Tous les sites

« Égalité ? » - édito de Benoît Schneckenburger

pARTAGEZ

Edito de Benoît Schneckenburger, candidat aux élections européennes, publié le 4 mars 2019 dans l’Heure du peuple.

Le 8 mars 1977 l’Organisation des Nations unies créait une « Journée des Nations unies pour les droits de la femme et la paix internationale ». Pourtant l’idée d’une telle journée remonte au tout début du XX° siècle quand le mouvement socialiste fait siennes les revendications féministes. Les militantes marxistes Clara Zetkin (1857-1933) et Alexandra Kolontaï (1872-1952) proposent en août 1910, que l’Internationale socialiste célèbre le 19 mars 1911 la première Journée internationale des femmes. Elles revendiquent le droit de vote, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. Une exigence d’égalité forte depuis la Révolution de 1789 qui, si elle a déclaré l’égalité en droits des hommes et des citoyens, a vite occulté le sort des femmes, pourtant aux premières lignes des combats pour l’égalité et la liberté. Aujourd’hui chacun a pu souligner la forte présence des femmes dans le mouvement des Gilets Jaunes, même si les bandeaux de BFM peuvent parfois tenter de les ramener au statut de « femmes de gilets jaunes » au lieu de femmes gilets jaunes.

Plus de cent ans après, il reste pourtant encore tant de parcours pour faire triompher l’égalité. Égalité en droits, évidemment, mais surtout égalité en faits. Les écarts salariaux restent, en France, très élevés. Il s’agit non seulement des montants moyens, en partie explicables par la concentration de l’emploi féminin dans des secteurs peu rémunérés, mais également à même niveau de diplôme et de métier. Ainsi, les diplômées de Sciences Po sont payées 28% de moins que les hommes. Cet écart s’accroit à la retraite : les femmes l’obtenant un an plus tard que les hommes, mais avec des montants inférieurs de 42% ! Ces inégalités se renforcent avec les charges familiales : les mères qui travaillent on pour 33% un emploi à temps partiel, contre 4% pour les pères. Les femmes doivent passer quatre heures trente-huit aux tâches domestiques et familiales contre deux heures vingt-six pour les hommes. Les inégalités face aux violences sont plus graves encore. Une femme sur sept est victime d’une agression à caractère sexuel, contre moins de 4% pour les hommes.

Ces conditions ne doivent rien à la nature. Elles ne traduisent pas non plus un atavisme culturel indépassable : il n’y a qu’à voir les pays qui ont accordé le droit de vote aux femmes bien avant la France, dans des conditions culturelles très variées comme la Nouvelle Zélande (1893), la Belgique (1921) ou la Turquie (1929). Il s’agit toujours de volonté politique : l’éducation à l’égalité doit-être promue, des dispositifs doivent inciter, voire contraindre, les entreprises à respecter l’égalité salariale. Passer, comme le disait Marx, de droits formels à des droits réels. Il faudra plus qu’une journée de célébration !

Rechercher