M. Michel Larive appelle l’attention de Mme la ministre de la culture sur le dossier des bibliothèques publiques qui a ressurgi avec les fermetures d’établissements en 2017, la « mission Orsenna » en vue des extensions de jours d’ouvertures, et, plus récemment, les incidents à répétition survenus à la bibliothèque Vaclav Havel de Paris 18ème.
Les bibliothèques sont sous tension, quand elles devraient incarner une continuité paisible et stable au sein des collectivités. Il est temps d’arrêter de les malmener, et de malmener aussi leurs personnels et les usagers. La république a pour mission : - De renforcer le réseau de ses bibliothèques, essentiel pour l’éducation, la culture, l’équilibre urbain et social, - De rapprocher les bibliothèques de leurs publics, par des actions dans et hors les murs, par des ouvertures dominicales, sous conditions impératives d’extensions d’effectifs et de budgets, et en concertation avec organisations syndicales des personnels, élu.e.s, et usagers, - De rétablir et étendre les services publics, car la bibliothèque ne peut assumer à elle seule une présence publique dans beaucoup de quartiers qui basculent dans la violence sociale, comme à Pajol à Paris 18ème, et d’autres dans de nombreuses banlieues et périphéries urbaines, - D’en finir d’urgence avec le processus de relégation de certains quartiers, comme le 18ème nord, et d’asphyxie financière des collectivités, qui non seulement compromettent la mission de culture et d’animation sociale des bibliothèques, entravent leur fonctionnement, mais les désignent aussi, au même titre que d’autres secteurs de la culture, comme victimes potentielles des restrictions des dotations de l’Etat. L’avenir du réseau français des bibliothèques publiques ne peut dépendre des atermoiements d’une mission de bons offices consacrée au seul dossier des ouvertures dominicales, ni d’un discours stérile de « faire mieux avec moins ». Il repose sur une réhabilitation ambitieuse de la bibliothèque publique dans la Cité, de ses missions éducatives et culturelles, de ses capacités d’actions dans et hors les murs et d’animation, en quartiers populaires comme ailleurs ; tout ceci nécessitant investissements budgétaires, recrutements et formation des personnels - qui font fortement défaut à ce jour. Réhabiliter la bibliothèque publique, c’est aussi redéfinir le lien avec son environnement : la bibliothèque de demain sera construite par un collectif d’usagers, personnels et élu.e.s, dans le cadre d’un projet-socle commun et de projets d’établissements qui tiendront compte des spécificités de chaque unité.
Dans l’immédiat, quelles mesures urgentes le gouvernement compte-t-il prendre pour assurer la continuité pacifique du service public dans les quartiers populaires comme ailleurs, et conforter et développer l’ensemble du réseau national de bibliothèques publiques ?