La France insoumise est un mouvement : depuis sa création elle s’inscrit dans un état d’esprit novateur. En permanence, elle cherche à inventer des nouvelles modalités d’organisation, refusant de retomber dans les travers des partis politiques traditionnels. Cet état d’esprit lui a permis d’obtenir 7 millions de voix lors de l’élection présidentielle de 2017 et de compter 500 000 membres.
La convention de La France insoumise qui se déroule actuellement et se clôturera à Bordeaux les 8 et 9 décembre est un exemple de cet état d’esprit. En appelant les insoumis·es à contribution pour faire évoluer l’organisation du mouvement, décider des initiatives de campagne pour les élections européennes et choisir les campagnes nationales du mouvement, elle permet la participation de tou·te·s les insoumis·es à ses prises de décision.
L’équipe de synthèse était constituée de 6 personnes à parité de genre, représentatives de la diversité du mouvement : deux membres de l’équipe du programme et quatre membres tiré·e·s au sort. L’équipe était composée de :
Baptiste Forez, membre de l’équipe programme
Léna Silva, membre de l’équipe programme
Agnès Cueille, tirée au sort
Tim Pillot, tiré au sort
Myriam Thieulent, tirée au sort
Yaniv Fitoussi, tiré au sort
Pour élaborer cette synthèse, les contributions ont été réparties entre les différents membres de l’équipe. À la suite de la lecture individuelle de chaque contribution, une synthèse a été élaborée collectivement.
Toutes les contributions sont orientées vers la poursuite d’un objectif commun plaçant encore et toujours l’intérêt général au cœur d’actions concrètes. Les contributeur•rice•s ont souvent mentionné la nécessité de mettre en œuvre des campagnes instructives et menées à l’échelon local, national mais aussi européen. La France insoumise devra donc occuper l’espace démocratique à l’occasion des échéances électorales, européennes et municipales, mais aussi créer d’autres temps forts.
Les principaux thèmes de campagne issus du programme L’Avenir en commun
Cette année encore, le programme de l’Avenir en commun demeure la colonne vertébrale de l’action du mouvement et de la construction d’une alternative au système oligarchique en place.
Ainsi, près de 18 mois après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, les contributions s’articulent autour de la nécessité de porter des campagnes mettant en avant les urgences écologique, sociale, démocratique. Bafouées ou mises à l’écart par le pouvoir en place, ces grandes urgences doivent être expliquées de manière concrète et s’ancrer autour des préoccupations du peuple.
L’urgence climatique et la transition écologique
Cette année encore, l’écologie est le thème majeur des contributions. Elle doit être au centre de toutes les décisions. Si les axes de campagnes sont multiples, la transition écologique doit servir de fil conducteur pour amorcer une relance économique basée sur la règle verte : « Ne pas prélever sur la nature davantage que ce qu’elle ne peut restituer, ni produire plus que ce qu’elle peut supporter. » Plusieurs contributeurs•rices s’accordent à penser que la transition écologique permet de démontrer la responsabilité du système capitaliste dans le dérèglement climatique et d’imaginer un nouveau modèle de société fondé sur l’écosocialisme.
Plusieurs soulignent la nécessité de mener campagne pour enclencher une réforme de nos modes de production en favorisant l’agriculture paysanne biologique, la préservation des sols et de la biodiversité, les énergies renouvelables et la sortie du nucléaire, une gestion durable de l’eau et des forêts. L’interdiction des pesticides et plus généralement la lutte contre la pollution, l’abandon du plastique et la réduction des déchets reviennent de manière récurrente. Une contribution invoque l’importance de légiférer contre l’obsolescence programmée.
L’idée de démontrer l’urgence de consommer autrement est également avancée. Un appel au boycott de la grande distribution pourrait être lancé tout en mettant en avant le bien-fondé des circuits courts et de la vente directe pour accéder à une alimentation saine. Une labélisation des agriculteur•ice•s, artisan•e•s, commerçant•e•s éco-responsables est proposée. Les initiatives locales, comme les cantines bio ou les jardins partagés, notamment dans les quartiers populaires, sont ainsi souvent mentionnées. La question de la mobilité est abordée sous l’angle du développement des transports en commun écologiques, notamment le train, et de l’incitation à marcher et à utiliser des vélos pour les déplacements individuels. Quelques contributeurs•rices se prononcent en faveur de la défense de la cause animale, de l’abolition de la chasse et de la tauromachie.
