Sondages : quand l’institut BVA est pris la main dans le sac

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Dans un message posté ce lundi, je soulignais les incohérences du dernier sondage BVA à propos des futures élections européennes. Alerté par un internaute, le journal Libération a donc publié un article d’explication présentant les justifications alambiquées de l’institut BVA. Celles-ci ne résistent toujours pas à l’épreuve des faits.

Ainsi, à la question de savoir comment il est possible de prédire pour la France insoumise un score total inférieur à la liste EELV alors que les résultats par catégories socioprofessionnelles donnaient toujours un résultat inverse, l’institut BVA répond que les résultats de certaines catégories socioprofessionnelles ne sont pas indiqués dans la notice explicative du sondage. Selon lui, ceux-ci contrebalanceraient les résultats des catégories publiées.

Pour parvenir à cet exploit, BVA crédite la France insoumise de 0% chez les « élèves, étudiants et inactifs », de 0% chez les indépendants et les chefs d’entreprise, et de 1% chez les professions intermédiaires. C’est donc comme par hasard dans les catégories non affichées que surviendraient des pics de résultats positifs pour EELV (jusqu’à 20% dans les professions intermédiaires) et des pics de résultats négatifs pour la France insoumise (jusqu’à 0% pour les « élèves, étudiants et inactifs » ou pour les indépendants et les chefs d’entreprise). Soit le hasard fait très mal les choses, soit BVA s’est permis d’inventer des résultats grotesques dans les autres catégories.

En effet, personne ne peut croire que la France insoumise qui avait réalisé 22% des voix à l’élection présidentielle chez les professions intermédiaires ne ferait plus que 1% aujourd’hui. Surtout quand, dans le même temps, les cadres et les employés (dont respectivement 19% et 22% avaient voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2017) seraient toujours 14% à vouloir faire de même. Quel est ce paramètre politique mystère qui fait que la catégorie se situant entre les cadres et les employés se serait totalement détournée du vote pour la France insoumise ? Et qu’est-ce qui permettrait d’expliquer que les 19% d’indépendants et les 24% d’inactifs qui avaient apporté leur suffrage à Jean-Luc Mélenchon en 2017 seraient désormais 0% à renouveler ce vote lors des élections européennes. Enfin, quel génie peut-il expliquer comment 0% des « élèves, étudiants et inactifs » voudrait voter pour la France insoumise en mai prochain alors que le même sondage prédit que 13% des jeunes entre 18 et 35 ans le ferait ?

Sans aucun doute aucun. Il semble plutôt que, pris la main dans le sac, l’institut BVA a improvisé à la hâte une réponse qui ne tient pas la route.

Sur le même sujet, lire aussi « Souriez, vous êtes manipulés » du lundi 25 février.

Note de blog de Manuel Bompard, candidat aux élections européennes, publié le 25 février sur www​.manuelbompard​.fr

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