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La France et l’ALBA ? - #JLMDesintox

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Les journalistes Patrick Cohen et Jean-Michel Aphatie ont mis en cause la proposition du programme l’Avenir en commun pour que la France adhère à l’ALBA dans le cadre de sa politique de co-développement avec l’Amérique latine et les Caraïbes.

Contrairement à ce qu’ont laissé croire ces journalistes, cette organisation internationale ne comprend pas que le Venezuela et Cuba mais douze États au total : Antigua-et-Barbuda, Bolivie, Cuba, Dominique, Équateur, Grenade, Sainte-Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Suriname, Venezuela.

Et contrairement à ce qu’à indiqué Patrick Cohen, la Russie n’est pas un État membre de l’ALBA, ni observateur, ni associé.

1) L’ALBA : une alliance non militaire ni de libre-échange

Les critiques, par exemple celle de Patrick Cohen sur France 5 lundi 10 avril face à Alexis Corbière, tendent à mettre sur le même plan la sortie des traités européens et la sortie de l’OTAN avec l’adhésion à l’ALBA. C’est une grossière manipulation. En effet, l’ALBA n’est pas une alliance militaire comme l’OTAN. Et l’ALBA n’est pas non plus un marché unique comme l’UE. L’ALBA a même été spécialement construite comme une zone d’échanges et de commerce fondée sur la coopération et non sur le libre-échange. 

2) L’ALBA : une alliance de coopération

L’ALBA a pour objectif de réduire la pauvreté et les inégalité, de faire avancer la solidarité, la justice, la complémentarité et la coopération entre les pays membres dans le but de contribuer à leur unité et leur souveraineté.

Elle a créé 2 outils financiers régionaux pour émanciper un peu les pays membres de la domination du dollars sur leurs économies : 

  • Une monnaie commune virtuelle pour les échanges entre les banques centrales des pays membres (appelée Sucre, du nom d’un des leaders de l’indépendance de l’Amérique latine au 19e siècle).
  • Une banque de développement social. Elle a financé 46 projets pour plus de 300 millions d’euros

Comme le souligne Libération, c’est aussi une alliance de coopération culturelle et éducative avec des Jeux sportifs (sur le modèle des Jeux olympiques ou de la francophonie), des prix culturels, un programme d’alphabétisation. 

3) Une logique de co-développement et de coopérations régionales pour sortir les Outre-mer de leur dépendance à la métropole et à l’UE

Dans l’Avenir en commun, , l’adhésion de la France a l’ALBA est évoqué à 2 reprises, à chaque fois dans une logique de co-développement et de coopérations internationales. 

1/ la première fois dans la partie sur les Outre-mer avec la volonté d’inscrire chaque outre-mer français dans son environnement régional le plus proche. D’un point de vue géographique, il est au moins aussi cohérent pour la Guyane ou les Antilles de participer à une coopération avec d’autres pays latinos-américains qu’avec les pays baltes au sein de l’Union européenne, surtout dans une logique de relocalisation de l’activité et de développement endogène pour sortir de la dépendance économique à la métropole.

Chapitre 1 « La 6e République »

Point 15 « l’égalité réelle pour les Outre-mer »

Mesure : « Faire des Outre-mer des leviers d’alternative à l’échelle mondiale » dont « Rejoindre les coopérations régionales dans une démarche de codéveloppement écologique, social et de progrès humain : par exemple l’ALBA pour les Antilles et la Guyane française, l’Afrique australe pour Mayotte et la Réunion, etc. »

2/ La deuxième fois dans la partie du programme traitant de notre politique internationale pour le co-développement. Cette partie évoque plusieurs propositions comme « en finir avec la Françafrique », augmenter le budget de l’aide au développement, participer aux coopérations engagés par les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) etc. La mention de l’ALBA décline cette politique de coopérations avec l’Amérique latine.

