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Être présent en ligne pour une élection locale

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Cette fiche pratique est destinée aux élections municipales de 2020, mais offre des conseils généraux.

Votre campagne doit avoir une présence en ligne. Internet est aujourd’hui un mode d’information important, particulièrement pour les jeunes électeurs.

C’est à vous de choisir la présence numérique la plus appropriée à votre stratégie électorale. Elle peut prendre plusieurs formes :

  • La présence sur les réseaux sociaux est très avantageuse. Créez au moins une page Facebook, et si possible un compte Twitter.
  • Vous pouvez mettre en place une newsletter, ou lettre de diffusion, qui vous permet d’écrire directement par e-mail aux personnes qui s’y seront inscrites.
  • Il est aussi possible de créer un site de campagne. C’est un investissement très important. Le gain dépendra directement :
    • de la taille de la ville
    • de l’efficacité de vos réseaux sociaux.Dans les petites villes, un site de campagne est donc souvent peu pertinent.

Les réseaux sociaux

Les avantages des réseaux sociaux sont multiples :

  • Vous profitez de l’audience de vos réseaux locaux : votre page circulera parmi vos amis, les amis de vos amis, et ainsi de suite. Une part importante de ces relations habitent dans la même commune. Vous ciblez ainsi directement vos potentiels électeurs.
  • Le travail nécessaire pour débuter l’animation d’une page est bien inférieur à celui nécessaire pour la gestion d’un site web, et les compétences requises sont bien moins importantes. Une personne à l’aise avec les ordinateurs et avec une simple connaissance des réseaux sociaux peut se former rapidement à l’essentiel.
  • Le rythme de publication sur les réseaux sociaux peut être assez important (de l’ordre de quelques publications par jour). Cela vous permet de communiquer sur toutes vos actions de campagne.

Les réseaux sociaux ont toutefois leurs limites :

  • Vous êtes contraint⋅e sur le format des contenus que vous diffusez : vous devez adapter votre communication à ce qui marche sur les réseaux sociaux, ou vos contenus circuleront peu.
  • Si débuter l’animation d’une page est facile, la production de contenus variés peut être beaucoup plus compliquée. Bien filmer, monter une vidéo, ou encore produire des visuels de qualités, sont autant de tâches qui demandent du temps et des compétences techniques.
  • Mêmes avec les bons contenus, vous ne maîtriserez pas la façon dont ils circulent : ceux-ci sont à la merci des algorithmes des réseaux sociaux, qui décident s’il faut ou non montrer vos publications. Ainsi, vos publications ne sont pas nécessairement montrées aux personnes qui suivent vos pages !

Lors des dernières campagnes électorales, la présence des candidats sur les réseaux sociaux est devenue quasi systématique.

La newsletter

Une lettre de diffusion, ou newsletter, vous permet d’envoyer régulièrement et directement des e-mails à une liste de personnes qui se sont enregistrées :

  • Le contact est direct : l’e-mail arrive directement dans la boîte de réception de la personne. Les taux de lecture qui en résultent sont très supérieurs à ceux obtenus sur les réseaux sociaux et sur un site internet.
  • La newsletter permet d’ajouter facilement les personnes rencontrées lors de porte-à-porte et d’événements en publics, et d’atteindre ainsi des personnes peu susceptibles d’être allés voir par elles-mêmes votre site ou vos réseaux sociaux.

Mais la gestion d’une newsletter est assez complexe :

  • Vous ne pouvez inscrire à des newsletters que des personnes qui ont explicitement consenti à recevoir vos messages. Récupérer des listes d’e-mail à droite et à gauche, et y verser les carnets d’adresse des uns et des autres est contraire à la loi. Celle-ci a particulièrement été renforcée récemment et vous risquez de grosses amendes. Il est de votre responsabilité de garantir que le consentement de vos destinataires a été recueilli : assurez-vous donc que les équipes qui les récoltent sont conscientes de ces enjeux.
  • Toute newsletter se dépeuple petit à petit : des personnes se désinscrivent car elles ne sont plus intéressées par vos e-mails. Pour limiter ce dépeuplement, il est essentiel de limiter fortement le nombre de messages envoyés chaque semaine. L’idéal est de un e-mail par semaine, le maximum de deux e-mails par semaine. Au-delà de ces limites, la liste fondra rapidement comme neige au soleil.
  • Pour obtenir un taux de lecture suffisant, il ne faut pas seulement se limiter à un rythme restreint, mais aussi garder les newsletters courtes. Généralement, le contenu au-delà de la 3ème section ne sera pas lu (en gardant des sections de 2 ou 3 paragraphes).
  • La bonne tenue d’une newsletter nécessite donc une organisation rigoureuse, avec par exemple une personne responsable chargée :
    • De s’assurer de la limitation du rythme
    • De prendre les arbitrages sur ce qui figurera et ce qui ne figurera pas dans la newsletter pour garder les lettres suffisamment courtes
    • De faire le suivi des désinscriptions pour s’assurer que le contenu et le rythme sont appropriés

Pour mettre en place une newsletter, vous avez plusieurs choix. Tous demandent un peu de configuration qui peut parfois être légèrement technique. Le choix le plus courant est d’utiliser un service clé en main comme Mailchimp. Ces services demandent peu de configuration, mais ils ont le désavantage de ne pas être hébergés en France, et d’être souvent très coûteux le nombre d’inscrits augmentant. L’autre solution est de passer par un logiciel libre (comme Mailtrain), mais cela demande un⋅e administrateur⋅ice système très compétent⋅e.

