Édito de Benoît Schneckenburger, candidat aux élections européennes, publié le 11 février 2019 dans l’Heure du Peuple.
Depuis 1968 jamais un mouvement social n’a été aussi réprimé. Des blessés par centaines. Des arrestations par milliers. Une utilisation désastreuse des forces de police, au rebours des mesures élémentaires de gestion de l’ordre public en envoyant des commandos armés de flashballs (LBD) et de grenades au milieu de cortèges rassemblant souvent des familles. Cette violence d’État s’assortit de reculs inédits des liberté publiques. Avant même que la nouvelle loi anticasseurs ne soit adoptée, les Préfets aux ordres mettent en place des mesures attentatoires aux libertés publiques, pratiquant des arrestations « préventives ».
La récente loi dite « anti-casseurs » a été unanimement condamnée par les principales associations de défense des droits de l’homme. Elle vise tout simplement à confier à une autorité administrative, directement aux ordres du gouvernement, la possibilité d’arrêter par avance, sans avoir commis de délits, des manifestants. L’interdiction de dissimuler, même partiellement, son visage, de toute manière déjà interdite dans le droit commun, devient une arme aux mains de forces de police qui pourront mettre en garde à vue quiconque viendrait avec une écharpe, un foulard ou tenterait de se protéger des quantités de gaz lacrymogène déversés démesurément à chaque manif.
Le gouvernement tente enfin de faire taire les opposants : aux perquisitions touchant la France insoumise à l’automne 2017, s’ajoutent désormais celles pour une presse qui veut révéler les dessous d’une affaire d’État. Et pour influencer encore la campagne électorale, une nouvelle perquisition tombe à point nommé sur l’un des animateurs de la liste France Insoumise.
« En même temps » cet autoritarisme est mis au service d’une ligne politique constante. Emmanuel Macron voudrait incarner le progressisme face aux gouvernements qu’il qualifie d’illibéraux. Il incarne en réalité les politiques austéritaires : pour imposer les traités libéraux, pour mener à bien les restructurations économiques demandées par le patronat, il renie les principes élémentaires de l’État de droit. Le gouvernement Macron continue ses renoncements en matière écologique. Il vient d’annoncer qu’il prolonge le glyphosate cédant aux lobbys agro-alimentaires. La loi énergie a renoncé à l’objectif de réduction du nucléaire à l’horizon 2025. Pire il a donné des gages à EDF en affirmant qu’aucun site ne fermerait, à l’exception de Fessenheim. Il intensifie la recherche en matière d’EPR, engageant la France dans un enlisement dans la dépendance au nucléaire. En multipliant les contrats à l’étranger pour vendre ces centrales coûteuses et hasardeuses, il empêche l’industrie française de prendre le tournant et l’avantage en matière de transition écologique par le développement des énergies alternatives. Business as usual.
Benoît Schneckenburger