Chapitre 5 « pour l’indépendance de la France »

Point 62 «  Construire des coopérations  altermondialistes et internationalistes » 

Mesure : « Instaurer une politique de co-développement avec l’Amérique latine et les Caraïbes en adhérant à l’ALBA »

4) Une alliance non exclusive

Ni les pays membres de l’ALBA ni le programme de Jean-Luc Mélenchon ne prévoient de faire de l’ALBA une alliance exclusive de tout autre cadre international commun. Les pays membres de l’ALBA sont membres de l’Organisation des Etats américains, du MERCOSUR, le marché commun d’Amérique du Sud. 

Dans le programme l’Avenir en commun, l’adhésion à l’ALBA est une modalité de coopérations internationales du type de celle que nous proposons pour chause outre-mer et son environnement immédiat, pour la Méditerranée, pour l’Europe etc. 

5) La France participe déjà à des coopérations avec des pays de l’ALBA dont Cuba et le Venezuela

Outre l’ONU dont sont membres tous les pays de l’ALBA, la France participe déjà à d’autres structures de coopérations avec la plupart des pays de l’ALBA dont Cuba et le Venezuela. C’est par exemple le cas de l’association des Etats de la Caraïbes à laquelle participent la Martinique, la Guadeloupe, La Guyane, Saint Barthélémy et Saint-Martin aux côtés d’autres pays comme le Mexique ou la Colombie.

6) L’intox sur la participation de la Russie à l’ALBA

Sur France 5 face à Alexis Corbière, Patrick Cohen a affirmé que la Russie était membre observateurs de l’ALBA. C’est faux, la Russie n’est pas membre de l’ALBA ni associé. 

En revanche, la France participe déjà à des organes de coopérations avec la Russie comme l’OSCE, organisation pour la sécurité et la coopération en Europe fondée dans les années 1970. 

7) Qui sont les vrais amis de l’Iran ? 

L’Iran n’est pas non plus membres de l’ALBA comme l’indique le site officiel de l’Alliance bolivarienne. L’Iran est seulement un pays associé. De même la Syrie dont l’association à l’ALBA date d’avant le début de la guerre civile. 

Concernant l’Iran, ces attaques sont particulièrement malhonnêtes car c’est le gouvernement de François Hollande et du PS, gouvernement dont Emmanuel Macron était ministre, qui a signé la levée des sanctions contre l’Iran en 2015 ! Et c’est Gérard Larcher, président LR du Sénat et très proche soutien de François Fillon qui s’est rendu en Iran la même année. Les vrais amis de l’Iran en France ce sont le PS et LR !

Jean-Luc Mélenchon n’a pour sa part jamais soutenu le régime iranien. Par exemple en 2012 il déclarait « Un régime théocratique est toujours un danger pour le reste de l’humanité. Partout où on met des religieux au pouvoir, il faut s’attendre à des abominations, eh bien voici que l’Iran confirme que c’est abominable de mettre des religieux au pouvoir ».

8) Les amis pas recommandables de messieurs Fillon, Macron et Hamon et de madame Le Pen.

En revanche, on attend toujours les questions de M. Cohen ou de M. Apathie sur les amis pas recommandables des autres candidats à la présidentielle. Par exemple, quand MM. Fillon, Hamon et Macron seront-ils traités de « Trumpistes » pour vouloir rester dans l’OTAN sous direction du président des Etats-Unis ? Pourquoi ne sont-ils jamais interrogés sur la présence de la Turquie et de son président autoritaire au sein de cette alliance militaire autrement plus engageante que l’ALBA ? Quand ces membres des deux derniers gouvernements du pays devront-ils rendre des comptes sur les accords et les ventes d’armes avec des pays comme l’Arabie Saoudite et le Qatar qui bombardent le Yemen et pratiquent la peine de mort ?

Quant à Mme Le Pen, il suffit de voir son selfie pris avec un député antisémite et homophobe en Russie en mars pour savoir que ses amis ne sont pas plus recommandables à l’étranger qu’en France.

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