Les salariés du site de General Electric Hydro à Grenoble sont en grève depuis le 4 octobre dernier pour dénoncer un plan de suppression de 345 emplois sur les 800 que compte l’entreprise. Le site est spécialisé dans la production et la soudure de turbines hydro-électriques, qui permettent de produire de l’énergie renouvelable grâce à la force des courants. Fleuron de l’industrie française, il dispose d’un site de recherche de haut vol et fête cette année ses 100 ans.
La branche énergie d’Alstom, dont dépendait le site Hydro de Grenoble, a été rachetée en 2015 par le conglomérat américain General Electric avec le feu vert du ministre de l’Economie de l’époque… Emmanuel Macron !
Dans un contexte où Alstom s’apprête à fusionner avec Siemens, alors que l’État refuse de prendre des parts dans ce nouveau groupe, l’exemple de Grenoble rappelle tristement que les gouvernements successifs de ces dix dernières années ont abandonné toute ambition industrielle nationale.
Ce jeudi 11 octobre, le magazine Challenges annonce que « l’exécutif brandit la menace des pénalités face à General Electric » si l’entreprise ne respecte pas son engagement de créer 1000 emplois nets en France. Avec une telle position, le gouvernement Philippe considère que l’État ne peut arriver qu’après la bataille, en sanctionnant une fois que le mal est fait ou en faisant des comptes d’apothicaire sur le nombre exact d’emplois créés, sans se préoccuper de la qualité de ces emplois. Pourtant, une amende ou l’hypothétique création de postes sur d’autres sites ne peuvent permettre de compenser la perte de qualifications et de savoir-faire que la suppression des 345 emplois sur le site de Grenoble entraînerait.
Cette menace est également hypocrite car le gouvernement pourrait s’opposer activement à ce plan de suppression d’emplois. Il dispose, jusqu’au 17 octobre, d’une option d’achat des 20 % d’actions au sein d’Alstom, qui lui ont été jusqu’ici prêtées par Bouygues. En refusant d’acquérir ces actions, le gouvernement renonce au pouvoir de faire jouer l’option de rachat de la branche énergie d’Alstom et donc de peser en faveur du maintien de l’ensemble des emplois sur le site Grenoblois.
La préservation de nos hauts niveaux de qualification est pourtant une condition indispensable à la transition énergétique que nous devons engager pour sortir, de façon souveraine, de l’énergie nucléaire d’ici 2050. L’énergie hydraulique terrestre doit, selon les accords de Paris, atteindre les 20% du mix énergétique Français en 2050.
Pour en bénéficier, il est nécessaire que nous préservions nos capacités techniques à l’exploiter. Le savoir-faire accumulé dans les turbines d’eau douce est par exemple essentiel pour développer les turbines maritimes de demain. Conserver nos compétences de pointe et nos capacités de recherche dans ce domaine, ce n’est pas seulement protéger le tissu industriel français, c’est également penser sur le long-terme à la diffusion de ce savoir-faire et à la vente d’équipements de qualité dans le domaine des énergies renouvelables à nos partenaires.