COVID-19 : Durant le confinement, attention enfants en danger !

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Enfant confinement

Article rédigé par le groupe thématique « Enfance » de La France insoumise. Vous aussi, rejoignez un groupe thématique.

L’immense majorité des parents a une attitude positive envers les enfants : ceux-ci ne doutent pas de leur amour, ils peuvent exprimer leurs besoins, leurs parents y répondent.

Beaucoup de parents appréhendent le confinement avec leurs enfants, craignent de ne pouvoir les gérer, et donc de perdre patience. Dans notre société, sauf dans certaines familles (par exemple en instruction en famille, enfant en situation de handicap non scolarisé…) il est inhabituel de passer des journées entières avec ses enfants, et de nombreuses familles se retrouvent démunies dans cette simple cohabitation, ainsi que le constate le personnel des Relais des Assistantes Maternelles. 

Même dans des familles où le lien d’attachement a pu se faire sans conteste, le confinement présente donc des risques de tensions, conflits, et donc de violences éducatives ordinaires (VEO), surtout au moment des devoirs, selon la pression subie et la compliance des enfants à effectuer le travail d’instruction pour assurer la continuité scolaire promise. Récemment, un enfant de 6 ans a été déclaré en état de mort cérébrale, à cause de coups infligés par son père au moment des devoirs.

Que se passe-t-il dans les familles où l’exercice de la parentalité sans violence est difficile ?

1 - La situation de confinement peut aggraver et provoquer des situations de maltraitances sur les enfants

On peut définir la maltraitance comme étant toute violence présentant des conséquences graves sur le développement psychique et psychologique des enfants. 

Si déjà 5 % des adultes interrogés relatent des situations confinant à la maltraitance physique, ils sont bien plus nombreux à avoir subi négligence ou violences psychologiques. 44% des enfants maltraités ont moins de 6 ans.

Pour des enfants subissant de la violence dans leur foyer, tout ce qui va leur permettre d’investir un nouveau lieu, se sentir valorisé, hors de danger, va être indispensable pour leur apporter le souffle nécessaire à leur construction. Pour eux, le confinement présente donc deux dangers majeurs :

  • la perte d’un espace-ressource, sécure, de la relation avec un adulte auquel ils pourraient confier leur situation quotidienne, ou tout au moins construire une estime de soi-même
  • la majoration des conflits intrafamiliaux dus à la proximité, au stress ambiant, à l’usage des écrans, au désœuvrement qui peut conduire à la consommation d’alcool…

Sur les réseaux sociaux, les associations de protection de l’enfance diffusent des messages de sensibilisation à la tragédie du confinement pour des enfants maltraités. Rappelons que des dispositifs fonctionnent encore : le numéro d’urgence 119, les procédures d’urgences des tribunaux des enfants sont maintenues. Le gouvernement promet la réactivation d’une campagne de sensibilisation de l’enfance en danger afin de favoriser une vigilance collective. 

Craignant une recrudescence des violences, nous ne pouvons que nous associer à ces mesures de bon sens, devant notre responsabilité commune envers chaque enfant maltraité, afin qu’il ne soit pas isolé dans la détresse. Nous espérons que les annonces seront rapidement mises en œuvre. 

Nous demandons également la mise en place d’un numéro national et gratuit spécifique au soutien à la parentalité complémentaire du 119, assuré par des professionnel·les formé·es aux méthodes d’accompagnement à la parentalité bienveillante et à l’écoute active, qui relaie les initiatives régionales lancées par quelques associations.

2 - Le supplice de la période de confinement pour les enfants victimes d’inceste

Malgré ces annonces du gouvernement, les violences sexuelles intrafamiliales sont encore une fois les grandes oubliées. L’inceste est une problématique sociale majeure, insuffisamment accompagnée à tous les niveaux, et dont les victimes ne peuvent que difficilement échapper à la chape de plomb instaurée par bien des familles. Ainsi neuf fois sur dix, la famille exclut la victime qui révèle l’inceste au profit de la cohésion familiale, ce qui cause non seulement un frein au dévoilement, mais aussi une seconde injustice.

En 2009, l’AIVI projette le nombre de 2 millions de victimes d’inceste en France, d’après le sondage « Les français face à l’inceste », c’est-à-dire 3 % des Français·es ( 5 % des femmes contre 1 % des hommes). Entre-temps, le sondage Harris Interactiv pour l’AIVI en 2015 estime à 4 millions le nombre de Français·es survivant·es à l’inceste. Dans 33 % des cas l’agresseur a été poursuivi par la justice. 85 % des cas d’inceste durent plusieurs années. Ils sont toujours accompagnés de mauvais traitements psychologiques et souvent de violence physique. Lorsque la victime a moins de 6 ans (21 % des violences sexuelles sur mineur·es), dans 70% des cas l’agression est incestueuse.

Un nombre considérable d’agressions sexuelles sur mineur·es sont filmées, alimentant la pédopornographie et servant de monnaie d’échanges aux pédocriminel·les pour collectionner des photos et vidéos pédopornographiques (Enquête sur une société qui consomme des enfants, Homayra Sellier & Serge Garde, Ed Cherche Midi, 2008).

Toute situation d’inceste a de grandes probabilités de créer un psychotraumatisme chez l’enfant victime. Ce psychotraumatisme a de multiples conséquences : syndrome de stress post-traumatique, symptômes psychiques (anxiété, tendances suicidaires, addictions, phobies…), problèmes génitaux, gastro-intestinaux ou sexuels (douleur, confusion entre sexe et pouvoir, etc…), redevenir victime ou agresseur, mauvaise estime de soi, etc… (Muriel Salmona « Livre Noir des violences sexuelles » 2ème édition, Mars 2018, Ed Dunod).

Lors d’un confinement comme celui actuellement en vigueur, les enfants victimes d’inceste dont l’agresseur est un des parents chez lequel ils résident, se retrouvent sans échappatoire, dans la même problématique que les enfants victimes de maltraitance physique. Pour eux, la période du confinement sera un long supplice.

Nous avons élaboré, à partir des « 29 propositions pour un plan Inceste » de l’AIVI (Association Internationale des Victimes de l’Inceste) et du plan interministériel contre les violences faites aux enfants de mars 2017 une série de 23 mesures judiciaires, épidémiologiques, de sensibilisation, de dépistage, de formation, et de protection des enfants. 

Il est urgent de mettre en place un véritable plan Inceste, afin de prendre à bras le corps cette violence inacceptable envers nos enfants.

En conclusion

La situation de confinement de la population, fondée sur des mesures légitimes de lutte contre la pandémie du Covid-19, ne doit pas reléguer au second plan des problématiques majeures, de santé publique elles aussi, que sont les violences envers les enfants.

Le gouvernement se doit d’agir en urgence dans cette situation exceptionnelle de confinement qui majore gravement les dangers encourus par les plus vulnérables et dépendants de notre société : les enfants.

Pendant ces jours de confinement les groupes thématiques de la France insoumise ont décidé d’apporter leur contribution à travers des réflexions sur la situation actuelle. Chaque jour, un ou plusieurs articles d’analyses seront produits par un des groupes thématiques. Retrouvez ces productions sur la page de l’espace programme.

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