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Canicule - édito de Benoît Schneckenburger

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Édito de Benoît Schneckenburger publié le lundi 1er juillet dans l’Heure du Peuple.

Sirius est l’étoile la plus brillante dans le ciel de l’été dans la constellation du grand chien. Parce qu’elle se lève en même temps que le soleil, Pline l’ancien explique qu’elle annonce les plus fortes chaleurs : « Quant à la Canicule, qui ignore que, se levant, elle allume l’ardeur du soleil ? Les effets de cet astre sont les plus puissants sur la terre : les mers bouillonnent à son lever, les vins fermentent dans les celliers, les eaux stagnantes s’agitent. » Habituellement les fortes chaleurs apparaissent alors entre le 24 juillet et le 24 août ; et le mois de thermidor dans le calendrier républicain renvoie aussi cette période de fortes températures attendues.

Mais la canicule que nous connaissons depuis quelques jours manifeste les ruptures climatiques auxquelles nous assistons. Elles se produisent plus tôt, et sont plus fortes : nous avons battu tous les records connus depuis les premiers relevés scientifiques des stations météorologiques. Météo-France peut annoncer tranquillement que « 45,9 °C, c’est la température que l’on atteint lors d’une journée d’août normale dans la Vallée de la Mort. » La Vallée de la mort est un désert. Et les prédictions des experts pour le climat nous le disent : ce n’est qu’un début. Cette année est bien celle de la prise de conscience : marches pour le climat, épreuve des fortes chaleurs. Ce n’est pas encore celle des prises de décisions. Le gouvernement fait mine de prendre au sérieux « l’épisode » caniculaire, retenant les leçons de 2003, mais il en reste pour l’essentiel à de la communication. Les mêmes ministres qui culpabilisent les citoyen.e.s n’en tiennent pas compte ne modifiant pas eux leur train de vie, et les mesures qui permettraient la rénovation de 7,4 millions de passoires énergétiques sont reportées.

Même le G20, qui s’est tenu pendant la canicule, n’y changera rien non plus. Les États-Unis, à leur habitude depuis l’élection de Trump ne signeront pas l’accord et ne modifieront en rien leur mode de vie, pourtant première cause des dérèglements climatiques, tant par leurs productions de gaz à effet de serre, que par le modèle économique qu’ils imposent, notamment dans les traités internationaux que l’Europe signe sans coup férir. Emmanuel Macron se félicite que l’accord d’Osaka n’ait pas reculé… Mais tout statuquo en réalité marque une aggravation de la situation tant nous sommes en retard sur les mesures systémiques à mettre en cause. La machine s’échauffe, elle pourrait hélas s’emballer.

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