Le 13 mai 2019, Bastien Lachaud a pris la parole pour dénoncer l’absurdité de voter une loi en urgence pour régler le problème de l’élection de députés européens britanniques suite au Brexit.
En effet, l’intransigeance de Macron et de Juncker ont conduit les britanniques à rejeter à plusieurs reprise un accord de sortie, que Macron refuse de modifier. En conséquence, les eurodéputé·e·s britanniques seront élu·e·s jusqu’à l’effectivité du Brexit, date à laquelle les sièges seraient répartis entre les pays européens restants.
Ce qui voudrait dire que 5 eurodéputés français·es seraient en attente d’être véritablement élu·e·s. Il a montré l’absurdité démocratique dans laquelle l’Union européenne nous plonge, ainsi que les politiques décidées par le Président de la République.
Il a montré que pour une politique de partage des richesses, il fallait sortir des traités, et pour cela battre Macron. Il a ensuite montré que face à l’urgence climatique, il fallait également sortir des traités pour engager une politique de transition écologique de nos activités.
Lire le texte intégral :
Madame la Présidente, Madame la Ministre, Mes chers collègues,
Nous devons par ce projet de loi régler une absurdité causée par l’Union européenne. Emmanuel Macron et Jean-Claude Juncker, grand manitou de l’organisation de l’évasion fiscale au sein de l’Union européenne, ont fait preuve d’un grand autoritarisme pour contraindre les britanniques à accepter un accord de Brexit que leurs représentants ont déjà refusé à plusieurs reprises.
Emmanuel Macron et sa politique sont devenus un véritable repoussoir pour les peuples,
et nous en aurons la preuve bientôt avec l’élection européenne, qui sera un véritable référendum.
Le grand blabla national a donné l’illusion que les citoyennes et citoyens seraient entendus : en vain ! le but manifeste était d’éviter un véritable débat public qui débouche sur une décision populaire. Un temps envisagé, le référendum décidant des options issues du grand débat a été repoussé, par peur qu’il ne soit défavorable.
Car Macron a peur du peuple. Seule une effraction démocratique lui a permis d’accéder au pouvoir. Malgré toutes les manipulations outrancières mises en place depuis pour réitérer l’exploit,
le premier vote depuis la législative s’annonce comme un vote sanction.
Par peur du peuple, vous avez refusé le référendum d’initiative citoyenne, le fameux RIC, pourtant très largement demandé par les françaises et les français.
Vous cherchez par tous les moyens à vous passer du peuple, à contourner ses décisions, à ignorer ses voix, à réprimer ses manifestations.
Vous auriez bien voulu éviter le référendum sur la privatisation des aéroports de Paris, mais l’opposition parlementaire et populaire vous y contraindra :
nous entamons déjà la collecte des 4,7 millions de signatures citoyennes. Soyez-en certains, nous obtiendrons les signatures nécessaires.
Le Président de la République s’est engagé autant que possible dans l’élection européenne, en faussant les règles d’équité de temps de parole des soutiens des candidats. Il a fait campagne, aux frais de l’Etat donc aux frais de tous les contribuables, pendant des mois. Ses interminables interventions ont été retransmises complaisamment par les grands médias, en direct et pendant des heures. Macron a même, fait inédit sous la Ve République,
fait paraitre son engagement sur la propagande électorale de la liste de son parti ; alors que traditionnellement le Président de la République veillait à respecter un minimum de neutralité pour apparaitre comme le président de tous les français, et non le chef d’un clan. Mais cet homme-là n’a plus aucune limite.
Il a donc décidé lui-même que l’élection européenne à venir serait un véritable référendum anti-Macron : souhaitons-le ! De toute façon sa politique de démantèlement de la France est directement issue des injonctions de la Commission européenne.
Voter contre la politique de Juncker ou voter contre Macron revient au même : il en est le petit suiveur d’un enthousiasme docile.
Il faut sortir des traités pour mener une politique sociale de partage des immenses richesses que nous produisons, de restauration de nos services publics et de la souveraineté populaire.
Et pour sortir des traités, il faut battre Macron aux élections !
Cela sera un signal immense de ce que nous répétons à cette tribune depuis des mois : le peuple français n’est pas d’accord avec cette politique.
Il n’est pas d’accord avec les privatisations. Nous regrettons amèrement celle des autoroutes. Nous avons vu le fiasco décidé, encore par Macron, de l’aéroport de Toulouse.
Le peuple français ne veut pas de la destruction du service public ferroviaire, et pour mettre un point d’arrêt au processus de privatisation enclenché par Macron, il faut sortir des traités. Rendez-vous compte que le paquet ferroviaire qui le commande a été voté au Parlement européen à 24 voix près ! Macronistes et socialistes main dans la main pour ne pas le rejeter.
Il faut sortir des traités, car le peuple français n’en peut plus de la morgue des ultra riches qui pratiquent l’évasion fiscale. Le peuple demande justice face à l’impôt. Car les traités européens organisent l’évasion fiscale, en plein cœur de l’Europe : Luxembourg, Irlande, Pays-Bas, Malte pour ne citer qu’eux, servent de grande lessiveuse d’argent sale, y compris l’argent du crime organisé et du terrorisme.
Sortir des traités est une nécessité pour lutter contre le travail détaché, qui organise la concurrence entre les peuples,
et même la concurrence entre des concitoyens car on peut être détaché en travaillant au sein même de son propre pays.
