Vœu déposé par Myriam Martin, Jean Christophe Sellin et Guilhem Serieys, élu·es de la France insoumise et présenté par Myriam Martin lors du Conseil régional Occitanie du 19 décembre 2019.
La compétence lycée est une des compétences majeures des régions. La région Occitanie a fait de cette compétence une priorité en faveur des élèves et de leurs familles : gratuité des manuels et des premiers équipements pour les élèves, souci d’égalité, plan d’investissement pour rénover et construire de nouveaux établissements, vers la gratuité des transports scolaires, etc.
Or les réformes Blanquer pour les lycées et les LP, appliquées dès la rentrée de septembre 2019 révèlent déjà les effets négatifs que l’on dénonçait avant sa mise en application : inégalité de traitement entre élèves suivant le lieu d’implantation géographique du lycée et du lieu d’habitation des élèves, évaluations permanente dans un but de compétition exacerbée, concurrence entre élèves dès la classe de seconde avec au final, en terminale, le couperet parcoursup sélectionnant de manière arbitraire et
opaque les demandes des élèves, sans compter l’impréparation qui laisse présager des évaluations en janvier (comptant pour le bac) se déroulant dans des conditions catastrophiques.
Comment en est-on arrivé là ?
La massification de l’école ne s’est traduite que temporairement par une démocratisation de cette dernière. La conjoncture de politiques libérales agressives (avec la marchandisation de l’école), de la baisse des moyens, de la dévalorisation du métier d’enseignant-e a conduit à altérer le rôle de l’école.
Le rôle de l’école n’est plus interrogé que dans le cadre de son intégration à la logique du marché.
L’idée même d’émancipation a disparu. C’est pourtant bien l’émancipation qui doit guider tout projet pour l’éducation ! Une école pour tous et toutes, lieu de l’apprentissage des savoirs et de leur réappropriation, lieu où doivent se construire les citoyen·nes de demain !
Pour retrouver ces chemins là qui font du service public d’éducation à la fois un bien commun et un droit inaliénable, il nous faut opposer aux politiques actuelles une alternative pour l’école.
Le 3 décembre 2019 ont été publiés les résultats de l’édition 2018 du Programme international de suivi des acquis des élèves (PISA), évaluation scolaire internationale lancée à la fin des années 1990 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Cette enquête présente cependant des limites, le « classement » est, comme toujours, tellement serré (sauf aux extrémités) qu’il revient à juger de l’excellence de l’un et de la nullité de l’autre pour un écart qui correspond à 0,5 point sur 20, la méthode et les outils utilisés pour ces évaluations sont contestés par de nombreux-ses chercheurs-ses ces dernières années.
Un des intérêts de Pisa cependant est la documentation sérieuse des inégalités persistantes (relativement à des pays comparables) des résultats en France, révélant une fois de plus que les résultats scolaires ont à voir avec les inégalités socio-culturelles.
Les écueils des politiques éducatives doivent nous inciter à réfléchir à l’école que nous voulons pour tous les élèves !
Il est temps d’exiger que s’ouvre un vrai débat national pour l’école, sans tabou.
Si on veut lutter pour une école accessible à tous et à toutes deux sujets doivent être abordés : pour lutter contre les inégalités socio-culturelles qui font qu’aujourd’hui l’école reproduit en son sein les rapports de classe il est nécessaire de reposer la question d’un grand service public d’éducation unique. Tout comme il est nécessaire de repenser la carte scolaire afin que la mixité sociale soit la règle au sein de tous les établissements.
C’est pourquoi les élu·es de la région Occitanie, inquiet·es du devenir de l’école, souhaitent interpeller le ministre de l’Éducation et le gouvernement actuel sur les sujets cités ci-dessus (une école de l’émancipation pour tous et toutes, un grand service public d’éducation unifié, une remise à plat de la carte scolaire dans le sens de la mixité sociale, des moyens à la hauteur pour l’éducation, une revalorisation du métier d’enseignant·e) dans le but d’organiser de véritables états généraux ou débat national avec l’ensemble des acteurs et actrices de l’éducation, avec le souci de renouer un dialogue totalement rompu.