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« Fric ou démocratie ? » - édito de Benoît Schneckenburger

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Édito de Matthias Tavel, candidat aux élections européennes, publié le 28 janvier 2019 dans l’Heure du Peuple.

Il fallait oser. Le forum de Davos l’a fait. C’est le nouveau chef de l’État brésilien Jaïr Bolsonaro qui a été invité à prononcer le discours inaugural de ce forum international du fric et de l’oligarchie. Les grands patrons du monde ont ainsi applaudi un dirigeant autoritaire, sexiste, homophobe, climatosceptique, élu au terme d’une élection biaisée par le putsch judiciaire contre Lula. Quelques jours plus tard, le même Bolsonaro était le premier avec Trump à soutenir le coup d’État au Venezuela. « Plutôt Hitler que le Front populaire » clamaient les milieux d’affaires des années 1930. Un siècle plus tard, rien n’a vraiment changé.

Le tournant autoritaire des riches et des détenteurs du capital se confirme partout. En France, le pouvoir macroniste affronte les manifestations de rue qu’il encense au Venezuela. Chaque semaine, il alimente les violences en méprisant les Gilets jaunes et en laissant sans sanction les brutalités d’une partie des policiers. Le voilà désormais main dans la main avec Le Pen et Wauquiez pour imposer une loi anticasseurs venue de la droite dure, et qui permettrait notamment des interdictions préventives de manifester ! Face à cela, le défenseur des droits Jacques Toubon, pourtant ancien ministre RPR, passerait presque pour un révolutionnaire quand il demande l’arrêt de l’usage des lanceurs de balles de défense par les forces de l’ordre !

C’est que l’affrontement entre capital et démocratie est bien plus profond. Le New York Times publiait ainsi en 2018 une longue analyse chiffrée montrant que « les centristes sont les plus hostiles à la démocratie » ! Dans le monde du libre-échange et de la concurrence libre et non-faussée, il n’y a pas de place pour la délibération collective, la régulation, la réglementation. Les multinationales attaquent les États en justice et réclament des tribunaux privilégiés. Les traités de libre-échange s’appliquent sans n’avoir jamais été soumis au Parlement comme celui avec le Canada. Les marchés financiers sont chargés de faire le maintien de l’ordre économique en attaquant les gouvernements récalcitrants. C’est ce que les eurocrates appellent la « discipline de marché ».

Par ses traités dogmatiques et ses pratiques autoritaires, l’Union européenne est devenue une camisole pour les peuples. Le renforcement à marche forcée du « couple franco-allemand » par le traité d’Aix-La-Chapelle montre que c’est une vis sans fin si elle n’est pas stoppée par l’irruption populaire. Car cet autoritarisme a un but : prendre aux pauvres pour gaver les riches. La brutalité est ainsi sélective : tricheurs fiscaux, destructeurs d’écosystème, patrons voyous ne sont pas traités avec la même sévérité. Dans les entreprises, les incapables friqués confisquent le pouvoir au détriment des salariés compétents. La justice sociale et climatique ne s’imposera qu’en faisant sauter le verrou autoritaire.

Matthias Tavel

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