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Le SMIC de Madame Loiseau, ou l’harmonisation de la misère

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Nathalie Loiseau, tête de liste LREM, a déclaré qu’elle portait un SMIC européen à 50% du salaire médian de chaque État-membre. Or, il s’agit d’une arnaque de première classe, qui n’augmentera les salaires de personne et risque plutôt de baisser ceux des pays plus avancés !

Données Eurostat (2014-2017). Voir les liens hypertexte pour chaque tableau individuel. Nous avons pris la dernière année disponible.

Ce seuil de 50% du salaire médian est extrêmement bas : 7,47€ brut de l’heure en France. Soit 380€ retirés à chaque smicard français par mois, pour 35 heures ! D’autres pays se retrouveraient dans une situation aussi dramatique. Avec un SMIC fixé à 50% du salaire médian, les Bulgares devraient travailler 50 heures par mois pour atteindre leur seuil de pauvreté national. De la même manière, Luxembourgeois, Lettons, Lituaniens ou Estoniens seraient contraints de dépasser les 45 heures hebdomadaires pour sortir de la pauvreté, avec les recettes de Madame Loiseau. 

Si les projets de Madame Loiseau se concrétisaient, les salariés européens devraient travailler sans limite pour pouvoir retrouver… leur SMIC actuel. Non contente d’attaquer les salaires, elle attaque aussi, plus sournoisement, le temps de travail. En effet, avec un SMIC à 50% du salaire médian (soit 1€ de l’heure), les salariés Roumains devraient s’exténuer 100 heures par semaine pour retrouver leur niveau actuel de SMIC à 446€ ! 82 heures hebdomadaires pour les Lituaniens, 79 pour les Bulgares, 63 pour les Portugais, 59 pour les Hongrois… La proposition de Madame Loiseau reviendrait en réalité à rétablir le servage, intitulé « SMIC » !

Plus globalement : quelle que soit votre nationalité, avec les recettes de Madame Loiseau, absolument tous les SMIC d’Europe seraient abaissés ! Aucun n’est inférieur à 50% du salaire médian. Si vous êtes Luxembourgeois, vous perdrez 650€ par mois. Si vous êtes néerlandais, 400€. Allemand ou Slovène, ce sera 360 ou 330€ d’envolés. Encore une fois, cette proposition n’a rien de sérieux. Elle est inventée par la Macronie en détresse, qui rédige des projets politiques sur un coin de table sans y croire une seule seconde.

Madame Loiseau tente désormais d’improviser pour s’en sortir : il s’agirait de réserver ce SMIC aux pays qui n’en ont pas. Soit l’Italie, Chypre, la Suède, le Danemark, l’Autriche et la Finlande. Patatras ! Cela ne fonctionne toujours pas. Un SMIC à 50% du salaire médian tirerait tous les travailleurs vers le bas, collés au niveau du seuil de pauvreté. Les Chypriotes ne le dépasseraient même pas, tout en travaillant chaque semaine à temps plein. Le seuil est donc sciemment calculé pour ne servir à rien. Les 10% les plus pauvres en Italie, à Chypre, en Suède, au Danemark, en Autriche et en Finlande touchent partout des revenus supérieurs à 50% du salaire médian ! Les Suédois ou les Finlandais gagnent même 1,5 fois plus… Cela n’aiderait donc même pas les travailleurs pauvres de ces pays.

Comparons le SMIC-Loiseau avec une dépense courante : la location d’un appartement comportant deux chambres. Une femme ou un homme isolé avec enfant-s peuvent-ils survivre au « salaire digne » de Madame Loiseau ? La réponse est clairement non. Même en acceptant un appartement pourvu d’une seule chambre, vu les prix de l’immobilier, il sera impossible de se loger dans une capitale européenne pour travailler au salaire minimum dans l’Europe de Madame Loiseau. Sans même se nourrir, le salaire n’y suffirait pas ! Il manquera au smicard bulgare 673€ par mois pour se loger, 662€ à son homologue portugais, 564€ à son collègue tchèque… et 70€ à celui qui vivrait en France. En Slovénie, en Grèce, à Chypre, le SMIC-Loiseau requiert de travailler plus de 5 semaines par mois à temps plein pour se loger avec enfants ! Dans certains cas, être à deux ne suffit toujours pas. Un couple au salaire minimum avec enfant devrait ainsi débourser l’équivalent de 9 semaines de travail par mois pour se loger à Sofia, en Bulgarie

Loin de renforcer les protections des salariés, une telle proposition ouvre la voie à une liquidation des SMIC nationaux par la Commission européenne. Rien d’étonnant à cela : depuis 2017, la Commission européenne ne cesse d’admonester la France sur le niveau « trop élevé » de son SMIC. Elle déclarait ainsi dans le dernier rapport du Semestre européen sur la France qu’une « augmentation du salaire minimum entraîne des augmentations salariales pour la plupart des catégories de travailleurs et comporte le risque de compresser les salaires vers le haut ». Le 26 mai, défendons notre SMIC et celui des autres peuples européens : votons contre Macron et Loiseau, afin que leurs projets n’arrivent jamais jusqu’à la Commission européenne.


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