Question de contrôle au Gouvernement du mardi 16 janvier 2018 : Michel LARIVE interroge M. Blanquer au sujet de ses intentions pour remédier à la pénurie de vocation au sein de l’Education Nationale et aux dysfonctionnements qu’elle entraine sur le recrutement des enseignants.
« Jean est enseignant en économie dans un lycée public, auprès d’élèves de classes de seconde et de terminale. Pourtant, il n’a ni concours, ni formation, ni expérience. C’est un contractuel de la fonction publique, précaire puisqu’embauché à durée indéterminée. Pour décrocher son poste d’enseignant, il s’est inscrit sur le site d’une académie. Il est reçu par un fonctionnaire, l’inspecteur en charge du recrutement des contractuels, qui accepte sa candidature en tant que professeur remplaçant. Quelques jours plus tard il est appelé par un chef d’établissement qui lui propose de commencer à enseigner, pour la première fois, deux jours plus tard.
Le rôle social de l’enseignant est si primordial, qu’il est insupportable de doter des personnes de cette tâche, sans connaissances pédagogiques particulières. Le recrutement des enseignants au sein de l’Éducation Nationale s’empire à chaque rentrée scolaire. En Ariège, des enseignants sont recrutés sur le bon coin ou sur Facebook. Nos proviseurs recrutent grâce au « bouche à oreilles », en demandant aux enseignants titulaires s’ils n’ont pas de « personnes avec une licence » dans leurs entourages. Croyez-vous, Madame la Ministre, qu’un service public de qualité puisse être assuré avec un recrutement aussi saumâtre ?
Ce recours aux enseignants sous contrats n’est favorable pour personne. Les contractuels eux-mêmes reconnaissent leurs obstacles pour apporter un enseignement de qualité. Nawal, 27 ans, enseignante en CM1, rapporte au Figaro « Ce sont les élèves qui, au fur et à mesure, m’ont indiqué où ils en étaient dans le programme ». Heureusement, ces personnes font preuve de bonne volonté. Nawal explique comment elle a remédié à son inexpérience : « Pour les évaluations, j’ai cherché sur internet. Je suis tombée sur des blogs de profs qui expliquaient leurs méthodes ».
La conséquence, c’est la précarisation et la pénibilité du métier d’enseignant. Le temps de préparation des enseignements est aggravé par le manque de formation des contractuels. Jocelyne FRANCOIS, représentante du Syndicat National des Enseignements du Second Degré et de la Fédération Syndicale Unitaire, fait part de leur désarroi. Je la cite : « Certains contractuels, comme les mères célibataires, basculent dans la précarité lorsqu’un temps partiel leur est imposé. Beaucoup ont recours à des jobs alimentaires pour joindre les deux bouts ».
Monsieur le Ministre, la politique de recrutement de l’Éducation Nationale est en échec. De moins en moins de jeunes veulent faire ce métier et les précariser sous contrat n’est pas la solution. Souvent, un ingénieur préfère l’ingénierie à l’enseignement de l’ingénierie. Il faut dire qu’un monde existe entre les deux rémunérations. Ma question est donc la suivante : Quelles sont vos intentions pour remédier à cette pénurie de vocation au sein de l’Éducation Nationale ? »