Le site de campagne

Un site de campagne fournit une vitrine que vous contrôlez entièrement :

  • Selon vos ressources, vous contrôlez l’ensemble des éléments de votre site web : son apparence, son organisation, le type de contenu que vous souhaitez y mettre.
  • Si vous avez des ressources suffisantes, un site web peut même comporter des composants ou pages interactives : votes sur des mesures du programmes, commentaires, cartes, etc.
  • Vous maîtrisez entièrement le rythme de publication, qui peut être aussi rapide que vous le souhaitez sans pénalité particulière.

Pour autant, cette flexibilité a un coût très important :

  • Le principal coût est le travail nécessaire pour réaliser le site internet et le maintenir en état de fonctionnement. Le reste (hébergement, achat du nom de domaine, paiement de quelques licences) vous coûtera au maximum quelques centaines voire dizaines d’euros.
  • Faire faire un site web par des professionnels coûte cher, très cher. Un site web vitrine complet, sans éléments interactifs, coûte au-delà de 5 000 € si vous faites appel à des prestataires. S’il faut intégrer des éléments dynamiques ou interactifs, le coût dépasse rapidement 15 000 € et peut atteindre bien plus.
  • Il est possible de le faire faire bénévolement, mais la conception d’un site web complet demande une collection de compétences assez large : graphiste web, intégrateur⋅ice, développeur⋅se, administrateur⋅ice… Ces compétences ne sont que très rarement maîtrisés par une seule personne. Un site web représente de toute façon un temps de travail conséquent qu’une seule personne travaillant par ailleurs à temps plein ne peut que rarement fournir, sauf pour les sites web les plus simples.
  • Une solution alternative et moins coûteuse consiste à se reposer sur une plateforme qui propose des sites « en kit ». Cela réduit généralement fortement le travail nécessaire et les besoins en compétences, pour des coûts assez modiques. La contrepartie est une flexibilité moindre, et de la nécessité de trouver des personnes familières avec la plateforme choisie. Ainsi, l’hébergement d’un site sur la plateforme wordpress​.com coûte entre 4€ et 25€ par mois selon la formule d’abonnement retenue.
  • De façon générale, quelle que soit la solution retenue, il est très facile de sous-estimer lourdement le coût et les besoins que nécessiteront la conception du site.

Un site ne génère pas son trafic tout seul. Pour attirer des visiteurs sur votre site, deux voies s’offrent à vous :

  • Le référencement par les sites de recherche. Dans le cas d’une petite commune, le trafic de votre site sera malheureusement largement insuffisant pour vous hisser en haut des résultats de recherche. Le seul trafic obtenu via les moteurs de recherche ne le sera que pour des recherches directes (nom de la tête de liste, ou nom de la commune + liste LFI) et ne touche alors que des personnes déjà convaincues.
  • Le partage des liens vers votre site via vos réseaux sociaux. Dans ce cas, votre site est alors un complément à vos réseaux sociaux, et son exposition y sera subordonnée.

En conséquence, si vous décidez tout de même de faire un site, gardez un œil sur ses statistiques de visite. Et si elles ne décollent pas, évitez d’y investir trop de temps.

Que faut-il éviter ? Qu’est-ce qui ne marche pas ? 

Des volontaires vous proposerons peut-être avec enthousiasme de faire des choix stratégiques dans votre campagne numérique. La règle numéro un est « ne vous fiez jamais à un seul avis ». Vous n’aurez pas le temps de refaire une seconde version de votre site de campagne si la première vous déplaît, ni même de changer de logiciel de newsletter. Il est toujours plus facile de modifier des plans qu’un site déjà fini.

Nous vous proposons donc notre propre expérience de ces 5 dernières années, de la campagne présidentielle et des années qui l’ont suivi, et des différentes technologies que nous avons utilisé. Vous pouvez les confronter aux avis de vos volontaires.

  • Fuyez les technologies « à la mode » et les startups qui veulent révolutionner la politique.
    • NationBuilder, 50+1, Previoo, Quorum, etc. ont des coûts très importants.
    • Ils offrent souvent peu de flexibilité, et imposent une manière de faire campagne qui s’adapte au logiciel, et non l’inverse. Ils ne sont intéressants que si la totalité de votre stratégie de se construit autour de ces outils, et que les gens qui participent à votre campagne les maîtrisent à tous les niveaux. Ce ne sera probablement pas le cas.
    • Vous perdrez un temps précieux à mettre en place ces logiciels, négocier leurs contrats et leurs coûts, pour un apport négligeable voir contre-productif.
  • N’espérez pas reconstruire une plateforme d’action telle que celle de la France insoumise.
    • À l’échelle d’une ville, il n’est pas utile que les gens puissent créer leur groupe d’action eux-mêmes. Vous pouvez largement les lister à la main sur votre site web.
    • En terme d’interactivité, quelques formulaires de contribution programmatique et de volontariat suffiront généralement amplement, quand ils ne sont pas entièrement remplacés par des réunions physiques.
  • C’est toujours utile de le rappeler : respectez la loi. Le code électoral interdit un certain nombre de pratiques en campagne. Il est notamment interdit de sponsoriser des liens ou de faire de la publicité, que ce soit sur Internet ou ailleurs. Ne le faites donc pas.

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