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Nous y voilà. Ce jeudi 15 mars, les salariés des EHPAD, les retraités et les lycéens prennent la rue. Tous ceux-là n’en sont pas à leur première manifestation. Déjà le 28 septembre dernier les retraités s’étaient mobilisés pour dénoncer la hausse de la CSG qui grève les pensions. Le 30 janvier, c’était les personnels des EHPAD qui donnaient à voir l’indignité de leurs conditions de travail et des conditions d’accueil des plus anciens. Quant aux lycéens, ils clament depuis des semaines leur refus d’un bac territorialisé, prélude à la sélection à l’Université qui se met parallèlement en place. Si jeudi chacun d’entre-eux se mobilise à nouveau, c’est que dans l’intervalle non seulement le gouvernement est resté sourd à leurs inquiétudes, mais que M. Macron a choisi de passer en force, imposant les baisses des pensions depuis le 1er janvier ou lançant Parcoursup avant même son adoption législative. Bref sur chacun de ces sujets, c’est déjà l’enlisement.

En parallèle, la confrontation du 22 mars se prépare. Ce jour-là, les agents de la fonction publique mais aussi les cheminots sont appelés à se mobiliser. Il le feront d’autant plus que M. Macron entend jouer avec eux le bras de fer. Pour preuve l’examen ce mercredi en conseil des ministres du projet de loi visant à autoriser le gouvernement à légiférer par ordonnances pour la réforme du rail. Une provocation !

M. Macron peut bien déployer sur papier glacé des romans à l’eau rose depuis le Taj Mahal, il peine à faire oublier que sa politique se pare chaque jour un peu plus d’une grande brutalité pour accompagner le mépris dont son gouvernement fait preuve. La semaine dernière, c’est le Sénat qui se voyait imposer un vote bloqué à coup d’article 44-3. L’Assemblée nationale, réduite au statut de caisse enregistreuse par les ordonnances et la docilité des députés LREM, est appelée à courber l’échine devant le renforcement de la monarchie présidentielle consubstantielle de la réforme institutionnelle en préparation. Et comme s’il fallait encore en rajouter, M. Macron entend se moquer du peuple avec ses consultations citoyennes sur l’Europe à propos desquelles le rapport présenté à l’Assemblée mentionne qu’« il n’est pas pertinent que la prise en compte des priorités politiques des citoyens européens aboutisse à une modification des traités ». Circulez il n’y a rien à voir.

Le contraste est saisissant. D’un côté des citoyens qui, dans la diversité de leurs revendications, en appellent à la préservation du cadre commun qu’ils ont en partage et demandent à vivre dignement dans un Etat qui assume son rôle et sa fonction. De l’autre un pouvoir qui détourne le regard des camouflets électoraux que lui infligent ceux-mêmes qui l’ont mis en place il y a moins d’un an et qui, en se raidissant, se referme sur lui-même. M. Macron a vendu une révolution démocratique qui on le voit consiste d’abord à étouffer et brimer toute volonté populaire. C’est là une façon de faire qui n’est ni acceptable, ni acceptée. Il faut s’y opposer comme il faudra en changer.

François Cocq

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