Plusieurs insoumis•es insistent sur la mise en place d’un Conseil écologique indépendant comme organe de contrôle et de blocage des décisions polluantes. Une garantie à notre bio-sécurité.
L’urgence sociale
Les insoumis•es sont nombreux•ses à souhaiter poursuivre une mobilisation autour d’une plus juste répartition des richesses. La solidarité, déclinée à l’échelon national et international, est l’axe le plus fréquemment choisi pour engager les luttes.
Au niveau national, la solidarité avec les plus démuni•e•s est un thème fort de campagne, fréquemment mentionné sous l’angle de l’accès au logement, du soutien des quartiers populaires, de la défense du secteur associatif. Il est souvent fait mention du monde du travail, décliné autour de la lutte contre le chômage, les attaques des droits sociaux, la souffrance et la précarité au travail ou en faveur de la réduction du temps de travail, la retraite par répartition et la formation professionnelle qualifiante. De même les conditions d’accès à la santé et la sécurité sociale doivent être fermement défendues. Une contribution s’attache à vouloir faire campagne sur l’égalité femmes-hommes.
Au niveau international, la solidarité se traduit par des campagnes en faveur de la paix, l’accueil des migrant•e•s et un protectionnisme solidaire.
L’urgence démocratique et la défense des services publics
Les contributeur·rice·s se demandent comment se réapproprier la démocratie locale et nationale. Pour cela, « la transition démocratique », pour reprendre une expression heureuse de l’un des contributeur·rice·s, doit s’amorcer autour de la démocratie locale et de la VIème République.
Plusieurs contributions visent à promouvoir des initiatives régionales, comme les monnaies locales complémentaires, respectueuses des cycles courts de l’économie. D’autres invitent à la déconcentration du pouvoir des grandes métropoles et à favoriser les décisions locales.
Au niveau national, les contributeurs•rices, appellent à faire campagne autour de thèmes connexes identifiés comme facteurs de détournement de la démocratie citoyenne. Il s’agit en l’occurrence de dénoncer le poids de lobbies dans les prises de décisions politiques et d’exiger leur éviction. Les insoumis•es s’attachent aussi à se mobiliser en faveur des référendums d’initiative citoyenne. Enfin certains rappellent que la garantie d’un système démocratique efficace s’accompagne du non-cumul des mandats, de leur limitation dans le temps et de la possibilité de révoquer les élu•e•s.
Concernant nos institutions, la proposition est faite d’engager dès à présent un travail constituant informel afin de disposer en 2022 d’un premier projet de VIe République.
La question des services publics est un thème récurrent d’appel à mobilisation, notamment contre les privatisations et l’affaiblissement de l’État, en faveur des services publics tout au long de la vie, partout sur le territoire. Plusieurs secteurs sont évoqués dont l’école, les transports mais une mention particulière insiste sur l’impérative défense de notre système de santé contre les lobbies, pour davantage de prévention, contre le glyphosate, pour la sécurité sociale à 100%).
Vers de nouveaux thèmes de campagne ?
Les contributions ont permis l’émergence de nouveaux thèmes de campagne. Ainsi certain•e•s insoumis•es soumettent l’idée d’étoffer les propositions de la France insoumise relatives à l’éradication de la pauvreté, notamment concernant la gratuité des soins, des transports et à la mise en place d’une couverture alimentaire universelle.
Cependant la plupart des contributeurs•rices mentionnent plus souvent la nécessité d’approfondir certains thèmes issus du programme parmi lesquels figurent les pesticides, la politique agricole commune, la condition animale, l’élevage et la pêche intensive…
Plusieurs contributions font état du besoin de promouvoir des campagnes permettant de montrer plus explicitement l’interdépendance des différents axes du programme l’Avenir en commun. Ainsi une contribution propose que les campagnes soient toutes déclinées par rapport à l’urgence écologique en faisant les liens entre les différents aspects. Certaines proposent aussi la mise en œuvre des campagnes fédératrices liant les préoccupations des villes, des campagnes et des quartiers populaires. Il est fait mention d’un discours rassembleur et non agressif.
L’adaptation des campagnes aux prochaines échéances électorales, européennes et municipales ?
