Nouvel épisode des Chroniques FiFOOT consacré cette fois-ci à un intéressant (du moins sur le plan fiscal) Belgique-Panama…
Cet après-midi, Bernard Arnault sera certainement confortablement installé dans les tribunes du stade olympique Ficht pour suivre le duel au sommet entre la Belgique et le Panama. Mais entre ces deux équipes, son cœur balance. Il faut dire que ces deux pays l’attirent. Les « paradise papers » ont récemment mis à jour l’intérêt qu’entretenait la plus grande fortune française pour les paradis fiscaux. Il pourrait donc facilement se laisser tenter par la fiscalité avantageuse proposée par le Panama.
Quant à la Belgique, c’est le pays qu’il avait choisi pour s’exiler en septembre 2012, craignant que le « socialiste » François Hollande, fraîchement arrivé au pouvoir, ne lui prenne tout son argent. Heureusement, le premier des premiers de cordée s’est vite rendu compte, comme tous les français, que François Hollande n’avait de socialiste que le nom et qu’il pourrait continuer d’accumuler tranquillement de l’argent, sans même avoir à traverser de frontière. Mais cette envie d’exil pourrait le démanger de nouveau en 2022 et notre ami préfère donc commencer à se renseigner sur ces deux possibles destinations.
Sur le terrain, il n’y a pas photo. Les diables rouges sont les grands favoris, forts de leur 3e place au classement FIFA. Mais s’ils ne sont pas aussi bons côté fiscalité, ils apparaissent régulièrement dans les classements des paradis fiscaux publiés par plusieurs organisations (comme Oxfam par exemple).. Niveau sanctions, ils ne risquent pas le moindre carton. La Belgique fait partie de l’Union européenne et ne peut à ce titre être considérée comme un paradis fiscal, comme l’a récemment déclaré le commissaire européen Pierre Moscovici, autre grand « socialiste ». Elle ne figure donc pas sur les listes française et européenne des paradis fiscaux, alors même qu’elle propose tout un attirail de niches fiscales permettant aux entreprises d’échapper à l’impôt. Faire partie de l’Union européenne c’est donc un peu comme être le pays hôte lors d’une coupe du monde : on est qualifié d’office, sans avoir à prouver quoi que ce soit.
Le Panama n’a pas non plus beaucoup de soucis à se faire. Il suffit de promettre à l’Union européenne que l’on va changer pour être immédiatement retiré de sa liste noire des paradis fiscaux. Cette liste ne comprend donc plus que sept pays, dont le Panama ne fait pas partie.
Paradis fiscaux : il est temps d’agir - Tribune de l’eurodéputé insoumis @younousomarjee et des eurodéputés de Podemos (Espagne), du Bloco de Esquerda (Portugal), du Parti de Gauche (Suède) et un député national de l’alliance gauche-verte (Danemark).https://t.co/3muIoNahoQ
— La France insoumise (@FranceInsoumise) 14 mai 2018
Ce pays avait aussi réussi à être retiré de la liste noire française. Mais la complaisance de nos dirigeants a des limites et lorsque le scandale des « Panama Papers » éclata en avril 2016 le Panama fut réintégré dans l’urgence à la liste. Cela aurait fini par se voir… Même lorsque le match est acheté, il faut quand même faire semblant de jouer.
Chacun dans leur style, ces deux pays présentent donc des qualités indéniables pour tout riche voulant faire des feintes au fisc, aussi belles que celles d’Hazard sur le terrain. Mais entre le Panama, paradis des fraudeurs, et le jardin d’Eden, le choix est cornélien.
Le football ne les aidera peut-être même pas à départager ces deux pays. Certes, le Panama participe à sa première coupe du monde et risque donc de repartir avec de grosses valises, exceptionnellement sans billets… C’est vrai que faire le coup du chapeau au Panama, c’est tentant. Mais les belges risquent de trouver le Brésil sur leur chemin dès les quarts de finale. Et nul doute que la Seleção se fera un malin plaisir de renvoyer les diables rouges dans leur paradis…