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« La demande et la réponse » - édito de Charlotte Girard

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Édito de Charlotte Girard, publié dans l’Heure du Peuple, le 14 janvier 2019.

Le « grand débat national » va durer un mois. On doute déjà massivement de son efficacité. Personne n’a vraiment compris quels en étaient les objectifs, les contours et les méthodes. On se rappellera quand même que Chantal Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), chargée dans un premier temps de l’organiser s’est finalement désistée de cette tâche, mais n’a pas renoncé aux émoluments confortables perçus à ce titre.

Le « grand débat », conçu à l’initiative du Président de la République et engagé par le Gouvernement, permet-il de répondre aux demandes formulées par les Gilets Jaunes ? Est-ce qu’un « grand débat » présenté comme l’octroi du pouvoir exécutif, par ailleurs sans but institutionnel précis – ni réforme institutionnelle d’ampleur, ni révolution fiscale, ni droits nouveaux –, mais manifestement voué à la reconduction de l’existant peut répondre à la demande ?

Dans les périodes révolutionnaires, le peuple s’est trouvé institué lui-même au travers de ses propres demandes. C’est parce que le contenu de ses demandes portait sur des dimensions essentielles – à savoir l’exercice même du pouvoir de l’État et ce qui fonde le lien entre les individus et celui-ci (l’impôt, les droits) – que le peuple est sorti de ces périodes doté d’un pouvoir et donc d’un statut institutionnellement reconnu. C’est aussi parce que la procédure inventée et utilisée pour prendre en charge ces demandes débordait les cadres institutionnels admis jusque là – auto-proclamation du tiers réuni comme assemblée nationale constituante par exemple – que le peuple a obtenu une reconnaissance juridique particulière, autonome et puissante. C’est enfin parce que la pression concrète, physique, de la population en demande pesait continûment sur les instances du pouvoir en place que le peuple a fini par représenter quelque chose que personne ne pouvait plus ignorer.

Visiblement pas un seul Gilet Jaune n’est dupe : ce « grand débat » est complètement à côté de la plaque. Et pour cause, depuis le début de cette histoire, il est manifeste que le pouvoir en place ne souhaite pas répondre à la demande essentiellement politique qui est faite. Ce n’est pas dans les habitudes de la maison – souvenons-nous que l’irresponsabilité présidentielle est inscrite dans la constitution. La situation est donc révolutionnaire. La solution le sera tout autant. Ou alors, on repartira pour un tour de faux-semblants démocratiques.

Ce raisonnement vaut aussi pour le référendum d’initiative populaire ou citoyenne, étrangement accueilli à bras ouverts par le pouvoir. Le RIC ne peut répondre tout seul à la demande exprimée surtout si les conditions qui y président ne sont pas ouvertes à la discussion populaire. Car personne ne peut croire à son effectivité si le cadre demeure. Nul ne saurait enfermer le peuple dans une boîte à laquelle il ne consent plus.

 

 

Charlotte Girard

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