Le scandale humain, sanitaire et écologique du chlordécone se poursuit depuis plus de 20 ans dans les Antilles françaises sans réaction des autorités. De son côté, Emmanuel Macron fait une nouvelle fois machine arrière sur le sujet. Après avoir déclaré en septembre dernier que « la pollution au chlordécone est un scandale environnemental » le président s’est fendu, devant les élu·e·s d’outre-mer le 1er février, d’une déclaration remettant en cause le caractère cancérogène de ce pesticide. Une affirmation particulièrement mal venue devant les habitant·e·s et représentant·s des territoires qui sont durement touché·e·s par les effets désastreux sur la santé, mais aussi sur l’environnement de son utilisation. Un revirement qui n’est pas sans rappelé celui sur l’interdiction du glyphosate.
Le 03 octobre 2018, lors d’une conférence de presse, les député·e·s de la France insoumise avaient d’ailleurs demandé l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur ce scandale.
Pour Emmanuel Macron, le chlordécone utilisé en Outre-Mer n’est pas cancérigène. Pour rappel : la Martinique détient le record du monde de cancers de la prostate. 🤔 pic.twitter.com/fSYtqxx09A
— AJ+ français (@ajplusfrancais) 5 février 2019
Cette prise de position qui va à l’encontre des nombreux rapports publiés à ce sujet a suscité de vives réactions. Les députés insoumis Younous Omarjee et Jean-Hugues Ratenon ainsi que les candidates pour les élections européennes Nadège Montout et Karine Varasse ont souhaité réagir à travers un communiqué :
Communiqué des insoumis·es
Martinique - Guadeloupe - Réunion
Nous, représentants de la France insoumise dans nos territoires respectifs, tenons à exprimer notre indignation et notre colère concernant les propos tenus le 01/02/2019 par M. le Président Emmanuel Macron, lors de SON débat devant les élus de nos territoires au cours duquel il a remis en cause le caractère cancérigène de la molécule contenue dans le chlordécone alors que le Centre International de la Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS l’a reconnu dès 1979.
Incroyablement soutenu dans ses propos par la ministre de la Santé Mme Agnès BUZYN, il ose interdire à nos élus d’informer les populations car aucun lien n’aurait été fait, selon lui, entre ce pesticide et le cancer.
Un tel procédé ne fera jamais partie de nos pratiques !
Est-il besoin de rappeler que :
- les USA ont interdit ce produit dès 1976 pour sa dangerosité
- l’Agence de Protection de l’Environnement et le Département de la Santé et des Services Sociaux des USA ont alerté dès 1981 sur les risques pour l’Homme
- des travaux sur le sujet ont été publiés par le Professeur BLANCHET et M. MULTIGNER, directeur de l’INSERM
- des milliers de cas de cancer chaque année hissent les Antilles en tête du triste palmarès des zones touchées par cette maladie
- les sols, les eaux sont empoisonnés pour des siècles et que 92% des Martiniquais et 95% des Guadeloupéens sont contaminés.
Le 3 octobre 2018, face à son inaction, les députés de la France insoumise avaient dû alerter sur l’urgence de l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur ce scandale humain, sanitaire et écologique.
Face au manque d’efficacité du président et de son gouvernement, le député européen de la France insoumise Younous OMARJEE qui travaille depuis longtemps sur ce dossier avait dû porter notre voix à Bruxelles en demandant également qu’une enquête soit ouverte au niveau européen.
M. MACRON n’est pas à la hauteur des enjeux et prouve, s’il en est besoin, qu’il refuse de prendre ses responsabilités vis-à-vis des populations antillaises empoisonnées à leur insu et sacrifiées sur l’hôtel du profit, de la rentabilité et d’un lobbying assassin.
Les populations de Martinique et de Guadeloupe doivent être dépistées gratuitement, suivies, accompagnées et les malades indemnisés.
Ce dossier doit être traité sérieusement et impartialement afin d’éveiller les consciences sur ce type de catastrophes et de mettre en place des protocoles efficaces pour la gestion de crises sanitaires et environnementales et surtout les éviter.
Cet épisode grave n’est que l’une des nombreuses marques de dédain, de mépris d’Emmanuel MACRON ou au mieux d’ignorance des problématiques et difficultés rencontrées au quotidien par nos populations
Nous refusons de mourir en silence et exigeons le respect qui nous est dû !
Karine Varasse, Nadège Montout, Younous Omarjee, Jean-Hugues Ratenon