Enfin, il faut sortir des traités pour empêcher la destruction de la fonction publique, qui va commencer sitôt l’examen de ce texte terminé. L’obsession européenne pour les 3% de déficit et les cadeaux faits aux riches, conduisent Macron à trouver une justification facile pour sa grande opération de la destruction de l’Etat.
Mais il y a une autre raison pour laquelle il faut battre Macron dans les urnes et sortir des traités :
il y a urgence à engager la grande transition écologique pour faire face au dérèglement climatique.
Nous ne pouvons plus attendre, et que fait Macron ? rien. Il temporise. Il parlotte. D’un côté, il fait de grandes annonces sur le climat et les accords de Paris, de l’autre il signe des traités de libre-échange anti-écologiques au possible, comme le CETA.
Il prétend Make our planet great again, en s’auto-proclamant champion de la terre, mais il organise le grand et absurde déménagement du monde.
Macron s’engage par tweet à interdire en 3 ans le glyphosate, mais sa majorité refuse à deux reprises de l’inscrire dans la loi ! Là-dessus arrive à point nommé un rapport parlementaire prétendant que le glyphosate n’est pas plus cancérigène que la viande rouge : ces arguments sont rabâchés par les lobbyistes de Monsanto depuis des années. Il prétend incarner le nouveau monde, mais ses députés s’apprêtent à siéger au Parlement Européen, au sein d’un groupe, la ALDE qui, jusqu’en 2018, a reçu des financements de multinationales comme… Bayer Monsanto.
100 entreprises multinationales sont responsables à elles seules de plus de 70% des émissions des gaz à effet de serre au niveau mondial : que fait Macron pour les arrêter ? rien ! il déroule le tapis rouge pour qu’elles continuent à polluer au nom de la politique de l’offre.
Dans le monde, 26 milliardaires possèdent autant que la moitié de l’humanité, et les 0,5% des plus riches sont responsables de 13% des émissions de C02 du fait de leur mode de vie tapageur, fait de dépenses inutiles et ostentatoires, comme les polluants yachts. Les 50% les plus pauvres sont responsables de seulement 10% de ces émissions : pourtant, sur qui Macron fait-il peser l’effort en France ? sur les plus pauvres, en refusant de taxer le kérosène aérien, et en augmentant les prix du diesel dont dépendent tant de personnes qui n’ont pas d’autre choix que leur voiture pour se déplacer, et qui n’ont pas les moyens de changer de véhicule.
La 6ème extinction de masse des espèces vivantes est engagée. Les insectes pourraient avoir disparu dans 100 ans, les oiseaux disparaissent, les populations d’animaux marins s’effondrent… Les causes sont connues : artificialisation des sols et déforestation, utilisation massive de pesticides, surpêche… Que fait Macron ? rien !
L’interdiction de la pêche électrique a été arrachée au Parlement européen par Younous Omarjee, eurodéputé de la France insoumise, puis finalement inscrite à l’ordre du jour par un groupe minoritaire à l’Assemblée nationale pour pouvoir être votée.
Les engagements actuels des accords de Paris nous dirigent vers une trajectoire +3°C, mais malgré toutes les belles phrases de dernière minute sur l’écologie, histoire de reverdir son blason, les émissions de CO2 ont augmenté en France de 3% en 2017 au lieu de baisser de 5%.
Macron « champion de la Terre » est une belle arnaque : il construit des autoroutes, appuie de grands projets inutiles comme la Montagne d’Or, avant finalement de se raviser car cela faisait mauvais genre. Mais il continue de distribuer des autorisations de forage et d’usine d’huile de palme à Total.
Et pour engager la transition énergétique ? Il ne fait rien pour empêcher les investissements publics et privés dans les énergies fossiles ! Belle hypocrisie !
Concernant le nucléaire, plutôt que de planifier une sortie progressive et raisonnée, il s’empresse de ne rien faire.
Même la fermeture de la vieille centrale de Fessenheim, serpent de mer déjà du quinquennat précédent, à nouveau promis par le candidat Macron n’est toujours pas actée, et subordonnée à l’ouverture hypothétique du désastre de l’EPR de Flamanville.
Assez de mots, il faut des actes urgents pour une Ecologie Populaire :
Mettons fin à l’impunité des multinationales en appliquant le principe du pollueur-payeur, et arrêtant le financement des énergies fossiles.
Développons les alternatives au tout-voiture et à l’étalement urbain par un moratoire sur les centres commerciaux, et renationalisons les autoroutes.
Changeons de modèle agricole en arrêtant l’usage du glyphosate et autres pesticides, par l’instauration d’un protectionnisme solidaire, et en donnant accès à une alimentation saine et biologique pour tous, exempte de souffrance animale.
Passons au 100% d’énergies renouvelables en sortant du nucléaire, en faisant un plan de formation et reconversion professionnelle,
et en cessant de privatiser à tout va, notamment les barrages hydroélectriques.
Ce texte de loi est la conclusion absurde d’une situation absurde. Il y a donc urgence à battre Macron aux élections : car nous ne pouvons pas attendre pour engager la transition écologique, en mettant en place une écologie populaire. L’élection européenne est l’occasion de faire un choix de société, pour le partage des richesses, plutôt que la concurrence entre les peuples et l’organisation de leur opposition. Le 26 mai sera donc l’occasion d’un référendum anti-Macron.