Édito de Matthias Tavel publié dans l’Heure du Peuple le 11 juin 2018 (voir ici)
Ivre de certitudes arrogantes et aveuglé par ses propres désirs, le parti médiatique a décidé que « Macron a gagné » au terme de la première année de son mandat. Que les éditocrates se méfient : ils risquent bientôt d’être punis pour diffusion de « fake news » !
Car Macron n’a rien gagné du tout. C’est même l’inverse. Ce printemps 2018 se révèle calamiteux pour lui. Son allégeance à Trump n’a en rien permis de « gagner » un changement de positon états-unien sur l’Iran, le dérèglement climatique ou le commerce mondial. Les prières macroniennes au « couple franco-allemand » n’ont pas fait changer Angela Merkel d’un pouce sur la question européenne ou la réorientation de la politique économique allemande. Et sa prétendue « victoire » sur le travail détaché est en fait un gigantesque bide qui se traduit par un dumping plus féroce que jamais dans le transport routier.
Sur le plan économique, le macronisme est aussi en échec. L’apôtre de la « start-up nation » a cassé la croissance ! Le magazine Challenges parle même d’un ralentissement « brutal » (à 0,2% début 2018 contre 0,7% au trimestre précédent !). En cause, des dépenses des ménages « atones » selon l’INSEE. Quelle surprise ! Sans doute une « victoire » de Macron et de la hausse de la CSG ! Le « coup de froid » macroniste frappe même l’investissement des entreprises. Conséquence, le chômage est même reparti à la hausse début 2018. Quelle « victoire » !
Même concernant la SNCF, Macron n’a pas gagné. Adepte des blitzkriegs sociales, il comptait sur un soutien massif de l’opinion et une victoire rapide. Rien n’y a fait. Le voilà encalminé dans un conflit dur et loin d’être fini. La grève cheminote est la plus longue de l’histoire de l’entreprise et pourtant les taux de grévistes sont encore plus élevés qu’en 1995. 90% des cheminots rejettent la réforme et plus de 40% de l’opinion publique les soutient. Ce chiffre est stable depuis des semaines. Malgré le battage médiatique, le résultat est là : Macron n’a pas convaincu largement du bien-fondé de sa réforme ! La seule victoire qu’il puisse encore espérer est une victoire à la Pyrrhus, qu’il payerait demain dans les urnes comme Sarkozy a payé en différé sa réforme des retraites et Hollande la loi El Khomri.
Le président des riches n’a jamais été aussi impopulaire. 55% des sondés trouvent son bilan négatif et plus encore injuste. Macron sait qu’il n’arrive plus à convaincre. Il veut donc contraindre. Son autoritarisme s’attaque désormais au Parlement par une cadence empêchant l’écriture de la loi dans des conditions dignes d’une démocratie, et par une réforme des institutions qui sera une étape de plus vers une monarchie absolue. Impuissant dans le monde, isolé en Europe, impopulaire en France, Macron ne tient plus que par lui-même, par la résignation d’une partie du peuple et par la 5e République. Plus dure sera la chute.
Matthias Tavel