L’édito de François Cocq
Emmanuel Macron n’est certes pas KO mais il flageole. Avant même d’avoir atteint la fin de son premier semestre à l’Elysée, le voilà déjà durablement affaibli.
Ce lundi, un sondage Harris Interactive indiquait que 57% des Français soutenaient les grèves et les manifestations contre les ordonnances réformant le code du travail, un nombre en progression constante, comme celui de celles et ceux qui sont opposés aux ordonnances et qui s’établit à 65%. Le rejet de la politique du Président a progressivement construit une opinion publique défavorable à son endroit. Sa côte de popularité continue ainsi à s’effondrer selon une étude Kantar-Sofres publiée le 5 octobre avec seulement 39% de côte de confiance.
Non seulement M.Macron se retrouve dans des étiages « hollandais », mais il partage avec l’ancien locataire de l’Elysée et avec Nicolas Sarkozy la spécificité de ne pas connaître d’effet rebond à l’aube de son sixième mois en fonction. Le rejet est donc durablement installé.
S’il en est ainsi, c’est que M. Macron a désormais des étiquettes qui lui sont solidement attachées. A sa politique bien sûr. Il est sans conteste le Président des riches, celui qui offre 7 milliards de ristourne aux plus aisés, celui qui supprime l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour le remplacer par un simple impôt sur la fortune immobilière (ISI) où le qualificatif de solidarité a disparu et c’est bien le moins quand on sait qu’il exonère l’essentiel du patrimoine des très riches, essentiellement constitué en capital financier, actions ou titres (90% du patrimoine chez les 3500 plus gros contributeurs à feu l’ISF).
A sa peau aussi : ceux « qui foutent le bordel » venant après « les fainéants », « ceux qui ne sont rien » et autres « illettrés », le hiatus devient patent entre l’homme et la fonction, sauf à considérer Nicolas Sarkozy comme un exemple en la matière. Derrière le mépris de classe, c’est l’arrogance et l’incapacité à contrôler le sentiment de puissance qui transparaissent.
La séquence politique qui s’est ouverte début juillet avec la bataille parlementaire organisée par La France Insoumise contre les ordonnances de M. Macron, puis qui s’est prolongée à la rentrée avec la mobilisation des salariés et la marche populaire du 23 septembre contre le coup d’Etat social, cette séquence a donc déjà porté ses fruits. Et ce n’est pas fini : ce mardi 10 octobre, les fonctionnaires battent le pavé ; le 19 octobre, la CGT appelle à une nouvelle journée d’action avant que les syndicats ne se retrouvent le 24.
Là où le Président Macron misait sur l’épreuve de force et la course de vitesse, il a été cueilli à froid. Sa stratégie est déjà éventée, de plus en plus de gens soulevant le voile qui masque sa politique. M. Macron est donc déjà dans les cordes. L’expérience des deux derniers présidents qui comme lui ont suivi la même route a montré que, fût-ce aux points, on ne pouvait au final l’emporter contre le sentiment populaire.