Depuis mi-décembre, les enseignant·e·s rejoignent massivement les groupes Facebook des Stylos Rouges. Ils sont à ce jour plus de 66 000 sur le groupe national.
Sans s’opposer aux organisations syndicales, les Stylos Rouges veulent rassembler largement le monde enseignant autour de trois revendications au cœur de leur manifeste : le pouvoir d’achat, les conditions d’études des élèves et la reconnaissance du métier. Ils demandent également le retrait des contre-réformes du lycée et de la voie professionnelle et ils rejettent la future loi Blanquer ainsi que la réforme des retraites annoncée.
Le pouvoir d’achat des enseignants au cœur du mouvement des Stylos Rouges
Les professeur·e·s des écoles en France travaillent 20% de plus que leurs collègues européens, pourtant leur salaire est parmi les plus faibles en Europe. Le pouvoir d’achat des enseignant·e·s n’a en effet cessé de s’éroder au fil des ans. M. Blanquer, interpellé à ce sujet dans le média, a rappelé la défiscalisation des heures supplémentaires, alors que les enseignant·e·s travaillent déjà 43h par semaine en moyenne ! Ces mesures ne concernent par ailleurs que le second degré. Les Stylos Rouges demandent non seulement le dégel du point d’indice et son indexation sur l’inflation, mais également une augmentation de leur traitement pour rattraper le pouvoir d’achat perdu.
Des conditions d’apprentissage qui se dégradent
Dans le primaire, le dispositif 100% réussite (le dédoublement des CP et CE1 dans les écoles en éducation prioritaire) doit être pleinement déployé à la rentrée 2019, tout comme la scolarisation obligatoire des enfants à partir de 3 ans. Ces mesures nécessiteraient la création de 5000 postes selon les syndicats… alors que le gouvernement annonce seulement 2325 « équivalents temps plein » ! 13 académies n’auront même aucun moyen supplémentaire à la rentrée. Il faut donc s’attendre à nouveau à des fermetures massives dans les écoles rurales, en maternelle… et par conséquent à des effectifs de classe qui explosent.
Dans le second degré, la seconde heure supplémentaire imposée tente de camoufler les effets des suppressions de postes. Alors que 32 000 élèves rentreront au collège en 2019, c’est près de 2500 équivalents temps plein qui disparaitront.
Les Stylos Rouges exigent la réduction du nombre d’élèves par classe, l’arrêt des suppressions de postes, la fin des emplois précaires et des moyens pour les élèves à besoins spécifiques.
Pourquoi les contre-réformes de M. Blanquer sont-elles rejetées ?
Les filières (L, S, ES, etc) en tant que telles seront supprimées et remplacées par des spécialités que les lycéen·ne·s pourront choisir. Cependant, les établissements ne les proposeront pas toutes : des élèves devront parcourir des dizaines de kilomètres pour suivre un enseignement auquel ils ont pourtant droit.
D’autre part, alors que Parcoursup est déjà un incroyable outil de tri social, le bac « à la carte » fera la part belle au contrôle continu et renforcera ainsi les inégalités territoriales. Les établissements en périphérie, considérés comme accueillants des publics moins performants verront leur bac moins côté que celui acquis dans des lycées prestigieux de centre-ville.
La future loi Blanquer dite loi « pour une école de la confiance », qui revient notamment sur la liberté d’expression des enseignants, doit être abandonnée pour les Stylos Rouges.
Les Stylos Rouges en action !
Envoi de stylos rouges à l’Élysée, demande de visite médicale alors qu’aucun médecin ne pourra les recevoir, corrections de copies en plein air… Voilà quelques-unes des actions lancées sur les réseaux sociaux.
Les Stylos Rouges de Lille ont été les premiers à se réunir et organiser des rassemblements devant les rectorats. Ils ont été suivis ce mercredi par plusieurs académies.
A Paris, un cortège a été organisé samedi dernier au départ du lycée Henri IV, ancien établissement d’Emmanuel Macron.
Plus d’une centaine d’enseignant·e·s, de parents d’élèves et d’AESH se sont mobilisé·e·s, certain·e·s ont ensuite rejoint les Gilets jaunes derrière la banderole « Stylos Rouges – GJ Même Macron Même combat ».