Édito de Matthias Tavel pour l’Heure du Peuple publié le 4 novembre 2019.
« Je n’aurai aucune forme de faiblesse » déclare E. Macron à propos des grèves du 5 décembre contre sa réforme des retraites. Le message traduit pourtant la peur qui gagne le pouvoir. Déjà, il cherche comment endormir les cheminots par des mesures de « transition ».
Il faut dire que la mobilisation se construit sur des bases solides. L’appel à une « grève reconductible et illimitée » par les syndicats de la RATP a montré que le camp du travail se prépare aussi à n’avoir « aucune forme de faiblesse ». Il le faut. L’ensemble des salariés du pays est appelé à cesser le travail le 5 décembre. Tout doit être fait pour réussir cette journée, et celles qui suivront.
La retraite « par points » que propose le gouvernement ne corrigerait aucune inégalité, elle aggraverait l’injustice ! Le niveau de la pension ne serait plus prévisible au cours de sa carrière mais dépendrait de la valeur du point au moment du départ, plongeant les salariés dans l’incertitude. Déjà, l’assureur AG2R dit que la réforme « ouvre des perspectives » et veut tirer profit de cette angoisse. De plus, la pension ne serait plus calculée par rapport aux meilleures années dans le privé ou aux derniers mois dans le public mais sur l’ensemble de la carrière. Cela baisserait les pensions en incluant dans le calcul les années de chômage, de bas salaires, de temps partiel, de maladie, etc. Le gouvernement prépare aussi un allongement de la durée de cotisation pour partir à la retraite sans décote, qui pénaliserait encore ceux ne pouvant avoir tous leurs trimestres et priverait des meilleures années de retraite les ouvriers et employés à l’espérance de vie réduite.
Cette politique est aussi ruineuse. Le report de l’âge de départ de 60 à 62 ans en 2010 a fait exploser le nombres de « seniors » au chômage ou en invalidité. La Cour des comptes indique que « le coût de la prise en charge des seniors touchés par les mesures de report d’âge de liquidation des droits à la retraite et qui se trouvent exclus du marché du travail s’élevait, au début 2018, à […] environ 1,5 milliard d’euros par an ».
Financer le droit à la retraite à 60 ans avec 40 années de cotisations est possible comme l’a démontré Jean-Luc Mélenchon dans la campagne de 2017. L’augmentation des salaires et l’égalité des salaires entre hommes et femmes, la relance de l’emploi par la planification écologique, la mise à contribution des revenus financiers des entreprises sont les pistes à suivre. Les richesses existent pour cela. La seule fortune de Bernard Arnault permettrait de financer la retraite à 60 ans pour les salariés concernés pendant 4 ans !
Mais réussir le 5 décembre est aussi un impératif politique. Une bonne occasion de faire battre en retraite le duopole Macron-Le Pen. Marine Le Pen envisageait elle aussi en 2017 de « demander un allongement de la durée du travail » si ses mesures d’économies contre les immigrés s’avéraient insuffisantes.