ARJO-WIGGINS Sécurité : Chronique d’une fermeture

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L’Espace des Luttes de la France insoumise s’est rendu sur le site de la papeterie Arjo Wiggins Sécurité, de Jouy-sur Morin (77) ce lundi 28 janvier 2019. Nous avons pu y rencontrer les salariés, les représentants syndicaux et les camarades de la FILPAC-CGT, dont Franck Sailliot, son secrétaire général.

La situation sur place est tout à fait calamiteuse, en effet les 200 salariés du site (+18 au centre de recherche en Isère + 18 au siège de Boulogne-92) ont appris il y a deux semaines que l’actionnaire, Blue Motion Technologie, un fond de pension germano-helvétique, allait purement et simplement fermer l’usine le 30 janvier.

Le fonds de pensions actionnaire a racheté l’entreprise en 2017 au groupe SEQUANA qui avait empoché ces dernières années plus de 250 millions d’euros d’aides publiques.


La nouvelle de la fermeture laisse les salariés dans l’incompréhension la plus totale dans la mesure où le site, non seulement, gagne de l’argent mais a, en outre, un carnet de commandes plein pour plusieurs mois. La particularité d’Arjo Wiggins Sécurité est de produire des papiers hautement techniques et hautement sécurisés, vendus dans plus de 150 pays à travers le monde… Ces papiers sont utilisés pour imprimer des billets de banque, des chèques et des cartes grises.

Tous ces papiers sont issus d’un savoir-faire de près de quatre siècles, et pour certains ne sont fabriqués nulle part ailleurs dans le monde. Le papier pour cartes grises en particulier n’est produit que sur le site de Jouy sur Morin… L’usine dispose de tous les agréments des banques centrales, et en particulier de la BCE pour pouvoir produire ces papiers.

Hier, lundi 28 janvier, a eu lieu une réunion avec la Préfète de Seine-et-Marne et une autre réunion a lieu ce mardi matin avec la sous-préfète. Les salariés ont obtenu, sous réserve d’un accord, que leur soit attribuée une compensation salariale plafonnée à 300 € pour ceux qui retrouveront un travail à l’issue de la fermeture. Cette proposition doit encore être soumise aux salariés à l’heure nous écrivons ces lignes.

En revanche ce qui est tout à fait invraisemblable, compte tenu des productions extrêmement sensibles de ce site, c’est l’apathie totale du gouvernement et les pouvoirs publics en général face à la fermeture d’une capacité de production stratégique pour l’état. À ce stade, et afin de faire pression, les salariés ont décidé de s’en prendre au stock de papier pour carte grise, environ 80 bobines de 5000m linéaires chacune, et d’en brûler une toutes les 12 heures si l’État ne prend pas ces responsabilités dans ce dossier.

N’étant pas censé pouvoir se fournir ailleurs l’État devrait être à court de papier cartes grises d’ici deux mois. Chaque bobine représentant plusieurs millions d’euros équivalents en recette pour l’état.

Il est parfaitement insupportable de voir un actionnaire étranger s’en prendre de la sorte à une entreprise française de savoir-faire ; ce dossier est à rapprocher de celui d’Alstom, de STX ou d’autres dans lesquels la puissance publique ne joue absolument pas son rôle de protection ni de notre industrie ni de nos emplois mais contraire les brade a des puissances financières internationales au mépris de l’intérêt général.

Les salariés d’Arjo Wiggins Sécurité ont évidemment l’entier et le plein soutien de l’Espace des Luttes de la France insoumise dans leur combat.

Pour l’Espace des Luttes,

Guillaume Quintin

Pour plus d’informations :

Communiqué sur le site de la FILPAC CGT

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- Article Libé du 27 février 

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