L’examen du projet de loi sur l’école a débuté le 11 février et le conservatisme nauséabond des débats s’est rapidement imposé, la mécanique réactionnaire se met en marche alors que les sujets de fond ne manquent pas.
Les député·e·s de la France insoumise avaient déposé une motion de rejet préalable contre la loi qui accélère « la saignée » de l’école . Alors que les professeur·e·s appellent à plus de proximité et plus de justice sociale, ce projet de loi s’inscrit dans une politique d’austérité qui porte atteinte à l’égalité républicaine
Un contrôle vertical de l’exécutif pour une école sans professeurs
Le gouvernement cherche à bâillonner les enseignant·e·s avec la mise en place d’un devoir d’exemplarité du personnel éducatif qui pourra servir de base à des sanctions disciplinaires. La confiance règne en effet.
Alors que les mouvements #PasDeVagues et le groupe des stylos rouges se mobilisent pour dénoncer les conditions d’exercice du métier, le gouvernement choisit de les accabler pour les réduire au silence. La France insoumise soutient les stylos rouges ; halte à la fermeture des classes et des écoles, halte aux suppressions de poste, halte aux réformes usées et usantes ! Non à la censure contre la liberté d’expression des professeur·e·s et contre toute pensée critique envers la politique du ministère !
Toute une série de mesures vise ainsi à une mainmise toujours plus forte du ministère sur le pilotage de l’enseignement. L’article 9 prévoit une refonte du CNESCO actuel remplacé par la création d’un conseil d’évaluation de l’école entière sous contrôle du pouvoir politique. L’article 12 modifie la gouvernance des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation qui auront à leur tête des directeurs et directrices nommé·e·s par les ministres de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur.
A nouveau, le rapprochement avec le pouvoir politique est opéré. La volonté politique de placer ses pions et d’enfermer, dans une forme de servitude, les professeur·e·s candidat·e·s au poste est claire.
Accentuation des inégalités
Comme pour la réforme du lycée, qui crée des discriminations entre les lycéen·ne·s des quartiers populaires et des zones rurales et ceux des grandes villes, ce projet de loi risque d’accentuer la désertification scolaire alors même que les enseignant·e·s et parents d’élèves demandent plus de proximité. Ainsi, la proposition de Blanquer de créer des établissements des savoirs fondamentaux va accélérer les regroupements forcés tandis que le recours à l’expérimentation pédagogique ne va faire qu’accroitre les inégalités sociales et territoriales. Au contraire, la France insoumise demande un renforcement de la mixité scolaire , une amélioration du statut des accompagnant·e·s des élèves handicapé·e·s et propose un plan pour la liberté pédagogique.
Autre aberration : la création des établissements publics locaux d’enseignement international (article 6). Ces établissements ne vont que parachever la construction d’un système à deux vitesses avec des enseignements d’excellences, sélectifs qui favoriseront le creusement des inégalités sociales.
Démantèlement du service public de l’éducation
Le gouvernement n’a aucune ambition pour l’avenir des jeunes et détruit méthodiquement tous les piliers de l’école républicaine. Après la coupe annoncée de 1800 postes de fonctionnaires, le gouvernement poursuit son entreprise de démantèlement du service public de l’éducation avec cette nouvelle loi.
Dans sa logique implacable de réduction des coûts, le gouvernement souhaite permettre le recrutement de toujours plus de contractuel·le·s (article 15). La loi prévoit aussi de permettre l’accès aux fonctions pédagogiques aux surveillant·e·s. Blanquer a trouvé la parade infaillible pour embaucher des enseignant·e·s à moindre coût tout en réduisant la place et le nombre de fonctionnaires dans l’enseignement. Quoi de mieux qu’un·e enseignant·e précaire, payé·e moins d’un smic par mois pour remplacer un fonctionnaire ? Les député·e·s de la France insoumise avaient proposé un amendement pour rattraper le gel du point d’indice qui mine le pouvoir d’achat des enseignant·e·s . Cet amendement a été jugé irrecevable, preuve une fois encore du mépris du gouvernement pour le travail de nos professeur·e·s !
Le projet de loi instaure aussi la scolarité obligatoire dès l’âge de 3 ans ce dont nous nous réjouissons. Cependant cette décision aura aussi pour effet de faire payer les communes, qui auront l’obligation de participer aux dépenses de fonctionnement des maternelles privées. Ainsi, les communes devront répartir leurs ressources entre école privée et publique et donc diminuer les aides pour les maternelles publiques en minant par le même coup la mixité sociale et scolaire dès trois ans.
Au lieu d’une école inclusive, la réforme du gouvernement dessine un modèle d’éducation compétitive où les élèves les moins aisé·e·s devront se contenter d’une école au rabais.