Edito de Charlotte Girard, candidate aux élections européennes, publié dans l’Heure du Peuple le 21 novembre 2018 à cette adresse.
La journée de protestation contre la hausse du carburant a fait trembler le pouvoir en place pourtant si sûr de lui. Les « gilets jaunes » ne sont plus dupes. D’ailleurs c’était gros comme une maison effondrée par le poids de la pauvreté. Ce gouvernement ne nous veut pas du bien, à nous, le peuple. Maintenant, on en est sûrs et on le dit. Sans filtre. Avec la force du désespoir.
On le lui a dit d’une autre manière encore le lendemain de cette grande mobilisation avec les rencontres nationales des quartiers populaires dans lesquelles on a recensé et recherché les solutions à proposer pour faire plus qu’y survivre. « Nous, on peut ! Pourvu que vous ne nous coupiez pas les vivres ! » On le lui a dit lors de l’élection législative partielle pour remplacer Valls par l’insoumise Farida Amrani. Il faudra d’ailleurs le répéter ce dimanche 25 novembre, second tour de cette élection.
Emmanuel Macron, ne nous tournez pas le dos. N’allez pas prendre vos ordres à Berlin. Ne vous enfermez pas dans le « réflexe franco-allemand » sans avoir examiné d’autres façons de voir l’économie politique dans l’espace européen. Or c’est ce que l’accord parlementaire entre l’Assemblée nationale et le Bundestag vient de sceller le 14 novembre dernier. Sous la forme d’un soft power parlementaire, l’intention normative est là, de dimension européenne : favoriser le rapprochement des droits et « ancrer le réflexe franco-allemand » pour la transposition des directives de l’UE. Tout dans ce pouvoir, quelle que soit sa forme - présidentielle, parlementaire -, transpire le mépris du peuple.
Serions-nous à ce point indigne d’attention ? À ce point, rien ? C’est qu’on finit par le croire ! Ça arrive très tôt quand on est une femme d’ailleurs. Quand on est une femme on comprend vite que d’un côté on peut se passer de nous, surtout dans l’espace public, en politique, au travail, et tout particulièrement à des postes de direction ; et que, d’un autre, on est indispensables, pour faire des enfants, pour les élever, tenir une maison, autrement dit pour assurer la reproduction de l’espèce et la reconstitution de la force de travail. C’est tellement la réalité que des hommes frappent, violent et tuent des femmes parce qu’elles sont des femmes, leurs femmes. Ils sont autorisés à les dominer dans ce jeu de rôles où les femmes sont persuadées qu’elles ne sont rien. C’est pourquoi la rue est ouverte samedi 24 novembre aux femmes et aux hommes pour la grande marche contre les violences sexistes et sexuelles.
Il faut y être, car c’est finalement l’occasion de refuser le même jeu de rôle, celui de la domination qui écrase une multitudes de gens parce qu’ils ne sont rien dans la tête des puissants et finissent par n’être rien non plus dans la leur propre.
Charlotte Girard