Édito de Benoît Schneckenburger, candidat aux élections européennes, publié le 22 janvier 2019 dans l’Heure du Peuple.
L’une des causes majeures de la mobilisation sociale qui secoue la France depuis ces dernières semaines tient certainement à la morgue des pouvoirs, politiques, économiques et médiatiques, qui n’écoutent plus le peuple depuis longtemps. Le référendum concernant le Traité Constitutionnel européen en avait tracé les prémisses. Une intelligentsia crispée sur ses certitudes avait tenté de délégitimer les attentes populaires, accusant - déjà – les voix discordantes de populisme et de faire le jeu des extrêmes. Le résultat pourtant sans appel a été suivi d’un concert de condamnation et à un contournement de la volonté populaire par le traité de Lisbonne.
Marx nous a mis en garde. L’histoire se rejoue toujours deux fois : une fois comme tragédie, une fois comme comédie. Et il y a de la comédie dans les rebondissements par lesquels le Brexit n’en finit pas. Le carcan des traités est tel que personne ne semble comprendre comment rendre la sortie possible. Et ce n’est pas une question qui concernerait les seuls Theresa May ou Jeremy Corbynn. Chaque victoire ou crise démocratique nous voient opposés des scenarii de catastrophes majeures qui ne sont jamais établis sur des faits réels : souvenez-vous de l’accession au pouvoir de François Mitterrand annonçant les chars, les pénuries alimentaires. Tout devient prétexte pour contourner les décisions populaires.
Emmanuel Macron tente lui aussi de faire oublier les attentes des Français. Dès sa prise de fonctions, il a voulu instituer une ère jupitérienne. Réfugié sur l’Olympe, il considère avec condescendance les mortels. Les mortels n’ont pas les aspirations des dieux. Ils ne peuvent pas négliger les fins de mois. La hausse du coût de la vie, sous le double impact des politiques d’austérité et d’une fiscalité injuste, ponctionne les classes populaires et affranchit les plus riches et les multinationales de tout devoir de participation à la solidarité nationale. Il n’y répond pas. La revendication du référendum d’initiative citoyenne traduit la défiance populaire. Elle ne peut être qu’un moyen et non une fin en soi, car les revendications sont connues : justice, égalité, redistribution. Le R.I.C. ne peut tenir à lui seul lieu de politique. Disons même que dans le cadre de la cinquième république il reste insuffisant si l’exécutif choisit les questions, comme il le fait en lançant un ersatz de grand débat national. Jupiter peut être tenté par Napoléon III et le référendum plébiscitaire. Qu’il n’oublie pas que l’empereur a été surnommé ensuite Napoléon le petit et que la Commune lui a succédé.
Benoît Schneckenburger