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Rencontre avec Kamel Jendoubi (ONU)

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Mardi 2 octobre dernier, je me suis entretenu avec Kamel Jendoubi. Monsieur Jendoubi est à la tête du groupe d’experts mandaté en décembre 2017 par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU pour enquêter sur les violations des droits de l’Homme au Yémen.

Ce groupe a rendu un premier rapport le 28 août dernier. Ce texte est accablant pour toutes les parties au conflit qui ensanglante le Yémen. Il confirme que toutes sortes d’atteintes aux droits de l’Homme ont été commises aussi bien par les forces de la coalition emmenée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis que par les forces houthistes.

Pour nous, citoyen.ne.s français.es, ce point n’est pas du tout anodin puisque la France est un soutien particulièrement actif de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Elle vend et livre à ces deux pays de très importantes quantités d’armes et assure des formations à leur maniement. Or, le Traité sur le Commerce des Armes (TCA) que la France a ratifié, interdit en principe de livrer des armes susceptibles de servir à commettre des crimes au regard du droit international.

C’est manifestement le cas puisque le groupe d’experts a documenté de nombreuses violations que nous avons évoquées avec Monsieur Jendoubi. Elles sont de toute nature. Des frappes ont visé des cibles qui n’étaient manifestement pas des objectifs militaires. Des cas de détention arbitraire et de disparition ont été avérés. Le contrôle de l’accès au territoire yéménite a pris au fil des mois de guerre une forme de quasi-blocus empêchant l’acheminement des denrées de premières nécessités et de l’aide humanitaire. Des violences sexuelles et sexistes ont aussi été relevées à de nombreuses reprises. Enfin, l’enrôlement et la mobilisation plus ou moins forcés d’enfants soldats ont aussi été prouvés.

Monsieur Jendoubi a aussi évoqué les préconisations du rapport qu’il a remis au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Parmi ces préconisations figurent bien évidemment la fin des livraisons d’armes aux belligérants. La France est concernée au premier chef et nous appuyons bien sûr cette demande.

D’ailleurs, le groupe de la France insoumise demande depuis des mois la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les ventes françaises mais la majorité y fait obstacle.

Nous avons enfin évoqué les premiers effets de la publication de ce rapport. Ils sont certes modestes mais encourageants. Des prisonniers ont été libérés. Des personnes disparues pendant deux ans ont retrouvé la liberté. Des centres de détention sous contrôle émirati sont passé sous contrôle yéménite. Le climat est changé.

Pour nous c’est une confirmation : seule l’information, la pression internationale est susceptible de faire privilégier une solution diplomatique au conflit. En France, notre devoir est de continuer à faire connaître le drame qui a lieu là-bas et faire pression sur le gouvernement français pour que cessent les ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats. 

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