Jean Pierre Farandou, PDG de la SNCF, a annoncé le 2 mai un manque à gagner de 2 milliards d’euros dû à la crise du coronavirus. Concernant une éventuelle aide de l’État, le gouvernement s’est montré étrangement frileux à afficher un chiffre, là où pourtant le chèque en blanc de 7 milliards signé à Air France ne semblait pas poser de problème.
La SNCF est une entreprise stratégique et indispensable aux français.
De ce fait il faut la nationaliser et en faire (à nouveau!) une entreprise unique qui gère le réseau, le transport fret et le transport voyageurs, contrairement aux mesures qui sont prises depuis 30 ans et qui n’ont pas fourni le moindre effet positif.
Les gouvernements successifs, guidés par la commission européenne, ont désintégré le système public du rail en séparant d’abord institutionnellement les fonctions d’entretien du réseau et de fourniture des services ferroviaires, puis en séparant physiquement dans des sociétés différentes les diverses activités de services.
Et cela accroît considérablement les coûts du système ferroviaire par les coûts de transaction entre ces structures, chiffrés à environ 1,5 milliard d’euros chaque année ! Par ailleurs cela freine son développement, obère sa qualité et rend la gestion du transport ferroviaire tributaire d’objectifs uniquement comptables et financiers.
Au regard de la crise que nous traversons il est urgent de défaire cette logique pour rétablir une entreprise intégrée avec un monopole public : les seules économies générées par la suppression de ces coûts de transaction (flux financiers virtuels) remettraient l’entreprise sur de bons rails.
Il en va de l’intérêt général et du bon sens !
De la même façon le postulat libéral anti-écologique selon lequel le transport des marchandises ne saurait relever du service public conduit à remettre des décisions politiques aux « forces du marché ». Or, les conséquences en terme de pollution de l’air de la circulation massive par la route des marchandises n’est plus soutenable.
Avec 48 000 décès prématurés du fait de cette pollution il n’est pas admissible de laisser les chargeurs décider de l’environnement dans lequel les populations ont le droit de vivre, et surtout de mourir. La suppression du Perpignan-Rungis est le dernier coup d’épée qui a fini d’achever le fret ferroviaire, qu’il faudrait au contraire relancer.
Et là encore la crise du Covid-19 nous a démontré à quel point le fret ferroviaire était un maillon indispensable, notamment pour le transport et l’approvisionnement du pays en masques. Pendant la pandémie les autoroutes ferroviaires ont ainsi réalisé 80% de leur trafic hebdomadaire, entre autres pour acheminer du matériel médical, des denrées alimentaires et des matières premières essentielles.
Les enjeux sont tels qu’il faut replacer les options de politique de transport au cœur du débat public.
Chacun y va de son couplet sur la transition vers le monde d’après, le jour suivant, appelant à se réinventer ! Nul besoin de réinventer l’eau tiède mais il s’agit maintenant de passer des paroles aux actes.
Pour cela j’en appelle à des états généraux du fret ferroviaire. Je ferais cette proposition dans les prochaines heures au PDG de la SNCF JP FARANDOU, aux organisations syndicales des cheminots et à mes collègues députés élus sur les circonscriptions qui comme la mienne ont la chance de disposer d’une gare de triage.