S’il y a une chose dont je suis fier à la France insoumise, c’est l’intérêt du mouvement, en plus du combat politique, à participer à promouvoir une idée de la fraternité appliquée, concrète et populaire que l’on retrouve dans les écrits du génial George Orwell sous l’appellation “Common Decency” que je traduirais par le bon sens populaire.
L’idée que dans le peuple, il y a une forme de “socialisme du vécu”, “une pratique traditionnelle de l’entraide et du coup de main”. C’est la confiance mutuelle incarnée et aussi une forme de conservatisme positif incarnée dans la devise de notre nation par une partie de sa devise, fraternité, qui se manifeste dans les mécanismes d’entraides de notre patrie qui nous sont chers (sécurité sociale, système de retraite, allocations familiales…)
Notre époque est à ce point viciée que l’individualisme véhiculé par le modèle capitaliste a fait reculer ce bon sens populaire. Il faut revigorer cet esprit d’entraide, premier pas vers une conscientisation massive. Un autre homme du début du XXe siècle l’a théorisé dans ses manuels pratiques. Cet homme est Saul Alinsky, le théoricien de l’auto organisation qui, à partir d’affects puissants comme la colère, arrive à créer des fraternités citoyennes qui se forgent dans la lutte contre les injustices. Ces techniques marchent plus que jamais et restent l’un des meilleurs moyens de redynamisation sociale que j’ai pu voir. La lutte est structurante et crée des liens puissants, même chez des gens qui ne s’entendent pas.
Il faudra pousser ce bon sens populaire à son paroxysme pour abattre tous les verrous qui empêchent la souveraineté populaire d’émerger. Le personnel politique actuel étant l’un de ses verrous. Mais le principal ennemi pour nous n’est pas là. C’est notre mode de vie dicté par une économie de l’offre déréglant la planète, en particulier le climat qui doit être notre priorité absolue. A ce stade, la probabilité d’effondrement global de notre société est selon certains, le scénario le plus probable à moyen terme.
Le rapport du club de Rome de 1972 qui étudiait, déjà, les dynamiques de nos systèmes sur 150 ans prévoyait, par un modèle scientifique robuste, un effondrement dans la première moitié du XXIe siècle… Nous y sommes.
Beaucoup pensent que cela relève de la science-fiction. Pourtant, de nombreux facteurs prouvent que notre modèle civilisationnel d’expansion infinie dans un monde fini est bel et bien réel.
Nicolas Hulot l’a avoué lors de sa démission, on ne peut pas, dans une logique néo-libérale, tenter quoi que ce soit qui aurait pour objectif de changer la donne au niveau de notre système de production, de même que le carcan européen et son amour aveugle de la rigueur au mépris du peuple (mais jamais des créanciers).
Pour inverser la tendance, il faudrait littéralement passer dans une forme “d’économie de guerre” les moyens de production qui ne dépendent pas du pétrole (entre autres). Ils sont peu nombreux mais malheureusement urgemment nécessaires.
Il y a d’énormes marges de manœuvre pour nous sauver de ce désastre. Par exemple , produire moins de viande et de poisson et également veiller sur le gaspillage alimentaire. Nous jetons la moitié de ce que nous produisons !
Pour empêcher un éventuel effondrement ou pouvoir vivre avec, il n’y a qu’une seule stratégie qui prévaut. L’entraide.
Ce n’est pas un truisme de Miss France, mais une vraie philosophie politique (voir plus pour certains) qu’il faut remettre au centre de tout. L’entraide qui découle du bon sens populaire de toutes les façons s’impose à nous, de gré ou de force, car elle reste le moyen le plus efficient de survivre. Il a été étudié que dans toutes les catastrophes comme l’ouragan Katrina, les actes d’altruistes étaient beaucoup plus présents au fur et à mesure que l’on s’approche de l’épicentre de la catastrophe.
La mythologie libérale justifie son maintien par l’idée que l’humain est intrinsèquement égoïste, devant survivre à la loi de la jungle. Mais ceci est faux.
Si un mouvement comme la France Insoumise prend le pouvoir, les intérêts privés seront tellement menacés que sans un soutien populaire, rien ne sera possible. En effet, il serait tromperie de faire croire que seul un mouvement politique pourrait changer les choses en profondeur, seul le peuple le peut. Et pour cela, il faut que des pans entiers qui le composent sortent de leur torpeur, renoue avec le goût du changement et d’une certaine conscientisation par le biais de la renaissance ce bon sens populaire qui reste notre meilleur bouclier.
Malgré tout cela, il est possible que nous n’y arrivons pas, et que notre planète réchauffée libère, par exemple, le méthane pris dans le sol gelé sibérien. De ce fait, le sort de notre civilisation est réglé. Même dans ce scénario d’effondrement total, il pourrait rester quelque chose, la seule chose d’utile à notre espèce, l’amour de l’autre ou au moins l’entraide qui résulte du bon sens populaire.