal. Ils•elles sont soumis•es à des décisions et arbitrages inadaptés à leur secteur professionnel, et à des parcours opaques, incompréhensibles auprès d’organismes le plus souvent privés.
La notion de service public est totalement absente de son discours. Aucune revalorisation des budgets de la culture, pourtant si demandée et nécessaire, ne semble à l’ordre du jour. Le “plan de commande publique” annoncé semble relégué au secteur privé et marchand, à commencer par les banques et les assurances, dont on voit pourtant mal comment l’émancipation culturelle de la population, pourrait être l’une des priorités.
L’ignorance des réalités vécues par les acteurs•rices du monde de la culture ne justifie aucunement le profond mépris qui transparaît du discours du Président à leur égard. Au détour des nombreuses “réflexions” auxquelles il nous a invité, et de tout ce qu’il reste à “inventer” selon lui, le chef de l’État a laissé entendre que les indemnités des intermittent•es du spectacle seraient prolongées jusqu’à fin août 2021. C’est le seul point positif arraché par la mobilisation. C’est maigre, cela ne concerne pas tous les intermittent•es et il faudra en vérifier l’application concrète, l’idée de contreparties éducatives ne pouvant notamment pas être obligatoires.
En reléguant les artistes au rôle d’éducateurs•rices ou de médiateurs•rices sociaux•les, le Président fait preuve de dénigrement tant à leur égard que vis à vis de celles et ceux qui exercent vraiment les métiers liés à l’éducation. Il semble penser que les artistes-auteur•rices devraient se trouver “un vrai métier”, celui d’animateur•rices.
En définitive, le Président est resté extrêmement vague concernant la nature exacte des mesures qu’il compte prendre. La culture n’est pas un simple divertissement. Elle constitue le ferment nécessaire pour imaginer le monde de demain. Il est du devoir de l’État de préserver et de développer l’offre culturelle dans notre pays. Cela passe nécessairement par un soutien accru aux créateurs•rices, sans lesquels aucune œuvre ne saurait exister. Le gouvernement doit prendre la mesure de la gravité de la situation des acteurs culturels et leur donner les moyens de survivre à la crise.
Michel LARIVE et le groupe thématique culture de LFI