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Démagogie en macronie

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Édito de Benoît Schneckenburger publié dans l’Heure du peuple le 23 septembre 2019.

Devant une partie de sa majorité, le 16 septembre, Emmanuel Macron a prononcé un discours sur les questions migratoires, embrayant le pas à certaines thématiques que ne renierait pas Marine Le Pen. Il s’est placé en effet sur le terrain idéologique de la bataille culturelle de bien des manières. En premier lieu en reprenant l’idée qu’il y aurait un sérieux problème migratoire. En politique, il y a bien évidemment un enjeu à transformer un fait en problème et à s’arroger son interprétation.

Depuis les années 1970, la question migratoire a été manipulée au dépit des faits statistiques, pour mieux masquer la faillite des politiques sociales et de relance économique. En son temps, le Front National, la nouvelle droite puis progressivement l’aile conservatrice du parti socialiste ont repris la même rengaine. A chaque fois ils ont opéré de la même façon : détourner les colères populaires de la critique du système capitaliste et de l’oligarchie vers les classes les plus défavorisées, les immigrés. Pour ce faire ils utilisent un sophisme démagogique : eux, appartenant pourtant aux classes les plus favorisées, habitués des salons dorés de l’État ou des antichambres du CAC 40 seraient mieux à même de connaître la dureté de la vie dans les quartiers, et la nécessité de dénoncer le laxisme antérieur sur les questions migratoires. De ce fait ils tentent de s’ériger en porte-paroles des ressentis populaires et divisent les intérêts de classe, communs aux populations défavorisées, françaises établies ou d’origine étrangère.

Emmanuel Macron n’en est pas à son coup d’essai. Celui que toute une classe de médiacrates nous a présenté comme le meilleur rempart contre l’extrême droite en 2017, avait pourtant déjà, à plusieurs reprises, relancé le débat sur les questions migratoires. Lors des mobilisations des gilets jaunes, alors que les classes populaires avaient peu à peu étendu leurs revendications aux enjeux sociaux, écologiques et démocratiques, il avait rabattu le débat en agitant la question migratoire et en proposant au « grand débat » d’associer la question de la laïcité et celle de l’immigration.

Il ne manquera pas de doctes commentateurs pour faire l’éloge d’une position qu’ils présenteront comme courageuse, alors qu’il s’agit de la plus grande des bassesses. Elle prétend écouter les classes populaires alors qu’elle les méprise profondément, tant par les politiques sociales menées – l’attaque sur les retraites constituant un autre exemple de destruction des solidarités – qu’en les assignant à une forme de rejet de l’autre. Le vrai courage consisterait à rappeler la relative stabilité des flux migratoires à long terme ; à dénoncer les causes des départs de zones de conflit et de déstabilisation climatique. Il faudrait un autre courage encore en proposant que les forces navales européennes soient mises au service du sauvetage en mer plutôt que de participer à on ne sait quelles manœuvres dans le cadre de l’OTAN pour feindre de s’opposer à la Russie de V. Poutine. Il faudrait enfin du courage pour s’attaquer à ceux qui détruisent vraiment l’identité française en mettant à bas l’héritage du Conseil National de la Résistance. Mais ces derniers sont plus familiers des antichambres du pouvoir que des ronds-points.

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