Mardi 31 juillet 2018, je faisais l’explication de vote du groupe La France Insoumise sur la motion de censure que la France Insoumise a déposée avec les groupes GDR et NG.
Voir ici le texte intégral de l’intervention :
Monsieur le président,
Monsieur le premier ministre,
Mesdames Messieurs les ministres,
Mes cher·e·s collègues,
Ces motions sont, en tant que telles, un événement inédit : vous êtes parvenu·e·s à faire l’union contre vous, de tous les groupes d’opposition et des non-inscrits. Les doutes d’il y a un an lors du vote de confiance au gouvernement n’existent plus et ces motions clarifient le champ de bataille : il y a votre majorité et les oppositions. Rarement un gouvernement s’était retrouvé aussi seul, car rarement un gouvernement fut aussi borné.
Vous étiez le gouvernement des riches, qui casse le code du travail ; qui bétonnise les côtes ; qui nucléarise les campagnes ; qui exclut les handicapés du logement ; qui vend les aéroports ; qui empoisonne les sols et la nourriture ; qui fait payer les étudiants, les retraités et les chômeurs – vous êtes désormais le gouvernement des violents et des passe-droits, des cliques et des privilèges.
Nous ne sommes plus dans le combat partisan, guidé par nos idées particulières. Nous sommes désormais dans la préservation des formes démocratiques de l’État et de la responsabilité politique des élu·e·s : c’est ce qui unit tous les signataires de cette motion, par-delà leurs opinons sur tel ou tel sujet. Vous avez face à vous des représentant·e·s de la Nation qui ont perdu toute confiance dans votre manière d’occuper les institutions et de les détourner à votre profit.
La situation est irrespirable. Nous ne sommes plus dans un régime démocratique, mais dans une Assemblée monolithique, composée de petits soldats du macronisme, prêts à tout pour éviter le débat et la discussion. Car vous savez que vous êtes minoritaires dans le pays, et que le seul moyen de parvenir à vos fins est d’écraser toutes les voix dissonantes, chaque jour plus nombreuses. Vous avez mis fin à la commission d’enquête, et plusieurs de vos chefs ont menti à la représentation nationale, sans aucune considération ni pour nous, ni pour vous. S’il y a une obstruction dans cet hémicycle, elle est de votre côté : et c’est une obstruction à la vérité !
Votre majorité ne se comporte pas comme des élu·e·s du peuple et comme des représentant·e·s de la Nation. Aurore Bergé, Gilles Le Gendre, Naïma Moutchou, Manuel Valls, Sacha Houlié, Richard Ferrand, Yaël Braun-Pivet, ce ne sont pas les sept parlementaires mais les sept mercenaires, prêt·e·s à dire tout et, surtout, n’importe quoi, pour protéger le Président de la République et ses dérives.
La raison pour laquelle vous faites bloc, c’est qu’Alexandre Benalla représente simplement la forme la plus aboutie du macronisme. Gérer l’opposition par la violence, vivre au-dessus des lois, se croire intouchable, faire passer ses caprices avant les espoirs de milliers de supporteurs de foot sur les Champs-Élysées : le benallisme est une manière de gouverner. Et c’est Emmanuel Macron qui a forgé Alexandre Benalla, lorsqu’il insulte des ouvriers en grève ou des chômeurs. Benalla a été le fidèle agent de M. Macron en concrétisant physiquement ce que le Président répand verbalement.
Je note aussi que pendant que M. Benalla tabassait des manifestant·e·s, M. Gabriel Attal cassait une grève dans les Hauts-de-Seine en se déguisant en postier. Pendant que M. Benalla était simplement mis à pied, les ministres auxquels il était fait obligation de le dénoncer se taisaient. Si nous déposons cette motion de censure, ce n’est donc pas simplement à cause de ce que vous appelez « l’affaire Benalla », c’est parce qu’une grande partie du gouvernement et de la majorité ont un peu de Benalla en eux !
A l’heure où vous vous complaisez dans les pires des institutions en y nommant les pires des personnes, notre vote a deux significations : la défiance envers votre gouvernement et se rapprocher de l’horizon indépassable de notre temps, le passage à une 6ème République où vous ne pourrez plus mener impunément votre politique violente.
Et en ce jour particulier du 31 juillet, triste anniversaire de son assassinat, je voulais redire cette phrase de Jean Jaurès qui résonne particulièrement aujourd’hui : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. »
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