Dans son rapport annuel sur l’action climatique mondiale, le Programme de l’ONU pour l’environnement dénonce l’écart « catastrophique » entre les promesses de limitation des émissions de gaz à effet de serre et la trajectoire nécessaire pour espérer contenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C d’ici 2100 : « les engagements actuels des États couvrent à peine un tiers des réductions d’émissions nécessaires, creusant un écart dangereux ». Et pendant ce temps, la concentration de CO² dans l’atmosphère a franchi en 2016 un nouveau record depuis… 3 à 5 millions d’années !
C’est la fin de l’illusion de l’accord de Paris à la COP21 en 2015. Officiellement, il affirmait l’objectif de limiter le réchauffement de 1,5 à 2 degrés. Mais les déclarations annexées des États indiquaient une tendance bien plus élevée, de l’ordre de 3°C. À l’époque, il ne fallait pas gâcher la fête quitte à continuer à gâcher l’écosystème. Mais le rapport de l’ONU aujourd’hui est un pavé dans la mare lancé à la veille de la COP23 qui débute cette semaine et du sommet sur le climat voulu à Paris le 12 décembre par M. Macron.
Et M. Macron justement que fait-il ? En juin, il avait fait un coup de communication en détournant le slogan de Donald Trump (« Make America graeat again ») en « Make our planet great again » pour répondre au retrait des États-Unis de l’accord de Paris. Mais dans les faits, la politique macronienne est climaticide. Et la présence de Nicolas Hulot au gouvernement ressemble de plus en plus à un alibi. Les mesures productivistes se succèdent à commencer par le soutien à l’accord CETA de libre-échange entre l’UE et le Canada dont une commission d’experts nommée par M. Macron a jugé qu’il aurait un impact « défavorable » sur le climat.
Et la liste est longue : arrêt des aides au maintien des exploitations agricoles biologiques, accord européen au rabais sur les perturbateurs endocriniens, autorisation d’un nouveau pesticide tueur d’abeilles, report du développement des énergies renouvelables à 2027 pour mieux poursuivre le nucléaire, coupes dans les budgets des HLM au lieu d’argent frais pour la rénovation énergétique, appel à toujours plus de « mobilité » pour trouver du travail là où il faudrait relocaliser l’activité, soutien au projet de mine d’or en Guyane etc. Et, comble de bêtise après les ouragans aux Antilles, le gouvernement a supprimé le « fonds vert français », ce dispositif créé en 2015 pour aider nos outremers les plus vulnérables (Polynésie, Wallis-et-Futuna, Nouvelle-Calédonie) à lutter contre les effets du changement climatique. Décidément, le 100% renouvelable et la planification écologique proposés par l’Avenir en commun et la France insoumise n’ont jamais été autant d’actualité. Ni aussi urgents.
Matthias TAVEL