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Pourquoi l’État doit nationaliser temporairement l’usine Ford de Blanquefort

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Quand l’indignation feinte essaie de masquer l’inutilité politique

Ford vient d’annoncer le 14 décembre la fermeture définitive du site de Blanquefort au 1er septembre 2019, refusant de fait la reprise par le groupe Punch PowerGlide. Presque 850 emplois seront ainsi supprimés dans 10 mois, 850 familles seront impactées : une réelle catastrophe sociale et économique ! Le choix de Ford entre aide à la reprise et fermeture s’est fait sur un seul critère : payer le moins possible !

Depuis plusieurs jours et encore ce lundi les salariés assistent à un déballage de réactions outrées et faussement naïves de responsables politiques sur l’attitude de la multinationale : « honte, trahison, décision immorale ». Qui n’a pu jamais croire qu’une multinationale comme Ford agissait par moralité ou éthique, alors que bien évidemment seuls les profits des actionnaires comptent ?

Aujourd’hui l’exemple FORD, avec 7 milliards d’euros de bénéfices en 2017 et plus de 100 millions d’euros de subventions publiques perçues depuis 10 ans révèle l’impuissance et l’absence de toute vision de ces responsables politiques. Ils font mine de pleurer les conséquences d’une politique qu’ils défendent depuis des années : ils paient pour ce système où les salaires sont présentés comme un coût alors qu’ils ont un prix. Ils pensent que la compétitivité est un objectif dans une Europe sans limites au dumping social, où il faudrait s’aligner par exemple avec l’Autriche qui vient de voter la semaine de 60 h ou encore la Bulgarie et ses 261 € mensuels.

Même le ministre de l’Economie B.Le Maire en avait fait l’aveu, sans rougir, dans la presse en fin de semaine dernière : les dirigeants de Ford ne lui répondaient même plus au téléphone. A quoi sert-il ?

Depuis le ministre s’est lui-même posé cette question de l’utilité de son action. Il annonce dans une nouvelle interview s’être enfin rendu compte qu’au mépris des dirigeants de Ford il pouvait opposer la fermeté d’une décision politique de reprise temporaire par l’État. Pour l’instant une simple « menace » dit-il. 

Je l’invite à passer aux actes, comme je l’exprimais dès lundi : si le Gouvernement et les élus locaux veulent se battre pour les emplois et l’industrie ils doivent cesser les faveurs envers les multinationales. Les promesses de « responsabilité » des actionnaires de Ford ne valent rien, aucun des engagements pris « la main sur le cœur » n’a été tenu : il faut par la loi contraindre les patrons voyous. L’urgence est à la responsabilisation des donneurs d’ordre et au protectionnisme solidaire pour garantir les emplois et permettre la transition écologique : le dumping social et environnemental génère la désindustrialisation de notre pays depuis des décennies, la tragique fermeture de Ford n’en est qu’un avatar supplémentaire.

Les élus doivent tous demander le remboursement des sommes perçues indûment pour le maintien de l’emploi, Ford doit payer et agir pour qu’aucun·e salarié·e ne soit sans ressources ni sans emploi après les licenciements prévus en 2019. 

Pour une véritable politique industrielle, l’État doit s’emparer de la question en nationalisant temporairement l’usine, comme il l’a déjà fait pour les chantiers de l’Atlantique, pour permettre l’installation d’un repreneur.

Les salarié·e·s n’ont que faire des larmes de crocodile et des regrets d’élu·e·s inefficaces. Il faut des actes. Maintenant.

Je souhaite que les dernières déclarations du ministre B. Le Maire actent cette nécessité impérieuse. En tout état de cause elles confirment que nos propositions politiques sont les seules actuellement valides pour faire face à la financiarisation de l’économie.

Loïc Prud’homme

Député de Gironde -France insoumise

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