- À la rencontre des gens, tu iras
L’auto-organisation nécessite de rencontrer le plus grand nombre possible de personnes. Aussi et surtout des citoyen·nes que nous n’avons pas l’habitude de croiser. Le questionnaire est un quelque sorte le “prétexte” pour aller à la rencontre des gens. Tous les moyens sont bons : porte-à-porte, sortie d’école ou d’un autre service public, rencontres dans un bus ou un RER… Le plus important est d’être à l’initiative de la rencontre : “Bonjour, avez-vous quelques minutes pour répondre à un questionnaire sur la propreté dans le quartier ?”
- Tes préjugés, tu oublieras
Parfois, les militant·es qui ont un peu de “bouteille” sont persuadé·es de connaître les problématiques d’un quartier ou d’un service public. Le problème est que ces connaissances peuvent être datées ou trop “institutionnelles”. Quand un·e militant·e a un avis trop tranché, il lui arrive d’influencer les réponses de son interlocuteur. C’est ce qu’on appelle un “biais de confirmation”. Il vaut donc mieux partir d’une page blanche, au moins pendant le temps d’échange avec les citoyen·nes !
- Pas plus d’un quart du temps, tu parleras
Être à l’écoute, cela implique de laisser les autres parler. Pas si facile quand on a l’habitude du militantisme traditionnel. Il faut mettre de côté l’envie de toute expliquer et de convaincre de notre programme de A à Z (même s’il est très bon !). Il ne faut pas non plus avoir peur des moments de blancs… Quand on demande à quelqu’un ce qu’elle ou il pense de la régularité ou du prix des transports à un arrêt de bus, la personne n’a pas forcément une réponse toute prête. Il faut être à l’écoute et encourager notre interlocuteur·rice à poursuivre son raisonnement.
- Les colères collectives, tu recenseras
La colère est un excellent levier pour briser la résignation et passer à l’action. Il faut pour cela qu’elle remplisse plusieurs conditions et notamment celle d’être collective. Cela ne veut pas forcément dire qu’un très grand nombre de personnes doit être concerné, mais le problème doit avoir une certaine “densité”. Par exemple, un problème d’ascenseur en panne qui concerne une dizaine de familles dans un immeuble est un très bon sujet d’action. Il faut toujours réfléchir au collectif qui peut se construire derrière la colère.
- Des rencontres, tu organiseras
L’isolement est un autre frein au passage à l’action. Notre rôle est donc de mettre en lien les gens. Évidemment, organiser une réunion de proximité sur une ou quelques colères est un très bon moyen de mettre en réseau. Mais la mise en lien peut être plus modeste. Il peut s’agir dans un porte-à-porte de mettre en contact deux voisin·es qui ont le même problème d’humidité dans leur appartement !
- Les lieux de pouvoir, tu cibleras
Pour qu’un collectif se crée et passe à l’action il faut que la colère soit “verticale” c’est-à-dire qu’elle cible des gens de pouvoir et non un voisin ou un autre usager. Il est aussi très important que le lieu de pouvoir soit de proximité, concret et si possible incarné par une personne (le maire, le président du syndicat de transport public, de l’office HLM…). À vouloir identifier un responsable trop éloigné, on monte en généralité et la bataille devient floue, moins mobilisatrice.
- L’action, tu proposeras
L’action est le meilleur moyen de concrétiser le collectif et de créer du lien. C’est dans la préparation et le déroulement des actions que la confiance se tisse et que l’engagement politique se fait. À la différence des réunions, la préparation des actions permet aussi d’impliquer plus de monde et différents profils. Préparer l’occupation d’une agence d’un bailleur social nécessite des compétences différentes que pour faire de longs discours en réunion !
- La non-violence et la bonne humeur tu cultiveras
Pour qu’une action soit rassembleuse, elle doit respecter le principe de non-violence. La bonne humeur est également un facteur important. Elle n’est pas antinomique avec le fait de partir des colères des citoyen·nes, au contraire. La bonne humeur permet de renforcer les liens dans l’action et elle contribue aussi au récit qui en sera fait. Il n’y a pas de meilleure ambassadrice de l’auto-organisation qu’une personne ayant pris du plaisir à participer à l’action parce qu’elle était drôle et originale. L’information se diffusera dans tout le voisinage et la prochaine réunion sera bien remplie !
- Les petites victoires tu chercheras
La réussite d’un processus d’auto-organisation nécessite des victoires concrètes. Aussi minimes soient-elles, ces victoires sont la preuve que l’action collective peut changer le quotidien, que les décideurs sont dans l’obligation de prendre en compte les revendications des citoyen·nes organisé·es. Il faut donc articuler des propositions radicales, à mettre en œuvre dans le cadre du pouvoir municipal, et des revendications plus modestes qui peuvent être moteur de l’auto-organisation.
- Le pouvoir aux citoyens, tu laisseras
C’est le fil rouge de l’auto-organisation. Il faut toujours se poser la question suivante : qui détient réellement le pouvoir ? C’est une question politique mais aussi une question d’efficacité. Ne vous attendez pas à ce que cette question du pouvoir provoque systématiquement des conflits. La première conséquence, si les gens considèrent que vous leur confisquez le pouvoir ou que vous tentez de les manipuler, c’est qu’ils désertent vos réunions et vos actions…
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