Pour les Européennes
Sur différents thèmes, les contributions soulèvent la nécessité de porter à la connaissance du public l’impact de l’Union européenne sur la transition énergétique, la politique agricole commune, la privatisation de l’énergie, les traités de libre-échange et les différents lobbyings (pharmaceutiques, chimiques, énergétiques…). L’objectif est également de mieux comprendre le rôle de l’UE dans les dérégulations (loi travail) et l’affaiblissement des services publics. Un sujet connexe, la lutte contre l’évasion fiscale revient régulièrement comme source de financement nécessaire au fonctionnement des services publics sachant que l’UE qui ne fait pas le nécessaire en la matière.
Enfin les contributeur•rices appellent de leurs vœux les référendums d’initiative citoyenne à l’échelon européen.
Certaines contributions proposent de développer des campagnes en lien avec les partenaires européens de la France insoumise du mouvement « Maintenant le Peuple ! ».
Certain•e•s insoumis•es se demandent quelles seront les capacités d’action de la France insoumise et ses éventuelles alliances au niveau européen. Ils demandent donc que ces réponses soient clairement exposées en amont des élections.
Pour les municipales
Certaines contributions évoquent l’idée de promouvoir une vaste campagne expliquant de quelle manière l’argent public collecté par l’impôt contribue (ou pas) aux biens communs des citoyens via les dispositifs de partenariat public/privé, la modification du plan territorial, l’attribution des subventions et aides aux différents échelons du local à l’Europe.
Pour les municipales, des insoumis•es proposent la création de comités thématiques, à l’échelle d’un quartier, afin d’associer les habitants à l’élaboration du programme et des priorités.
A qui devons-nous parler ?
Plusieurs « cibles » sont citées dans les contributions, les habitants des territoires ruraux, les résidents d’Outre-mer, les étudiants en formation professionnelle avec une récurrence particulière pour les jeunes.
Comment devons-nous en parler ?
Il ressort des contributions l’importance de porter plus qu’un programme, une utopie, une vision du monde, de faire rêver. La France Insoumise doit être un modèle à suivre en France et à l’international.
Pour ce faire, les contributions font souvent état de la nécessité de démontrer concrètement les méfaits du libéralisme en prenant pour exemple le secteur associatif en décrépitude, la triste expérience des Antilles confrontées à une contamination massive des populations et des sols par le chlordécone… L’objectif est de montrer dans quelle mesure la vie de chacun sera impactée.
Quelques actions nationales sont proposées comme une pétition nationale demandant la baisse du prix de l’essence par la taxation des profits de compagnies pétrolières.
2ème phase de consultation sur les thèmes de campagne de la France insoumise en 2019
Suite à la synthèse de la boîte à idées sur les campagnes thématiques du programme du mouvement, nous lançons une deuxième phase de consultation. Sur la base des contributions, une première liste de thèmes est proposée. Des contributions peuvent être effectuées pour compléter cette liste. Un vote en ligne des insoumis•es sera lancé le 26 novembre pour sélectionner les campagnes à mettre en œuvre par le mouvement dans les prochains mois, en complément de la campagne pour les élections européennes et de la préparation des élections municipales à venir.
- Face à l’urgence écologique
- L’inscription de la « règle verte » dans la Constitution
- La lutte contre le réchauffement climatique et la réduction de la consommation énergétique
- Les mobilités éco-responsables
- La lutte contre les pollutions environnementales
- Produire et consommer autrement et lutter contre le gaspillage
- Favoriser l’agriculture biologique et les circuits-courts
- La lutte contre l’obsolescence programmée
- La défense de la cause animale (chasse, pêche intensive, abattoirs)
- Les scandales sanitaires et les médicaments
- La gestion de l’eau et des biens communs
- La défense des forêts
- Face à l’urgence économique et sociale
- La défense des services publics (hôpitaux, éducation, transports) et la gratuité
- L’accès aux soins et la sécurité sociale intégrale
- La défense des droits sociaux
- L’accès au logement, défense des HLM
- La fin au chômage de masse
- La défense du secteur associatif et des contrats aidés
- La souffrance et la précarité au travail
- Mieux vivre avec un handicap
- La défense des retraites et la protection des seniors dépendants
- La réduction du temps de travail
- L’accueil des migrants et la lutte contre les causes des migrations
- Le protectionnisme solidaire
- Face à l’urgence démocratique
- Vers une « 6ème République »
- La lutte contre les lobbies en France et en Europe
- Défense de la fonction publique, des services publics et de l’intérêt général
- Assurer la sécurité et lutter contre la délinquance financière
- La démocratie locale
- Les référendums d’initiative citoyenne
- La révocation des élus
- Agir pour l’égalité femmes-hommes