A l’assaut du mythe des chômeur·se·s fainéant·e·s

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Nouvelle esbroufe du président Macron ce week-end ! Décidément adepte des sorties prétentieuses et méprisantes (une pensée pour les « Gaulois réfractaires »), le chef de l’Etat s’est cette fois-ci adressé à un jeune chômeur qui recherchait désespérément un emploi d’horticulteur pour lui expliquer sa méthode : « je traverse la rue, je vous en trouve [du travail] ». Rien de plus simple, donc, pour notre président hors-sol. Tout le monde aura compris le message implicite : bougez-vous donc un peu et vous trouverez bien un travail, peu importe qu’il soit dans votre domaine de formation ou de compétence d’ailleurs.

Des propos bien simplistes dans la bouche du président, mais qui traduisent parfaitement sa ligne politique : plutôt continuer à faire des cadeaux à ses ami·e·s les plus riches que de chercher de véritables solutions, notamment au chômage qui concerne plus de 6 millions de personnes en France.

Cette petite phrase relance en réalité le mythe des « chômeurs fainéants ». Une idée qui revient régulièrement, ressassée par quelques un·e·s et qui voudrait faire porter la charge principale du chômage sur les personnes en recherche d’emploi. Celles-ci ne chercheraient donc pas assez ou alors mal, voire seraient inadaptées au marché du travail. L’entourloupe consiste ensuite à mettre en face le chiffre des emplois non pourvus et le tour est joué : le ou la chômeur·se est stigmatisé·e et l’incapacité du gouvernement à répondre à cet enjeu majeur est mise sous le tapis. Il est vrai que  celui-ci peut difficilement se vanter des effets de ses cadeaux aux grosses entreprises, censés favoriser l’embauche.

Un exemple de la communication macronienne pour justifier les propos du président

Pour déconstruire ce mythe, comme cela a été fait à de nombreuses reprises, il suffit de se pencher justement sur les statistiques.

Si le chiffre de 300 000 offres non pourvues est régulièrement avancé (voir ci-contre), notamment par Pôle emploi pour parler des projets de recrutement qui n’ont pas aboutis, il est grandement à relativiser. Seul la moitié de ses offres n’a pas abouti à un recrutement faute d’un·e candidat·e retenu·e, le reste correspond en réalité à des annonces retirées par le ou la recruteur·se entre-temps ou encore en cours.

Par ailleurs, parmi les 150 000 emplois restants à pourvoir, près de 90% des offres ont bien reçu une ou plusieurs candidatures avant que l’employeur·se ne retire son annonce, ne trouvant pas le profil qui lui convenait. En 2017 ce serait donc moins de 20 000 offres qui n’auraient pu aboutir faute de candidat·e ! Sur l’ensemble des offres d’emplois publiées la même année, les statistiques démontrent que cela représente seulement 1% des offres pourvues.

Au delà même de ces précisions, le fossé reste considérable quand on rapporte les chiffres annoncés au nombre de chômeur·se·s, il y aurait finalement un emploi non pourvu pour 20 chômeur·se·s. Le rapport monte même à 1 pour 40 si on convertit ces offres en temps pleins annuels.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Les offres ne trouvant pas preneur·se restent une infime partie du problème du chômage qui touche 6 millions de personnes. Nous sommes donc bien loin de l’emploi disponible à chaque coin de rue sous réserve d’un peu de bonne volonté comme nous le vend Emmanuel Macron. Une stratégie grotesque qui annonce une nouvelle fois la couleur de ce quinquennat et vient préparer le terrain pour le plan anti-pauvres du président des riches annoncé il y a quelques jours. 

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