J’ai interrogé la Ministre du Travail, Murielle Pénicaud, sur le rapport d’un prétendu groupe d’experts préconisant la fin de l’indexation automatique du SMIC. Cette mesure aurait de terribles conséquences pour les plus précaires d’entre nous, car si le montant du SMIC reste fixe, le pouvoir d’achat lui continue à baisser. Sachant que 2/3 des personnes au SMIC sont des femmes, nous serions loin de la recherche de l’égalité salariale prônée par le gouvernement.
J’ai également demandé à la Ministre si son gouvernement entendait revaloriser le montant du SMIC comme il en a le pouvoir.
Sa réponse est restée pour le moins floue, évasive et très éloignée de ce que les français qui touchent le salaire minimum sont en mesure d’attendre.
Retrouvez le texte de la question ci-dessous :
Monsieur le Premier ministre,
Un groupe « d’experts » nommé par vos soins a rendu hier un rapport enjoignant le gouvernement à désindexer le Smic de l’évolution générale des salaires.
Vieille lune libérale, le salaire devrait résulter du « libre jeu » du marché, du mécanisme de l’offre et de la demande, et toute tentative de dresser des critères sociaux et politiques à son encontre ne se solderait – forcément – que par une restriction des embauches.
Pour nous, c’est une préconisation qui réussit le pari d’être tout à la fois injuste d’un point de vue éthique, et douteuse sur le plan économique.
D’abord, parce que les impératifs de la « concurrence internationale », qui font une fois de plus du travail une variable d’ajustement, ne rentrent que peu en ligne de compte. En effet, beaucoup d’emplois au Smic se concentrent dans le secteur tertiaire : il n’est pas possible de délocaliser nos malades pour les faire soigner en Chine.
De plus le Smic, comme nous le savons tous ici, à un effet levier sur l’ensemble des salaires : comprimer le salaire réel des plus pauvres, c’est anémier une demande solvable reposant essentiellement sur la consommation des ménages.
En un mot, c’est casser une croissance déjà bien fragile, en précarisant les plus précaires de nos concitoyens, et notamment les femmes, qui représentent près des 2/3 des salariés au Smic. C’est pourquoi nous proposons d’augmenter le smic à 1500 euros brut.
Car j’en viens maintenant à une seconde considération : le Smic a une philosophie implicite. Tout travail mérite salaire, et un salaire qui soit suffisant pour pouvoir vivre dignement.
Refuser de revaloriser le Smic, c’est laisser passer sous le seuil de pauvreté une masse considérable de travailleurs, avec son lot de misère quotidienne et ses fins de mois qui n’en finissent plus de finir pour nombre d’entre eux.
Bien sûr, nul ici n’ose imaginer que le gouvernement puisse suivre pareille feuille de route.
Je demande donc à Monsieur le Premier ministre qu’il s’engage clairement et solennellement devant la représentation nationale à ne pas désindexer le Smic, mesure sur laquelle l’actuelle majorité n’a pas été élue.
Je lui demande également si son gouvernement compte décider d’une hausse supplémentaire comme l’avait fait la majorité précédente en juillet 2012.