Edito de Matthias Tavel publié initialement dans l’Heure du Peuple le 16 juillet 2018, voir ici.
La première année de Macron s’achève sur son échec total en Europe. C’est que dans l’UE, seule la méthode forte paye comme le montrent tristement les ministres de l’Intérieur allemand et italien. Les capitulations à la Tsipras ne paient pas : la « fin du plan d’aide à la Grèce » est une mauvaise blague alors que le pays reste sous tutelle jusqu’en… 2060 !
Il y a longtemps que dans le prétendu « couple franco-allemand », l’Allemagne fait chambre à part. C’est vrai en matière de technologie d’observation par satellite où elle a renié l’accord passé avec la France. C’est vrai en matière commerciale où Merkel se dit « prête » à discuter d’une baisse des taxes européennes sur l’automobile comme le demande Trump, sans même en avoir parlé avec les autres européens. C’est vrai en matière migratoire où l’action unilatérale de l’Allemagne en 2015 a saboté tout cadre commun.
Dans ces conditions, Jean-Luc Mélenchon a eu raison de dire sur BFMTV lundi 9 juillet « Oui, je crois à la France et je préfère une Europe à la française, plutôt qu’une Europe à l’Allemande ». Certains ont des vapeurs ? Et alors ! De l’autre côté du Rhin, on n’a pas ces pudeurs de gazelle. Le vice-chancelier et ministre social-démocrate des finances Olaf Scholf, n’a-t-il pas déclaré en mars qu’ « un ministre allemand des finances est un ministre allemand des finances, quelle que soit la carte de son parti » ? N’est-ce pas déjà le même SPD qui faisait campagne en 2014 en disant que voter pour lui était « la seule possibilité d’avoir un Allemand à la présidence de la Commission européenne » avec Martin Schulz ? Le SPD et la droite allemande ne se sont-ils pas déjà accordés pour exiger qu’un Allemand prenne la tête de la Banque centrale européenne l’an prochain pour finir de faire de l’euro le mark du 21e siècle ?
La phrase de Jean-Luc Mélenchon doit donc être comprise dans toute sa portée révolutionnaire : « je préfère une Europe à la française, [c’est-à-dire] une Europe laïque, une Europe où on protège les services publics, où on a le droit au monopole etc. Ce n’est pas faire preuve de nationalisme, les valeurs françaises sont universelles ». Salutaire rappel en ces temps de 14 juillet, qui permet aussi de souligner combien la stratégie Plan A / Plan B n’est nullement nationaliste mais totalement républicaine car fondée sur la souveraineté sans limite du peuple français.
Mais pour faire l’Europe à la française comme pour que ces valeurs françaises soient universelles, pour que la France reste la France pourrait-on dire, il faudra aussi profiter des élections européennes pour affaiblir électoralement Macron. Car la monarchie présidentielle absolue contre la souveraineté populaire, le libéralisme contre l’Etat social, le copinage avec Trump contre l’indépendance, les courbettes devant le Pape au mépris de la laïcité forment un cocktail anti-républicain.
Matthias Tavel