Edito de Benoît Schneckenburger publié initialement dans l’Heure du Peuple le 14 septembre 2018 (voir ici)
Passons sur les rebondissements rocambolesques de cette affaire. Benalla qui nie avoir eu des fonctions de garde du corps, alors que des photos par centaines le présentent en garde rapproché d’Emmanuel Macron, depuis la campagne présidentielle jusqu’à son éviction tardive. Ce ne sont pas seulement les faits qui lui sont reprochés pour sa violence le 1er mai qu’il faut dénoncer. Il met en évidence les abus d’un régime qui avec Macron est passé d’une Monarchie Présidentielle, à une Présidence jupitérienne, se croyant presque de droit divin.
Le leader de La République En Marche use et abuse de tous les moyens offerts par la cinquième République. Les passe-droits dont a bénéficié Alexandre Benalla n’en sont que la partie émergente, désormais visible. Et encore, il aura fallu la révélation de ses aventures en sergent Cruchot pendant les mobilisations sociales pour qu’on les apprenne. Le pouvoir Macroniste bafoue le travail le plus élémentaire de l’Assemblée, comptant sur une majorité servile, prompte à voter l’inacceptable, refusant par principe toute proposition de l’opposition, mais surtout servant les lobbys.
Car la monarchie d’Emmanuel Macron se met au services des pires lobbys : sur la condition animale, il acquiesce aux vœux de l’industrie agro-alimentaire ; sur la santé et l’agriculture, la majorité macronienne prolonge la vie de ce poison qu’est le glyphosate au mépris du principe de précaution, qui a pourtant valeur constitutionnelle depuis 2004 ; et sur le nucléaire, l’ancien dirigeant d’Areva, le premier Ministre Edouard Philippe, vient d’indiquer qu’il se refusait à tenir un quelconque engagement sur la fermeture de centrales. La République en Marche arbore la morgue des puissants. Aurore Berger annonce la couleur aux retraités en leur annonçant qu’« on peut légitimement demander un effort » quand sa majorité a réduit leur niveau de vie. Agnès Buzyn reprend la litanie de la droite des années 70-80 qui accusait la gauche de se nourrir de la pauvreté en répondant au député de la France Insoumise, Jean-Hugues Ratenon. La millionnaire donne des leçons, sous les rires des élus macronistes, au député issu des classes populaires, qui a travaillé à l’association des Réunionnais contre la pauvreté et a vécu au R.S.A. pendant des années. Elle tentait par là de faire oublier la profonde injustice des choix gouvernementaux qui accordent par an 3 milliards d’euros pour les 300 000 assujettis à l’ISF contre seulement 2 milliards pour les 8,8 millions de pauvres en France.
Au fait, que devient le député, soutenu par la République en Marche, élu contre la candidate France insoumise Farida Amrani avec beaucoup de suspicion, Manuel Valls ? Il tente une aventure dans une autre monarchie, espagnole celle-là, au mépris de ses devoirs envers la nation et ses électeurs. Aux aficionados de la cinquième République et de Benalla : « Ciao ! ». Vite, la sixième République !
Benoît Schneckenburger