Communiqué du groupe « La France insoumise » à l’Assemblée nationale
Le groupe de la France Insoumise se félicite de la dé-classification des documents ayant trait à la mort de Thomas Sankara. Le groupe parlementaire, qui avait déposé le 27 octobre une proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur cet assassinat, souhaite désormais que la lumière soit faite sur les véritables circonstances de sa mort.
Pour autant, le discours du président de la République fonctionne comme un leurre de plus. La traditionnelle politique de la France envers les États africains continue. En atteste le nouvel écart de langage des plus méprisants qui entâche les relations diplomatiques et contredit la volonté affichée d’en finir avec des rapports de domination à l’égard de l’Afrique. Au cours de son discours, Emmanuel Macron s’est ainsi adressé au président du Burkina Faso, devant un parterre d’étudiants : « je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les universités au Burkina Faso. C’est le travail du président [burkinabé] ! ». Monsieur Kaboré a immédiatement quitté la salle. Emmanuel Macron a tenté de le retenir par ces mots : « il est parti réparer la climatisation ». Aussi incroyable qu’indigne de la part du Président de la République française !
Sur le fond, Emmanuel Macron a par ailleurs refusé de se prononcer contre le franc CFA, ce que nous regrettons vivement. Les États africains doivent pouvoir créer leur propre trajectoire politique : c’est pourquoi nous défendons l’abolition du franc CFA, gage d’indépendance et de liberté. E. Macron n’a pas non plus proposé de sortir des accords de partenariat économique (APE) qui, en rendant réciproques les avantages consentis aux produits africains sur le marché européen, détruisent toute possibilité d’économie locale.
La France doit faire plus et mieux en matière d’aide au développement. L’AFD ne doit pas participer à livrer les forêts du Congo aux grandes concessions, mettant en péril la 2ème forêt tropicale du monde. Assez de trompe l’œil ! Le budget de l’aide au développement est en baisse dans le budget 2018 ! Le Président a rappelé l’objectif de 0,55% du PIB en 2022 ! Pourtant la France s’est engagée à atteindre a minima 0,7%.
Si le Président veut que la francophonie prospère, la France doit retrouver sa tradition d’accueil des étudiants étrangers, mise à mal par la politique ultra restrictive du gouvernement en matière d’attribution des visas et de coût des études. De même, la grève des lycées français de l’étranger illustre le renoncement de notre pays à déployer une diplomatie d’influence bénéfique. Il affaiblit ainsi les liens privilégiés entre nos deux continents.