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Première note de mon voyage en Algérie

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Je suis en Algérie depuis hier. En tant que militante de la révolution citoyenne, je suis venue avec mon suppléant Mourad Tagzout rencontrer les acteurs et actrices du mouvement populaire pour comprendre, apprendre et exprimer notre solidarité à cette révolution du sourire. Je voulais ici vous écrire une partie de ces discussions avec les femmes et les hommes qui se battent avec courage pour que « le système dégage ».

Depuis deux jours, nous avons rencontré des députés du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), les responsables du PST (Parti Socialiste des Travailleurs), le MDS (Mouvement Démocratique et Sociale) et le réseau de luttes contre la répression, pour les libertés démocratiques et la libération des détenus d’opinion.

Un point important ressort de ces premières rencontres qui doit toucher et interpeller toutes les personnes éprises de justice et de liberté. Il y a aujourd’hui près d’une centaine de personnes en prison avec des chefs d’inculpation aussi farfelus que, « participation à manifestation », « atteinte au moral de l’armée » ou encore pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Leur grande majorité sont de très jeunes gens que le gouvernement militaire traine en justice simplement pour participation aux grandes marches, pour avoir porté l’emblème amazigh (berbère).

Cette hausse des arrestations traduit une répression et une volonté d’effrayer le peuple pour arrêter un mouvement révolutionnaire historique et pacifique.

De toutes nos rencontres ressort aussi la conscience de la stratégie d’intimidation : les droits fondamentaux sont foulés au pied, des jeunes femmes et hommes sont en prison pour n’avoir rien fait. Hier passaient au tribunal notamment deux militants qui avaient été arrêtés dans un café un matin et n’ont pas pu prévenir leurs familles mortes d’inquiétude avant minuit. Les militants et militantes craignent que ces méthodes d’arrestation en voiture banalisée tournent en « disparitions ».

Nous étions encore ce matin devant le tribunal de Sidi M’hamed au rassemblement de soutien à 3 autres militants déférés devant le juge après presque quatre mois de détention provisoire. Au côté du réseau de lutte contre la répression, pour les libertés démocratiques et la liberté des détenus d’opinion, nous demandons la relaxe de ces hommes et femmes et dénonçons les exactions contre les droits humains. Le pouvoir de fait ne peut ainsi maintenir sans raison des personnes en prison, tels des otages. Emmanuel Macron et l’Union Européenne ne peuvent se taire sans être complices.

Mais ce qui impressionne aussi en Algérie, c’est le moment historique que vit le pays. Depuis le 22 février 2019, des millions d’Algériennes et d’Algériens sont dans les rues. Et la répression n’entame ni la mobilisation ni la détermination du peuple algérien. Et comme on me le disait ce matin « dans cette révolution, on a gagné un peuple ». Toutes les tentatives du pouvoir d’arrêter ce mouvement ont été déjouées par le peuple. Tout le monde parle ici de « génie populaire ». Mobilisés contre le 5ème mandat de Bouteflika, dans un système économique où une caste se gave quand le salaire minimum est de 18 000 dinars par mois, soit moins de 150 euros, le peuple mobilisé refuse les divisions. Quand le pouvoir tente d’instaurer un fossé entre berbérophones et arabophones, quand il tente d’imposer de force une élection présidentielle le 12 décembre, le mouvement populaire exige, uni, de décider soi-même. 

La révolution du sourire est un mouvement de réappropriation des luttes féministes avec l’engagement des femmes, de réappropriation de l’histoire, de réappropriation de la rue notamment à Alger où depuis 2001 les manifestations étaient interdites. Le peuple se constitue en acteur politique contre la caste au pouvoir, contre le vol en bande organisée des richesses du pays par les multinationales dont Total, contre la confiscation de l’avenir. Mobilisé pour la démocratie, pour la justice sociale et pour un processus constituant, ce mouvement populaire nous rappelle avec éclat que la solution reste et sera toujours le peuple !

Plus que jamais, nous devons exprimer notre solidarité avec le peuple algérien.

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