Le combat contre la pauvreté se durcit chaque jours un peu plus sous le gouvernement Macron. Celui-ci continue son travail de casse sociale et pousse dans la précarité un nombre croissant de citoyen·ne·s qui sont ensuite abandonné·e·s à leur sort, sans propositions et souvent sans aide pour un retour à une situation digne. Trouver des solutions n’est en tout cas pas la priorité du président des riches qui vient de repousser à la rentrée son plan « anti-pauvreté » pour cause de déplacement probable en Russie pour la Coupe du Monde. Les pauvres attendront donc que Macron 1er se décide à accorder ses quelques faveurs, sans toutefois nourrir trop d’espoirs.
La campagne de lutte contre la pauvreté lancée dès la fin de la convention a suscité un engouement certain chez les insoumis·es qui ont depuis multiplié les initiatives solidaires et démontrés toute l’importance qu’ils ou elles accordaient à ces questions. L’entre-aide et la lutte contre toutes les formes de précarités ont toujours été des éléments fondateurs du mouvement. La preuve en est, le choix de ce thème de campagne nationale, plébiscité par les insoumis·es lors de la convention de Clermont-Ferrand en novembre 2017. De nombreuses personnes ou groupes locaux sont mobilisé·e·s depuis plusieurs années maintenant dans ce combat à travers leur engagement politique, associatif et citoyen.
C’est le cas du groupe créé par des insoumis·es d’Amiens : « Solidarité Amiens Insoumise » qui fût créé fin 2017 pour agir en réaction à la situation d’urgence qui touche les nombreuses personnes à la rue tout en s’appuyant sur les propositions présentes dans l’Avenir en Commun et le livret « Eradiquer la pauvreté ». L’occasion d’un entretien avec l’un des animateurs du groupe qui revient sur sa création et son fonctionnement. Une illustration et un exemple des nombreuses initiatives portées par les insoumis·es localement.
- Bonjour Pablo, tu es l’un des animateurs du groupe Solidarité Amiens Insoumis, peux-tu nous expliquer pourquoi vous avez décidé de lancer ce groupe et avec quels objectifs ?
- Nous avons créé ce groupe à Noël, l’année passée, car nous ressentions le besoin d’agir, d’aider ces nombreuses personnes forcées de vivre dans la rue. Nous souhaitions apporter une aide directe à travers des actions de distribution de vêtements, nourritures, produits d’hygiènes et de première nécessité.
- Combien êtes-vous dans ce groupe ?
- Nous n’étions que deux au tout début, puis grâce aux réseaux et au bouche-à-oreille on arrive à mobiliser d’autres personnes. C’est un groupe à géométrie variable, parfois je suis tout seul, parfois on est deux, parfois 3 ou 4…
De toute façon pour faire une maraude il ne faut pas être plus de 4, un trop gros groupe pourrait faire peur, il y a beaucoup de femmes qui sont à la rue aussi, donc l’idéal c’est souvent d’être un groupe mixte, le contact se fait plus facilement.
- Êtes-vous en relation avec des associations locales pour mener vos actions ?
Nous avons pris contact assez vite avec les associations locales, le principe d’entraide entre les différentes organisations fonctionne bien. Peu importe l’étiquette de chacun·e, ce qui importe c’est la solidarité.
Quand il y a une situation qui nous dépasse on n’hésite pas à solliciter les autres réseaux solidaires et parfois on est nous-mêmes sollicités. Nous utilisons beaucoup les réseaux sociaux pour communiquer et aussi le bouche-à-oreille.
Aujourd’hui dans le groupe Facebook « Solidarité Amiens Insoumise » nous sommes 125 personnes et cela inclue les référent·e·s des autres réseaux solidaires.
- Quel a été leur accueil lors de la prise de contact puis lors des premières actions ?
L’accueil a tout de suite été bon, vu qu’il y a un besoin énorme… on était en plein hiver et on distribuait des soupes, du thé, du café, du chocolat et des vêtements chauds.
Ensuite l’été est arrivé et on a continué, sauf que maintenant on distribue plutôt des sandwichs et des boissons fraîches, ainsi que des vêtements d’été et des produits d’hygiène.
- Sur le terrain, quels sont les retours sur vos actions ?
Les retours sont bons, on tisse des liens avec les SDF locaux et on aide celles et ceux qui sont de passage, c’est très intense humainement parlant, parfois il y a des rires, parfois des larmes, parfois on se serre dans les bras… celui ou celle qui est à la rue a besoin d’un tas de choses mais aussi et surtout : on a tous besoin de bienveillance, d’humanité, d’échanger, bref d’exister.
Parfois il y a des hésitations du côté d’autres militant·e·s insoumis·es, parce qu’ils trouvent qu’on est là pour faire de la politique et que ce n’est pas notre rôle de faire ces actions. Mais l’urgence et la gravité de la situation nous l’impose, surtout quand on sait la quantité de gens qui meurent dans les rues, seul·e·s, invisibles aux yeux des tous.
- Quel bilan tirez-vous de ces actions de solidarité et quelle suite comptez-vous donner à ces initiatives ?
Au début on faisait une maraude par semaine, mais actuellement on en fait deux avec Julie qui est l’autre référente du groupe.
Quel bilan tirer ? Une personne à la rue, il faut l’aider… et essayer de faire en sorte que sa situation évolue de façon positive, sans pour autant lui forcer la main, alors ça passe souvent par beaucoup de dialogue, de l’accompagnement et de l’écoute.
Il y a des personnes très différentes qui vivent dans les rues d’Amiens, des personnes fragiles mentalement, des jeunes femmes qui sont à la rue livrées à elles-mêmes, des personnes âgées, des personnes qui luttent contre leurs addictions et des personnes avec des soucis graves de santé. Mais aussi des ados en rupture familiale, des histoires malheureuses, des vies brisées, beaucoup de douleur, mais aussi beaucoup d’humanité.
Nous sommes un mouvement politique, et nous sommes aussi un mouvement humaniste. La bienveillance est la clef de voûte de tout ça, et donc aider les gens qui en ont besoin, c’est appliquer cette bienveillance de façon concrète.
On compte continuer… Tant qu’il y aura besoin et qu’on aura la force de le faire.
- La campagne de lutte contre la pauvreté lancée par le mouvement a-t-elle eu un impact sur vos actions ?
Quand il y a eu le weekend de solidarité, cela nous a permis de faire un appel aux dons, vu qu’il ne nous restait plus grand-chose en stock. On a pu faire des réserves pour les prochaines distributions.
- Une dernière chose à ajouter pour finir ?
Parfois il suffit qu’une ou deux personnes se décident à passer à l’action pour qu’un groupe démarre. Il faut se lancer et agir, nous pouvons prendre les choses en main. Ce mouvement, c’est nous tous, on a tous un rôle à jouer et ce rôle chacun·e le joue selon ses dispositions et ses capacités… Il ne faut pas hésiter à faire ce qui nous semble juste et nécessaire pour apporter un peu de douceur autour de nous.